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VIEUX, VIEIL, VIEILLE, adj., subst. et adv.
I. − Adjectif
A. − [En parlant d'un animé]
1.
a) [Relativement à la durée moyenne de la vie humaine; s'oppose à jeune]
α) D'un âge avancé, qui est dans la vieillesse. Synon. âgé.Vieil oncle; de vieilles gens; de vieilles personnes; le vieil Hugo; être vieux, très vieux. Tu feras un petit enfant (...) et quand tu seras bien vieille bien vieille que tu auras 100 ans il sera ta consolation et ton bonheur (Napoléon Ier, Lettres Joséph., 1796, p. 33):
1. ... M. de Ronchaud n'était plus jeune, sans être vieux. Qui l'a connu sait bien qu'il ne fut vieux à aucun âge de sa longue vie, car il ne cessa jamais d'aimer. Quelques fils d'or traînaient encore dans les lambeaux décolorés de sa chevelure. La peau fine de son front se marbrait de toutes les nuances du rose. Sa moustache éteignait ses anciens feux. A. France, Vie fleur, 1922, p. 442.
Loc. compar. Être vieux comme Hérode, comme les rues, comme les chemins, comme le monde. Les Paturot ont peuplé l'arrondissement: ils sont aussi vieux que nos montagnes (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 305).Avec cela, Kobus, j'ose te prédire que tu deviendras vieux comme Mathusalem (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p. 2).
Devenir, se faire vieux (vieilli). Vieillir. La pauvre dame se faisait vieille; elle brouillait le passé et le présent, radotait un peu (A. France, Vie fleur, 1922, p. 319).Devient-on sage de ce que l'on devient vieux, ou vieillit-on à force de sagesse? (Audiberti, Mal court, 1947, i, p. 151).
Tourner vieux (vieilli ou littér.). Las! que c'est de tourner vieux! (Verlaine, Œuvres compl., t. 3, Épigr., 1894, p. 220).
Se faire vieux (arg.). S'impatienter à force d'attendre quelque part. Ah! non, dit-il tout à coup, on se fait trop vieux, ici. Moi, je sors... (Zola, Nana, 1880, p. 1096).
Expr. fig. Dépouiller* le vieil homme. Quand le diable est vieux, il se fait ermite*.
β) P. méton. [En parlant d'une partie du corps] Vieille bouche, figure; vieux bras; vieilles mains; vieux cœur, corps, visage. Allons, vieilles jambes de vagabond, en avant! Allons, vieux os, vieilles semelles, vieille ombre sur le pavé boueux! (Milosz, Amour. init., 1910, p. 39).
Ne pas faire de vieux os. V. os1.
γ) Nom propre + vieux (vieilli). Dans sa vieillesse, dans son grand âge.Synon. âgé.C'est là, comme disait Chateaubriand vieux, une offense à la rectitude de la vie (A. France, Vie littér., 1888, p. 346).
δ) Loc. Vieil âge; vieux ans, jours; vieilles années. Période de l'existence correspondant à la vieillesse, à la fin de la vie. Anton. jeune âge*, jeunes années (v. année), jeunesse.Je vous prédis que, sur vos vieux jours, vous serez mangé de goutte (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p. 159).Excusez-moi, madame! Mais mon vieil âge ne me permet pas d'être dans le mouvement (Feydeau, Dame Maxim's, 1914, 2, vii, p. 42).
b) Qui a les caractères physiques (et parfois mentaux) d'une personne âgée, ou d'une personne plus âgée que soi. Voici des fillettes, vieilles à treize ans, usées littéralement par le soin de la marmaille (Frapié, Maternelle, 1904, p. 267).
α) [En fonction d'attribut] Se sentir vieux (vieille); être/sembler vieux/vieille (pour son âge); faire plus vieux/vieille que son âge; être vieux/vieille avant le temps; avoir l'air vieux/vieille. Vieux avant l'âge, usé par les excès de tout genre, toutes ses facultés semblent anéanties: sa tête est trop faible pour supporter ou le moindre travail ou la moindre discussion; il parle avec peine, avec effort (Scribe, Bertrand, 1833, i, ii, p. 123).Il a seulement vingt-quatre ans (...) mais il est tellement plus vieux que son âge!... Il a les goûts d'un homme de quarante ans! (Bourdet, Sexe faible, 1931, 2, p. 354).
β) P. compar. Avoir l'air d'une vieille femme; avoir une figure (ratatinée), un sourire de vieille femme. Il avait un visage de vieille femme tout ridé et des membres grêles (Peisson, Parti Liverpool, 1932, p. 39).
(Avoir un) visage, un physique vieux. Paraître plus âgé que son âge réel. Visage vieux, allongé, chlorotique, grand nez, grand menton, physionomie d'une laideur triste vraiment pauvre (Frapié, Maternelle, 1904, p. 90).
Être vieux de visage, de figure, etc. Avoir les traits, le physique d'une personne âgée. Un habitant qui vit tout le temps à la grand'air (...), la couenne lui durcit plus vite qu'à un autre. Il peut être vieux de visage, sans être vieux d'âge et sans être vieux de corps (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 126).
γ) [Dans une alliance de mots] Vieux jeune homme; vieux petit garçon. Le vieil enfant tressaillit. Il laissa ses hochets, les mit sur son bureau, s'assit et redevint usurier (Balzac, Gobseck, 1830, p. 413).Quant à la dînette anglo-saxonne de five o' clock, je n'ai jamais pu m'y faire. Je suis un bébé trop vieux pour goûter entre mes repas (Farrère, Homme qui assass., 1907, p. 114).
c) [Relativement au temps écoulé] Qui occupe une fonction, un statut social, exerce une profession, se maintient dans un état depuis un certain nombre d'années.
α) [Qualifie une profession, une fonction, un titre particulier (vie active, relig., milit., titre nobiliaire, etc.)] Vieil instituteur; vieille gouvernante; vieux chanoine; vieux savant. On devinait le vieux professeur qui a trôné longtemps dans une chaire universitaire (Theuriet, Mariage Gérard, 1875, p. 43).Ah!... qu'elle était vieille... et qu'ils étaient vieux aussi, les deux vieux domestiques qui l'accompagnaient. Voûtée, courbée, chancelante, elle marchait pesamment, soutenue aux aisselles par ses deux vieux serviteurs, aussi voûtés, aussi courbés, aussi chancelants que leur maîtresse (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 154).
Spécialement
INSTIT. SOC. Allocation, retraite des vieux travailleurs. Allocation versée aux anciens travailleurs selon des modalités fixées par la loi. [Certains] mandats émis par les centres de chèques postaux (...) présentent un caractère social (pensions d'assurance vieillesse et invalidité, allocations aux vieux travailleurs, allocations familiales,...) (Admin. P. et T., 1964, p. 36).
ARM. La vieille garde. V. garde1.
β) [Qualifie une pers. (ou un couple) installé dans une situation personnelle ou familiale depuis de nombreuses années] Vieux célibataire; vieux couple; vieille demoiselle; vieil époux; vieux mariés. Je l'entendais rôder, ranger, ouvrir et fermer des placards comme si nous avions été déjà un vieux ménage (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 318).
Vieille fille*. Vieux garçon*.
γ) [Qualifie une pers. résidant dans le même lieu depuis longtemps] Un vieux Parisien comme moi ne peut pas se passer de Paris! (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 136).
δ) Que l'on a ou connaît depuis longtemps. Synon. ancien, de longue date*; anton. récent, nouveau.Vieux camarade, client; vieille connaissance. Il y a quarante ans que je te connais, et depuis quarante ans, tu te dis « mon vieil ami ». Mon vieil ami. C'est mon vieil emmerdeur qu'il faudrait dire! (Pagnol, Fanny, 1932, ii, 7, p. 149).
d) [Vieux renvoie à l'image d'une pers. mûre et expérimentée] (...) Vous n'appelez pas cela de la déveine?Pas plus que si un vieil habitué comme moi était nettoyé par un Whizzbang (Maurois,Sil. Bramble,1918,p. 201).
Vieux routier. V. routier2.
Loc. Vieux de/par + subst.Vieux de/par la pensée, de/par le cœur. On a vieilli en un instant de la plus triste des vieillesses, on est devenu vieux d'expérience (Hugo, Han d'Isl., 1823, p. 368).
2. [S'emploie pour indiquer un âge précis ou l'âge d'une pers. relativement à celui d'une autre]
a) Vieux de. Âgé(e) de. C'était un jeune homme vieux de vingt ans (Giraudoux ds Lar. Lang. fr.).
b) [Gén. précédé d'un terme de compar.] (Être) moins, aussi, plus vieux (que + nom de pers. ou de + nombre d'années).Elle, plus vieille que lui de six ans, était affreuse, usée, la gorge sur le ventre et le ventre sur les cuisses (Zola, Germinal, 1885, p. 1220).Elle paraissait beaucoup plus vieille que son mari, alors qu'elle n'avait, je crois, que trois ou quatre ans de plus que lui (Gyp, Souv. pte fille, 1928, p. 28).
[P. oppos. à le moins vieux « cadet »] Le plus vieux. L'aîné. Il y avait deux garçons, mais si... le plus vieux a fait sa position dans la gendarmerie (Aymé, Jument, 1933, p. 164).
c) (Être) trop vieux/vieille (pour). Être trop âgé pour accomplir certaines tâches, jouer un rôle attribué généralement à une classe d'âge plus jeune. Vous ne dansez pas, madame Vingtras? − Nous sommes trop vieux, dit mon père avec un sourire et en saluant. − Trop vieux! C'est pour moi que tu as dit cela? fait ma mère (Vallès, J. Vingtras, Enf., 1879, p. 265).Même en tapant bien la machine ils en avaient pas voulu... Ils le trouvaient déjà trop vieux pour un emploi subalterne (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 467).
3. [Gén. en parlant d'une personnalité (arts, lettres, etc.) ayant influencé les siècles ultérieurs] Qui a vécu il y a longtemps; qui est mort depuis longtemps. Vieux classiques; vieux maîtres (de la peinture); vieilles gloires. [Bretonneau] repart vers Paris, apprend alors le latin, lit les vieux auteurs, passe sa thèse (Bariéty, Coury, Hist. méd., 1963, p. 611).
Le vieux + nom d'aut.Le vieil Homère, le vieil Horace, le vieux Plutarque. Votre réponse est sublime, et vaut le qu'il mourût du vieux Corneille (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 431).
4. [Souvent en incise, dans des phrases interj.; la notion d'âge disparaît; l'adj. sert d'intensif dans des cont. souvent dépréc.]
a) Fam. ou pop. [Sans valeur dépréc., renforce une interj. amicale] Vieux fou; (ma) vieille branche; vieille cloche; mon vieux pote; mon (bon) vieux (+ subst. ou nom propre). Voyons, vieux frère, faites-nous pas une tête pareille (Courteline, Train 8 h. 47, 1888, p. 181).
b) [Renforce un subst. contenant déjà une idée de dégradation phys. ou mentale] Vieux barbon, croûton, fossile, radoteur, schnoque, tableau; vieille barbe, baderne, carcasse, pantoufle. Pour un vieux gâteux l'île entière s'était dérangée,on aurait cru qu'elle enterrait le roi de l'île! (Queffélec, Recteur, 1944, p. 179).
Vieux grigou*. Vieux jeton*. Vieux plumeau*. Vieille ganache* (var. vieux ganachon, rem. s.v. ganache I B 3).
En partic. [Pour souligner le caractère lubrique de certains vieillards] Vieux cochon, coureur, libertin, marcheur, vicieux, viveur. Ah! c'est toi, vieux baiseur, vieux fouteur! Qu'est-ce que tu viens faire par ici? (Goncourt, Journal, 1864, p. 87).
Vieux beau*.
c) [Renforce un subst. déjà péj. ou injurieux] Vieil abruti, idiot, imbécile; vieille canaille, chipie, coquine, crapule, folle, noix, peau, salope, teigne; vieux con, coquin, filou, fripon, salaud, scélérat. Y a pas d'heure non plus pour se saouler, vieux pot (Maupass., Contes et nouv., t. 1, 25 francs, 1888, p. 255).Tu es allé voir cette vieille garce d'Honorine, et tu lui as promis une rente pour elleet elle te l'a vendue (Pagnol, Fanny, 1932, ii, 7, p. 144).
[Avec un nom d'animal] Vieille bête, bique, bourrique, charogne, chouette, rosse, taupe, vache; vieux singe; vieil ours. Ah! le vieux renard, je le croyais sourd, pensa le facteur; il paraît que quand il fait froid il entend (Balzac, E. Grandet, 1834, p. 192).
Vieux cheval* de retour.
5. P. anal.
a) [En parlant d'un animal] Qui est âgé, relativement à la durée moyenne de vie de la race ou de l'espèce. Vieil âne, animal; vieille bête, jument; vieux chien, chat, coq, corbeau, crocodile, lion, matou. Qui a eu l'audace de seller ce vieux cheval, bon tout au plus pour une carriole (Alain-Fournier, Meaulnes, 1913, p. 272).
ÉLEV. Vieille marraine. ,,Vache très âgée et en mauvais état`` (Chaud. 1970).
Spécialement
CHASSE, VÉN.
Vieil ermite ou solitaire. [N. du sanglier quand il est très vieux] On eût dit que, comme un vieux solitaire à la randonnée, il flairait quelque chose dans le vent (Theuriet, Mariage Gérard, 1875, p. 175).
Vieille meute. ,,Corps de meute à l'aide duquel on lance l'animal de chasse`` (Duchartre 1973).
b) [En parlant d'un végét. et plus spéc. d'un arbre]
α) Qui a été planté, est en terre depuis longtemps. Vieil arbre, hêtre, orme; vieille racine; vieux bois, pin, poirier, pommier, saule, tilleul, tronc; arbre vieux de cent ans. Un vieux chêne qui brave les tempêtes et les siècles nous paraît bien intéressant; mais il ne l'est jamais plus que quand un jeune chèvrefeuille entoure son tronc caverneux de guirlandes de fleurs (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 324).
Loc. compar. Avoir une santé de vieux chêne. Avoir une bonne santé. Synon. solide comme un chêne*.Il faut avoir une santé de vieux chêne pour vendre des livres sur les quais (Fargue, Piéton Paris, 1939, p. 81).
[En parlant d'un bois] D'un arbre ancien, généralement employé en menuiserie ou en ébénisterie. Meubles en vieil acajou. Il y avait une armoire, une table, deux chaises de vieux noyer (Zola, Germinal, 1885, p. 1143).Roquin s'était procuré du vieux chêne, l'avait amené à la nuance voulue (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p. 290).
β) SYLVICULTURE
Vieux bois. ,,Arbres ayant plus de deux tiers du diamètre d'exploitabilité, par exemple soixante centimètres et plus de diamètre`` (Plais. 1969).
(Arbres de) vieille écorce. ,,Arbres qui ont été successivement réservés pour baliveaux pendant cinq coupes successives`` (Littré).
Vieille futaie* ou futaie de vieille écorce. La futaie est moderne, ancienne, bis-ancienne. Au-dessus, elle est dite de vieille écorce (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 21).
B. − [En parlant d'un inanimé]
1. Qui existe depuis longtemps, qui a ses origines dans les siècles passés.
a) [L'accent est mis sur l'ancienneté de la chose] Peut-on rêver à une vieille maison qui ne serait pas l'asile de vieilles choses, qui ne garderait pas ses vieilles choses, qui s'emplirait de vieilles choses d'exportation par une simple manie de collectionneur de bibelots? Pour restituer l'âme des coins, mieux vaut la vieille pantoufle et la tête de poupée qui accrochent la méditation du rêveur de Milosz (Bachelard, Poét. espace, 1957, p. 135).
α) Qui a été construit, érigé, élevé il y a longtemps. Synon. ancien; anton. nouveau, récent.Nous nous imaginons remonter bien haut dans le passé en contemplant les vieilles pyramides encore debout dans les plaines de l'Égypte (Flammarion, Astron. pop., 1880, p. 100).Mon âme, accoude-toi sur le vieux pont de pierre, Et respire la bonne odeur de la rivière (Samain, Chariot, 1900, p. 50).
SYNT. Vieille abbaye, bâtisse, cathédrale, croix, école, église, ferme, maison, muraille, route, rue, tombe, tour; vieux bâtiment, bourg, château, collège, domaine, donjon, jardin, logis, manoir, palais, parc, quai, rempart; vieil hôtel.
[P. oppos. à un quartier récent d'une ville (parfois avec trait d'union)] Le vieux(-)port, vieux(-)marché; le vieux Lyon. Les ennemis ont abîmé la vieille ville et une grande partie de la nouvelle (Marat, Pamphlets, Relation fid. affaires Nancy, 1790, p. 249).Notre-Dame est au centre. Derrière, le vieux Paris du Marais (Michelet, Journal, 1834, p. 117).
Rem. Peut-être parfois post-posé: À partir (...) de l'endroit où le terrain monte, c'est la ville vieille, rues tortueuses et les voûtes silencieuses (Flaub., Champs et grèves, 1848, p. 186).
β) Qui a été fabriqué il y a de nombreuses années. Vieille arme, armoire, boîte, lampe, porte, table; vieux bahut, banc, cahier, fusil, journal, livre. J'étais habitué à la voir dans cette maison, comme on voit les vieux fauteuils de tapisserie sur lesquels on s'assied depuis son enfance sans y avoir jamais pris garde (Maupass., Contes et nouv., t. 2, MllePerle, 1886, p. 630).
Spéc. Vieille cure. Liqueur très populaire, d'une couleur dorée, fabriquée près de Bordeaux à partir de diverses eaux de vie et de plus de cinquante herbes différentes (d'apr. Lich. Vins 1984).
Vieux papiers. Papiers de récupération soumis à un recyclage industriel. Ramassage des vieux papiers. S'il s'agit de quotidiens, ou bien ils seront vendus à certains commerces comme papier d'emballage, ou bien (...) ils seront vendus comme vieux papiers pour être refondus et transformés en papier blanc (Civilis. écr., 1939, p. 42-3).
b) [Dans un cont. mélioratif; l'accent est mis partic. sur]
α) [la valeur acquise avec le temps par certains objets, certains édifices] Vieille assiette, estampe, horloge; vieux manuscrit, meuble, parchemin, tableau; vieux Saxe. Les bucaros [vases de la céramique étrusque] commencent à devenir rares, et dans quelques années seront introuvables et fabuleux comme le vieux Sèvres (Gautier, Tra los montes, 1843, p. 107).J'ai remarqué que dans tous les endroits où il y a de vieux monuments d'histoire, il y a plus de vieilles gens qu'ailleurs: les centenaires s'abritent aux vieilles pierres (Goncourt, Journal, 1865, p. 208).
β) [l'idée de confort, de bien-être que peuvent procurer certains objets devenus fam. avec le temps] (Bonne) vieille maison, pipe; (bon) vieux fauteuil, manteau; mes (bonnes) vieilles pantoufles. C'était une grande maison dont l'aspect donnait des idées de bien-être et de vie confortable (...), de bons vieux meubles et d'excellents lits (Karr, Sous tilleuls, 1832, p. 201).
c) [Dans un cont. dépréc.; l'accent est mis sur]
α) [l'état de vétusté, de délabrement, de mauvais fonctionnement lié à l'ancienneté des choses] Vieille auto, berline, casserole, diligence, guimbarde, machine, patache, voiture; vieux parapluie, piano, tacot; vieux outils; vieil appareil. Il prit doucement Cosette endormie dans ses bras et la porta derrière un tas de vieux meubles hors d'usage, dans le coin le plus reculé du hangar (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 557).En cinq ans une auto n'est plus qu'un vieux clou ruineux, qui jette le discrédit sur son propriétaire (J.-R. Bloch, Dest. du S., 1931, p. 143).
β) [l'état d'usure de pièces ou d'accessoires vestimentaires] Vieille casquette, chaussette, chaussure, couverture; vieux chapeau, pantalon, tablier, vêtement; du vieux linge; de vieux chiffons, habits, souliers. [Le manteau] était très vieux et même rapiécé, recousu, redoublé avec une espèce de tendresse bizarre (Villiers de L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 307).
γ) [En parlant d'un comestible] Rendu peu propre ou impropre à la consommation en raison de son état. Vieille carne; jeter les vieux restes; vieilles reinettes. V. ridé II A ex. de Colette.
d) Spécialement
α) [Pour nuancer certaines couleurs]
Vieil argent, vieil or. Argent, or dont l'aspect est patiné et adouci comme l'argent, l'or anciens. On pourra choisir des pendants d'oreilles et une croix en vieil argent avec pierreries genre antique (Mallarmé, Dern. mode, 1874, p. 713).
Vieux(-)rose. Rose terne, un peu passé, moins vif que le rose habituel. La robe était de tissu éponge vieux-rose avec des motifs de passementerie noirs (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 277).
β) GÉOL. Vieux grès rouges. ,,Ensemble de conglomérats, d'arkoses et de grès, à teinte dominante rouge (...) déposés au cours du Dévonien sur un continent du nord de l'Atlantique`` (Fouc.-Raoult Géol. 1980). C'est dans le Dévonien que les poissons commencent à se multiplier. Leurs restes abondent dans le vieux grès rouge d'Écosse (Boule, Conf. géol., 1907, p. 91).
Vieille roche* (turquoise de la).
γ) ŒNOL. Vin vieux. Vin ayant vieilli en fût pendant un an et plus. Le tout, arrosé de quatre sortes de vins vieux et parfaits: Sauternes, Beaune, Pouilly, et je ne sais plus quoi, de derrière les fagots (Gide, Journal, 1943, p. 169).
Vieux (ou vieille) + nom de vin, alcool, eau-de-vie ou marque déposée.Vieil Armagnac, vieille eau-de-vie, fine; vieux Bourgogne, Chambertin, kirsch, madère, marc, porto, rhum. Il avait soif, il avait faim, il sentait déjà dans sa bouche le goût robuste du vieux Bordeaux (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 282).
e) Dont l'origine, la fondation, le début est ancien.
α) [En parlant d'une formation géol., d'un élément du système terrestre ou céleste] Vieux continent, océan, pays; vieil univers; vieille mer. Cologne est la ville sainte de la choucroute et du tabac; Le vieux Rhin baigne son enceinte, nous revendiquons Offenbach! (Glatigny, Fer rouge, 1870, p. 12).Notre vieille et bonne terre est toujours là. Personne ne pourra jamais l'emporter (Debatisse, Révol. silenc., 1963, p. 92).
Le vieux monde1*.
Vieille lune. [P. oppos. à nouvelle lune] Dernière phase de la lune. On était en période de vieille lune. La nuit était si sombre qu'à peine pouvait-on distinguer la chaussée (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 237).
β) [En parlant des peuples et des civilisations] Qui prend ses racines dans des temps reculés, a été fondé il y a longtemps. Vieille Allemagne, Angleterre, Autriche, Europe, France; vieille aristocratie, bourgeoisie, civilisation, coutume, nation, religion, société; vieux culte, dogme, peuple, usage; vieille tradition. La France est un vieux pays traditionnaliste (Industr. fr. bois, 1955, p. 24):
2. Tous les nouveaux nobles, quelle que soit leur origine, se sont hâtés de répéter dans le même esprit: il faut que le tiers puisse députer des gentilshommes. La vieille noblesse, qui se dit la bonne, n'a pas le même intérêt à conserver cet abus... Sieyès, Tiers état, 1789, p. 39.
(Être) de vieille souche*. (Être) de vieille roche*.
γ) Domaine personnel ou relationnel.Qui dure depuis ou remonte à un certain temps. Vieille amitié, habitude, passion, pratique, querelle; vieux problème, sentiment, souvenir, rêve. Crois-en ma vieille expérience, l'avenir est sombre et menaçant (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p. 268).Il écoutait un air qui venait lui rappeler des souvenirs... Qu'était-ce donc?... Comme cela était vieux en lui!... (Châteaubriant, Lourdines, 1911, p. 280).
Loc. et expr.
Avoir un vieux compte à régler (avec qqn). Ce sont tantôt de vieux comptes à régler, tantôt des rancunes récentes (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 382).
(Un ami, une amitié) de vieille date*.
δ) Vieux de.Qui remonte à, existe depuis... Une histoire vieille de douze ans:mon premier voyage à Constantinople (Farrère, Homme qui assass., 1907, p. 4).
2. Qui a existé, a été créé, inventé, écrit il y a longtemps et ne subsiste de nos jours qu'à titre exceptionnel.
a) [En parlant d'une époque révolue] Synon. passé, ancien.Les vieux âges, les vieux siècles. Ce silence, qui ne prouve rien, fait une vive impression sur les historiens irréfléchis, il est l'origine du sophisme si répandu du « bon vieux temps » (Langlois, Seignobos, Introd. ét. hist., 1898, p. 221).Le terme de télémark est, lui aussi, une dénomination géographique, mais l'arrêt et le virage qu'il désigne sont, aujourd'hui, relégués aux vieilles lunes (Comment parlent sportifs, 1953ds Vie Lang., p. 139).
P. méton. Du temps passé. Le retour de l'humanité à ses vieilles erreurs (...) serait pire que son entière démoralisation (Gide, Journal, 1948, p. 331).
b)
α) [En parlant d'un état de connaissances, d'inventions passées ou dépassées] Synon. suranné, archaïque, caduc ; anton. nouveau, neuf.Vieille culture, croyance, loi, morale, méthode, notion, philosophie, religion, scolastique, superstition, théorie, valeur; vieilles mœurs; vieux droit, préjugé, principe, procédé, style, système. Le culte des vieilles idées, l'ultracisme, est bien plus ridicule en province qu'à Paris (Stendhal, L. Leuwen, t. 3, 1835, p. 347).Mais (...) que sont les religions (...) sinon de très vieilles sciences, des astrologies (A. France, P. Nozière, 1899, p. 164).
β) Qui remonte à un temps ancien mais subsiste encore de nos jours. Vieil adage, air, vieux dicton, proverbe; vieille chanson, devise, histoire, légende. Écoutez ici ce vieux cantique que chantaient nos pères et qui retentit encore dans la plupart de nos églises de France (Monod, Sermons, 1911, p. 238).
Fam. C'est de la vieille histoire*.
γ) Locutions
Être de la vieille école*.
Être vieille France; avoir un air vieille France. Avoir un aspect désuet, un esprit vieux jeu, passé de mode. C'est cet air vieille France ici que tout respire (Samain, Chariot, 1900, p. 11).Mmede Guermantes (...) bien plus vieille France encore que le duc quand elle n'y tâchait pas, cherchait souvent à l'être, mais d'une manière opposée au genre jabot de dentelles et déliquescent de son mari (Proust, Guermantes 2, 1921, p. 485).Être vieux jeu*.
c) Spécialement
α) LITT., LING.
Vieille langue, vieux langage. [P. réf. à une lang. mod. ou intermédiaire] Langue ancienne sortie de l'usage. Synon. ancien.Vieil anglais, vieux haut-allemand. À ce repas, on devait parler le vieux français des Contes drolatiques de Balzac (Goncourt, Journal, 1894, p. 644).
Vieux mot ; vieille expression, locution; vieux sens. Mot (sens) dont l'origine est ancienne et l'emploi archaïque. Le camping ne date point du XIIIesiècle. Mais ils y vont « labourer », au vieux sens du mot (L. Febvre, Entre Benda et Seignobos, [1933] ds Combats, 1953, p. 94).
Absol., LEXICOGR. Vieux ou vx. [Dans la terminol. des lexicographes] Indicateur stylistique signalant qu'une locution, un mot, un sens, est réputé ancien et tend à sortir de l'usage. On aurait réputé ces locutions ou syntagmes [Faire panache, panache de mer] comme vieux si les emplois avaient été notés vieux et vieillis dans les dictionnaires du 19esiècle (G. Gorcyds Wörterbücher, Berlin/New-York, W. de Gruyter, t. 1, 1989, p. 912, col. 2).
Vieux texte. Texte écrit en langue ancienne. Nous transposons simplement (...) [un] vieux texte en français d'aujourd'hui (Dévigne, Légend. de Fr., 1942, p. 96).
β) MÉD. VÉTÉR., vieilli. Vieux(-)mal. Mal ancien pouvant être la cause d'un dysfonctionnement chez certains animaux. Les boiteries « intermittentes pour cause de vieux mal » sont rédhibitoires, parce qu'elles sont antérieures à la vente (Brion, Jurispr. vétér., 1943, p. 256).
3. [En parlant d'un vêtement, d'un accessoire vestimentaire, d'une coiffure, etc.] Qui vieillit la personne qui le/la porte. Elle est habillée de deuil, avec un chapeau de dame trop vieux pour sa jeune figure (Alain-Fournier, Meaulnes, 1913, p. 332).
Rem. Empl. de vieil et de vieux. a) L'usage gén. est lié aux règles phonét. (cf. infra phonét.). b) Dans les textes mod., vieux est empl. à la place de vieil dans un but styl. ou d'arch.: C'était un gros vieux homme ardent, essoufflé, qui rougeoyait comme une forge (Gide, Si le grain, 1924, p. 457).
II. − Substantif
A. − [Pour désigner une pers.]
1. [Souvent avec une valeur de mépris ou de condescendance]
a) Personne âgée. Synon. vieillard, vétéran, patriarche.Un(e) (bon, bonne, pauvre) vieux, vieille; une affreuse, horrible, méchante vieille. C'est un petit vieux tout frêle, tout grêle, qui ressemble à un donneur d'eau bénite oublié depuis 1789 à la porte d'une église de province (Goncourt, Journal, 1860, p. 771).Les éternels petits vieux du Quartier Latin, remarquables pour leurs fines barbiches et leur pâleur mitée, s'affalaient contre les guéridons des terrasses (Magnane, Bête à concours, 1941, p. 240).
P. compar. Avoir l'air d'un (petit) vieux, d'une (petite) vieille; avoir une démarche de vieux; trembler comme un vieux. Un de ces ronchonnements de vieux dont la mâchoire est secouée par les mots qui ne peuvent pas sortir (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p. 130).
b) Personne âgée relativement à une autre plus jeune ou qui a atteint l'âge moyen requis pour accomplir certaines choses. Une certaine indépendance apparaît aux jeunes comme un bien essentiel. Les vieux ne comprennent pas (Debatisse, Révol. silenc., 1963, p. 53).
Être un enfant de vieux. Avoir des parents plus âgés que la moyenne d'âge ordinaire des parents. Non, le bébé, ce n'est pas son petit-fils, c'est... Oui, c'est ça! Il l'a eu sur le tard. Les enfants de vieux, on fait pas mieux...? (Cl. Sarraute, Maman coq,1990 [1989], p. 67).[Dans un cont. métaph.] Cet auteur [Nabokov] a beaucoup de talent, mais c'est un enfant de vieux. Je n'incrimine ici que ses parents spirituels et singulièrement Dostoïevski (Sartre, Sit. I, 1947, p. 39).
[Dans une alliance de mots] De petites rides fines (...) faisaient de la marquise comme une jeune vieille (Stendhal, Chartreuse, 1839, p. 108).
c) Empl. coll. masc. plur. Les vieux. Synon. les personnes âgées (v. personne) ; les anciens; le troisième*, le quatrième* âge.La science moderne est d'accord avec les habitudes des anciens. On peut s'entendre avec les vieux et avec les jeunes (Balzac, C. Birotteau, 1837, p. 182).
[Loc. relatives aux instit. et aux lois concernant les pers. âgées] Maison, hospice de vieux. Pour augmenter le taux de la retraite des vieux on en a diminué le nombre. On n'est plus vieux en effet à 60 ans. On ne l'est qu'à 65 (L'Œuvre, 15 mars 1941).
d) Subst. + le vieux.Artiste, écrivain ayant vécu antérieurement à un personnage portant le même nom. Brueghel le Vieux (synon. l'Ancien). Un de ces beaux jours sans soleil, qui, disait Balzac le vieux, ressemblent à une belle aveugle (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1589).
2. Pop. ou arg.
a) Au plur., parents; au sing., père ou mère. Et si je te disais, mon Jean, que c'est de toi, surtout, qu'elle [ta mère] languit et s'inquiète (...). Si tu savais, quand on ne les a plus, ses vieux, comme on regrette de ne pas leur avoir donné plus de temps (A. Daudet, Sapho, 1884, p. 123).À douze ans, vieux, quand ma vieille elle m'a fait faire ma communion (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 36).
b) Patron, chef. (Ds Riv.-Car. 1969).
c) Au masc., mari, amant, souteneur; au fém., épouse, maîtresse. Il songea à cet homme dont lui avait parlé la femme de là-bas, son « vieux » disait-elle, un homme marié, un homme dans les affaires, qui venait toujours l'après-midi (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 658).
3. Fam. Un(e) vieux de. Une personne âgée de. Il y avait vingt-huit centenaires dans la commune sans compter les vieux d'entre soixante-dix et cent ans, qui formaient la moitié de la population (Aymé, Jument, 1933, p. 8).P. plaisant., iron. Ce petit vieux de vingt-huit ans (...) a tâté d'une douzaine de métiers (Zola, Pot-Bouille, 1882, p. 48).
4.
a) [En incise ou en interj. amicale; la notion d'âge disparaît et le fém. peut servir à désigner une pers. du sexe masculin] Cher, chère vieux, vieille, mon (bon) vieux, ma (bonne) vieille. Le pêcheur (...) ayant reconnu le facteur, cria:Bonjour, ma vieille! (Estaunié, Vie secrète, 1908, p. 321).Il gesticule sur le quai et gueule d'un trottoir à l'autre, interpellant ses connaissances:Eh vieux! Tu paies un verre! (Dabit, Hôtel, 1929, p. 51).
[Pour traduire la compassion] Le maire de Fenouille (...) baisse la tête. On dirait qu'il pleure.Allons, allons, mon vieux...Tais-toi (Bernanos, M. Ouine, 1943, p. 1438).
b) [En incise ou en interj. méprisante ou agacée] Allons, tais-toi, vieux, tu radotes (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p. 32).
c) Mon vieux! [Interjection traduisant la surprise ou l'indignation; le renvoi au référent « homme ou femme », âgé ou non, disparaît complètement] Eh ben, mon vieux!... Nom d'un chien, nous le verrons bien si y a pas plan! (Courteline, Train 8 h. 47, 1888, p. 157).C'est Charles Faroux qui m'a emmené en auto.Mon vieux!... C'est joli, en cette saison? (Colette, Sido, 1929, p. 146).
5. Loc. et expr.
a) Les vieux de la vieille [Loc. fam. raccourcie pour les vieux soldats de la vieille garde (sous le IerEmpire)]. Voilà comment les Bourbons traitent un lieutenant-colonel, un vieux de la vieille, celui qui portait les ordres de l'Empereur à la bataille de Montereau (Balzac, Rabouill., 1842, p. 496).
P. ext., fam. Personne très âgée ayant acquis une sérieuse expérience dans un domaine précis. Synon. vétéran.Quelques vieux de la vieille contemplent ce pesage d'un œil de coin, le docteur Lascouts, Derain, Jean Cassou, Philippe Lamour, Larguier, moi-même (Fargue, Piéton Paris, 1939, p. 158).
b) HIST. Le vieux de la Montagne. ,,Nom du chef des Ismaélites de l'Irak persique`` (Littré). Je vous ai déjà parlé de leur chef le plus célèbre [des Haschischins], le vieux de la Montagne, de ses forteresses plantées aux cimes de la Perse et de la Syrie (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 204).
B. − [Pour désigner des inanimés]
1. (Tout) ce qui est ancien, qui appartient au passé.
a) [Pour désigner des choses] [Le consul à Honorine:] Votre marchande à la toilette vous vend du vieux qui vient des meilleures fabriques (Balzac, Honorine, 1843, p. 374).Des statues de saints, des tapis, du vieux, du neuf, des truquages, cent mille choses cassées, désaffectées, devenues, à force de rouler, tragiques, mystérieuses et d'une mélancolie infinie (Arts et litt., 1935, p. 84-15).
Sentir le vieux, une odeur de vieux. [Parfois avec une nuance dépréc.] J'ai eu beau donner de l'air, la chambre a toujours senti le vieux (Zola, Abbé Mouret, 1875, p. 1396).Le collège moisit, pue l'ennui, et pue l'encre (...). Quelle odeur de vieux! (Vallès, J. Vingtras, Enf., 1879, p. 28).Au fig. Être démodé. Un destin sinistre Est dû pour son style sentant le vieux (Verlaine, Œuvres compl., t. 3, Invect., 1896, p. 310).
ŒNOL. Goût de vieux. Amertume chez certains vins très vieux. (Ds Ren. Vin 1962; dict. xixeet xxes.).
En compos. Vieux(-)neuf. Pièce de mobilier travaillée à l'ancienne, copie d'ancien. Malheureusement, tout y est un peu du vieux neuf; à Dijon, tout est restauré (Huysmans, Oblat, t. 1, 1903, p. 195).
P. anal., domaine des arts et lettres.Voir antiquailleries ex. 2.
Loc. En vieux. [Précédé d'un subst. désignant une catégorie professionnelle] Spécialisé dans le travail, la vente d'objets anciens. Tailleur, travailleur en vieux. L'échoppe du cordonnier en vieux, le trou noir de l'Auvergnat marchand de charbon (Coppée, Contes en prose, 1882, p. 271).
b) Vieille histoire, événement passé. Pour le reste, c'est des bêtises (...). Et puis c'est du vieux, ça fait vingt ans... (Ramuz, Gde peur mont., 1926, p. 36).
c) Loc. fam. Prendre un coup de vieux. [Pour désigner une dégradation physique brutale et souvent spectaculaire] Le Grêlé n'était pas reluisant (...). Il avait pris un fameux coup de vieux depuis que je ne l'avais vu (Cendrars, Homme foudr., 1945, p. 252).
2. Spéc., au fém.
a) DR. FISCAL. Les quatre vieilles. [N. des quatre impôts d'état (contributions directes) institués à partir de la Révolution française (mobilier, foncier, patente, impôt sur les portes et fenêtres)] On discutait à temps perdu le budget traditionnel, les « quatre vieilles » (Vogüé, Morts, 1899, p. 119).
b) Vieil alcool, eau-de-vie, cognac. Verre, bouteille de vieille. Vous savez, il nous faut de la vieille, et pas des coquilles de noix, de vrais verres (Zola, Assommoir, 1877, p. 407).
III. − Adverbe
A. −
1. À la manière des personnes (plus) âgées. S'habiller vieux. (Dict. xxes.).
2. Loc. Faire vieux. [Le suj. désigne une pers.] Avoir l'apparence, le physique d'une personne âgée ou plus âgée que soi. Il fait vieux. Elle a l'air fatiguée aujourd'hui et elle fait vieux avec ses traits tirés (Lar. Lang. fr.).
B. − Vivre vieux. Vivre longtemps. Cet enfant ne vivra pas vieux, je crois; elle a été entourée à son berceau de trop de larmes (Flaub., Corresp., 1846, p. 335).
Rem. Lorsque le suj. est au masc., une ambiguïté subsiste entre l'empl. adv. et l'empl. adj. (supra ex. de Flaubert).
REM. 1.
Vieillissime, adj.Très vieux. Il faudrait bien (je ne dis cela qu'à toi; ma bonne mère dirait que je ne cesse de demander) me trouver quelque vieillissime Schall, ou quelque chose qui pourrait m'en servir (Balzac, Corresp., 1819, p. 52).
2.
Vieuseté, subst. fém.Synon. pop. de vieillesse, vieillerie.[Un homme] a tout partout la marque de la vieuseté, ma fille, de la vieuseté (Colette, Képi, 1943, p. 140).
Prononc. et Orth.: [vjø], [vjεj], fém. [vjεj]. Att. ds Ac. dep. 1694. Au masc. sing.: vieil devant voy. ou h muet: un vieil arbre, un vieil homme; vieux devant cons.: un vieux marchand. Règle gén. appliquée dep. le xviies. même si l'on rencontre encore vieux devant voy. ou h muet dans certains textes class. ou pour des raisons styl. dans des textes plus récents (ds Hugo, Gide, etc.). Devant et/ou normalement vieux. Mais on rencontre vieil: ,,un vieil et vaste appartement`` (Hugo ds Rob. 1985). Étymol. et Hist. I. Adj. A. 1. a) ca 1050 velz « qui existe depuis longtemps », ici en parlant du monde (Alexis, éd. Chr. Storey, 9); b) 1remoit. xiiies. (Aucassin et Nicolette, éd. M. Roques, XII, 34: tor vieille); c) 1385 vieulz loups (Eustache Deschamps, Miroir de Mariage, éd. G. Raynaud, t. 9, p. 34); d) ca 1393 en parlant de végétaux (Ménagier de Paris, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, p. 201); 2. 1357 vieilles debtes (Guillaume de Machault, Œuvres, éd. E. Hoepffner, t. 3, p. 122); 3. a) 1385 en tes vieulx jours (Eustache Deschamps, op. cit., p. 17); b) ca 1485 (Mystère Viel Testament, éd. J. de Rothschild, t. 1, p. 738: vielz ans; t. 2, p. 196: viel age); c) 1612 sur ses vieux jours (H. d'Urfé, L'Astrée, éd. H. Vaganay, t. 1, p. 281); 4. 1400 etre de trop vieille date (Christine de Pisan, Mutacion de Fortune, éd. S. Solente, t. 1, p. 77); 5. a) 1421 vins vielz (Clément de Fauquemberge, Journal, éd. Tuetey, t. 2, p. 193); b) 1615 vieilles couleurs, ici au fig. (Montchrestien, Traicté d'œconomie pol., éd. Th. Funck-Brentano, p. 276); 6. 1464 avec nuance dépréc. (Pathelin, éd. R. T. Holbrook, 946: Tu ne vaulx mie une vielz nate); 7. a) 1480 le vieil droit p. oppos. à droit nouveau (Guillaume Coquillart, Œuvres, éd. J. Freeman, p. 145); b) 1579 vieil Francois (H. Estienne, Precellence du langage fr., éd. E. Huguet, p. 84); c) 1565 (Ronsard, Abrégé de l'Art poëtique françois ds Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 14, p. 9: Tu ne rejetteras point les vieux motz de noz Romans); d) 1610 (Deimier, L'Académie de l'Art poétique, éd. J. de Bordeaux, p. 105: terme vieux); e) 1619 à la vieille mode (Sigogne, Satires ds Cabinet satyrique, éd. Fleuret et Perceau, p. 478); 8. a) 1547 (N. Du Fail, Propos rustiques, Epistre, éd. J. Assézat, t. 1, p. 2: en ce bon vieux temps qu'aucuns appellent l'aage doré); b) 1585 vieilles querelles (Id., Contes d'Eutrapel, t. 1, p. 286); 9. 1676 faire vieux os (quelque part) (Mmede Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 2, p. 399). B. 1. a) Ca 1100 en parlant d'une personne (Roland, éd. J. Bédier, 524: Il est mult vielz, si ad sun tens uset); b) 1385 les vieilles gens (Eustache Deschamps, op. cit., p. 6); c) 1461 (Jean du Bueil, Jouvencel, éd. L. Lecestre, 1repart., p. 166: le vieil cappitaine de Crathor); d) 1461 p. métaph. (Id., ibid., p. 219: vous estes un viel regnart); e) 1530 les vielz peres (Songecreux, Prenostication, éd. P. Lacroix, 2 r); 2. a) 1174-77 renforçant un terme injurieux (Renart, éd. N. Fukumoto, t. 1, p. 97: Pute vielle orde); b) 1498-1515 vieille bigotte (Gringore, Œuvres, t. 2, p. 76); 3. a) mil. xves. (Charles d'Orléans, Poésies, éd. P. Champion, t. 2, p. 324: Vieulx suis pour a l'escolle aller); b) ca 1485 (Mystère Viel Testament, t. 3, p. 292: De trois ans suis plus viel que Moyse); c) 1627 être vieux devant le temps (Guez de Balzac, Lettres, éd. H. Bibas et K. T. Dutler, t. 1, p. 20); d) 1782 (Mmede Genlis, Adèle et Théodore, éd. M. Lambert, p. 271: je sais bien qu'un homme n'est pas vieux à trente-sept ans); 4. a) 1505 (Gringore, Œuvres, t. 1, p. 137: Asnes blasment vielz clercs prudens, lettrez); b) 1547 ce bon vieux praticien (N. Du Fail, Baliverneries, t. 1, p. 198); c) 1585 les deux vieux compagnons, les vieux amis (Id., Contes, t. 2, p. 98, 354); 5. a) 1610 vieille fille (H. d'Urfé, op. cit., t. 2, p. 226); b) 1627 vieil garçon (Sorel, Berger extravagant, éd. H. Béchade, p. 68); 6. a) 1867 se faire vieux « s'ennuyer, trouver le temps long » (Delvau); b) 1899 id. « vieillir » (France, P. Nozière, p. 131). II. Subst. A. 1. a) ca 1100 « âgé », ici empl. avec un nom propre, comme un surnom [v. J. Bédier, Commentaire] avec une nuance de respect (Roland, 970: Carles li velz, a la barbe flurie); b) 1160-74 les veilles (Wace, Rou, III, 1095, éd. A. J. Holden, t. 1, p. 201); 2. a) 1160-74 (Id., ibid., II, 136, t. 1, p. 20: Mout y ont d'ambe pars viex et geunes ocis); b) 1846 les vieux de la vieille (Balzac, Cous. Bette, p. 326); c) 1896 p. ext. un vieux de la vieille « un vieillard, un invalide » (Delesalle, Dict. arg.-fr. et fr.-arg.); 3. a) 1828-29 mon vieux terme d'amitié (Vidocq, Mém., t. 2, p. 44); b) 1862 ma vieille id. (s'adressant à un homme) (Larchey, Excentr. lang.); 4. a) 1862 arg. avoir son vieux « être entretenue par un amant d'âge mûr » (Id., ibid.); b) 1881 vieux « père », vieille « mère » (Rigaud, Dict. arg. mod.); c) 1901 les vieux « les parents, les grands-parents » (Bruant). B. Subst. neutre 1. a) mil. xves. (Charles d'Orléans, op. cit., p. 490: Et y boit on du viel et du nouveau); b) av. 1615 (Pasquier, Recherches de la France, p. 824); c) 1878 (Rigaud, Dict. jargon paris.: recevoir un coup de vieux. Toucher à la quarantaine); 2. 1859 vieille « vieux cognac » (Larch.). Du lat. vetulus « id. », dimin. de vetus « id. » dont le représentant viez a vécu du xiieau xives. (viés att. encore une fois en 1517 dans le Nord, v. Gdf. et FEW t. 14, p. 364).
STAT.Fréq. abs. littér. Vieux: 45 466. Vieille: 15 174. Fréq. rel. littér. Vieux: xixes.: a) 42 353, b) 83 195; xxes.: a) 90 117, b) 58 441.
BBG.Baldinger (K.). Homonymie und Polysemiespiele im Mittelfrz. Z. rom. Philol. 1984, t. 100, note 70 (s.v. vieil). − Ernst (G.). Der Übersetzungsvergleich als Hilfsmittel wortgeschichtlicher Forschung. Z. rom. Philol. 1973, t. 89, pp. 190-191. − Geckeler (H.). Zur Wortfelddiskussion. Untersuchungen zur Gliederung des Wortfelds alt-jung-neu im heutigen Frz. München, 1971, pp. 278-302, 473-482. − Lenoble-Pinson (M.). Le Lang. de la chasse. Bruxelles, 1977, passim. − Möhren (F.). Zur Funktionsweise der Synonymableitung. Mél. Baldinger (K.). Tübingen, 1979, t. 2, pp. 465-472. − Quem. DDL t. 32.