| VIDER, verbe trans. A. − Qqn vide qqc./qqn.Rendre vide. 1. Rendre vide un contenant en enlevant ce qu'il contenait. a) [Le contenant désigne un récipient, un meuble, un objet; le contenu désigne un liquide ou un solide] Anton. emplir, remplir.Vider un aquarium, une baignoire, une barque, une bassine, une citerne, un étang, une piscine, un réservoir, un seau d'eau; vider une armoire, un placard, un poêle, des tiroirs, une valise. Pas de salle de bains; un seul cabinet de toilette, sans eau courante: mon père vidait chaque jour la lourde lessiveuse installée sous le lavabo (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 99). ♦ Vider qqc.1de qqc.2Synon. débarrasser.On attend de cuire le pain, et, celui-ci retiré, on vide le four de sa braise (Pesquidoux, Chez nous, 1923, p. 251).P. métaph., empl. pronom. Notre vocabulaire semblait presque intact, mais nos mots (...) s'étaient vidés de substance réelle (Saint-Exup., Pilote guerre, 1942, p. 380). ♦ Vider qqc1dans/sur qqc.3Synon. renverser.Il avait vidé une boîte d'allumettes sur la table et il la rangeait avec soin (G. Leroux, Roul. tsar, 1912, p. 118).Lui, il aurait vidé la salière dans un œuf à la coque (Pourrat, Gaspard, 1931, p. 140).Empl. pronom. à sens passif. Synon. se renverser.Tu as oublié ton sac, cria Serge, et il le lui lança. Le sac se vida sur le trottoir et Marguerite se mit à genoux pour ramasser son argent, son peigne, son rouge à lèvres (Nizan, Conspir., 1938, p. 215). − Loc. verb. Vider les arçons. V. arçon I B 2.Vider les étriers. Être désarçonné. Regnault dégaina son épée, et ce fut − signez-vous d'horreur! − pour en bailler plusieurs coups au travers le corps de son cousin, qui vida les étriers (Bertrand, Gaspard, 1841, p. 150). ♦ Au fig. Vider son carquois*. Vider son sac. V. sac1. b) [Le contenant désigne un local, un lieu; le contenu désigne des choses ou des pers.] Vider un grenier, une maison, une salle de réunions, un wagon. On vidait les magasins par les fenêtres, des glissières plongeant sur les voitures (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 12).Le cheptel, les machines et les hommes, les Allemands vidaient entièrement notre pays, et devant ce spectacle qui criait si terriblement notre défaite, plus d'un d'entre nous baissa le nez (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 55). ♦ Vider qqc.1de qqc.2; vider qqc. de qqn.Synon. débarrasser.Vider un appartement de ses meubles, de ses occupants. On y vide les maisons de leurs trésors (Saint-Exup., Pilote guerre, 1942, p. 318).Empl. pronom. à sens passif. Du coup, la maison se vida de ses visiteurs (Camus, Exil et Roy., 1957, p. 1650). ♦ Absol. Devenir désert. Londres se vide tous les soirs (Morand, Londres, 1933, p. 76). − Loc. verb., vieilli. Vider les lieux (fam.), vider la place, vider le plancher (fam.). Quitter un lieu sous la contrainte. Le fils du défunt (...) se disposait à prier le maire de vider la place au plus vite, mais celui-ci n'avait pas attendu cette invitation. Il gagnait la porte, et déjà ses deux fils étaient dans la rue (Mérimée, Colomba, 1840, p. 98).Faites-moi le plaisir de vider le plancher. (...) Allons! dehors! (Augier, Aventur., 1848, p. 261).Il se mit à lire: « En conséquence, M. Schaunard sera tenu de vider les lieux et de les rendre en bon état de réparations locatives, le huit avril avant midi (...) » (Murger, Scène vie boh., 1851, p. 40). − En partic. [Le suj. désigne un facteur extérieur (écon., atmosphérique, etc.)] Le mauvais temps, la crise économique a vidé les stations balnéaires. Les frimas de septembre qui arrivaient et vidaient les hôtelleries, l'obligèrent à se mettre en route (A. Daudet, Tartarin Alpes, 1885, p. 265). − CHASSE, VÉN. [Le suj. désigne le plus souvent du gros gibier] Vider l'enceinte. Quitter l'enceinte ou le bois avant la chasse (d'apr. Burn. 1970). c) P. anal. Enlever les entrailles d'un animal afin de le préparer pour la cuisson. Synon. étriper.Vider un poisson, une volaille, du gibier. Nous prenons nos repas dans la cuisine, sur la même table où, durant la journée, la cuisinière fait ses saletés, découpe ses viandes, vide ses poissons, taille ses légumes (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 34). − Loc. verb. Vider un abcès*. Au fig. Vider l'abcès*. d) TECHNOL., vieilli. Rendre creux en enlevant des parties pleines. Synon. évider.Vider une clef, un canon, une roue, un peigne (DG). 2. Rendre vide un contenant a) en absorbant son contenu. Synon. avaler1(fam.), boire1.Vider une bouteille, une chope; vider le garde-manger, le frigidaire; vider son verre d'un trait, d'un seul coup. − Passez-moi donc la brioche, dit MlleAurélie (...). Toutes ces sucreries ne sont pas sérieuses. Elle avait déjà vidé deux assiettes. Puis, la bouche pleine: − Voilà le monde qui se retire. On va être à son aise (Zola, Page amour, 1878, p. 984).Des hommes qui depuis le matin vidaient des verres de genièvre au cabaret! (Bernanos, M. Ouine, 1943, p. 1538). − Empl. pronom. à sens passif. M. Robert avait fait honneur au dîner (...). Les bouteilles se vidaient (Pourrat, Gaspard, 1925, p. 29). b) P. anal. Rendre vide un contenant − en prenant, en volant son contenu. Synon. piller.Vider la caisse, un coffre-fort, les tiroirs. Ami Juan Fernandez, dit le Roi, venez çà (...). Quand mes frères bâtards, m'assaillant à l'envi, Saccageaient mes châteaux et me vidaient mes coffres, Quasi seul, entre tous, au mépris de leurs offres, Vous me fûtes fidèle, et m'avez bien servi (Leconte de Lisle, Poèmes trag., 1886, p. 164). − en dépensant, en dilapidant son contenu. Vider son porte-feuille; vider un compte. Le beau malheur, si nous attirons toutes les femmes et si nous les tenons à notre merci, séduites, affolées devant l'entassement de nos marchandises, vidant leur porte-monnaie sans compter! (Zola, Bonh. dames, 1883, p. 425). ♦ Vider sa bourse. Dépenser tout l'argent que l'on a sur soi et, p. ext., tout ce que l'on possède. Que d'enfants ont faim parce que le chef de la communauté vide sa bourse et sa vie au café-chantant! (Veuillot, Odeurs de Paris, 1866, p. 160).Il emmena Mousse à la cantine. Il y emmena tous ceux qu'il rencontrait. Il y vida sa bourse, gardant juste le prix de son voyage (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 121). 3. [Le compl. d'obj. désigne une pers. ou un animal] a) Fam. Épuiser quelqu'un, lui enlever ses forces physiques, intellectuelles ou morales. Synon. épuiser, éreinter, exténuer, harasser ; (fam., pop.) claquer1, crever, lessiver, pomper, vanner1.Cet enfant, ce travail l'a vidé. Que de pages, moi qui n'écris plus que sur des demi-feuilles, les lettres me fatiguant et me vidant parfois au point de ne plus me laisser travailler (Mallarmé, Corresp., 1865, p. 175).Empl. passif. La crainte encore confuse, dont il était obsédé depuis un an, d'être vidé (...) d'avoir tari son inspiration, se précisait devant (...) cette impuissance à rêver du nouveau (Maupass., Fort comme la mort, 1889, p. 5). b)
α) Empl. pronom. − Perdre beaucoup de sang, vomir abondamment ou évacuer beaucoup d'excréments. Alors l'homme regarda son bras et murmura: « Foutu. » Puis, comme l'hémorragie faisait une mare sur le pont du bateau, un des matelots cria: « Il va se vider, faut nouer la veine » (Maupass., Contes et nouv., t. 1, En mer, 1883, p. 96).Autant là-haut sur le trottoir ils se tenaient bien les hommes et strictement, tristement même, autant la perspective d'avoir à se vider les tripes en compagnie tumultueuse paraissait les libérer et les réjouir intimement (Céline, Voyage, 1932, p. 245). ♦ Loc. verb. Se vider comme un lapin. Perdre tout son sang. Un coup de pointe au cou en avant et à droite!... Toc! Le premier tombe!... Une autre pointe en pleine poitrine!... À gauche! Traversez! (...) Deux lanciers! À un kilomètre d'ici! Les deux gaillards y sont encore! En pleins labours! La guerre est finie pour eux, hein, Sainte-Engence?... Quel coup double! Ils ont dû se vider comme des lapins! (Céline, Voyage, 1932, p. 41).Se vider comme une outre. Vomir. Des malheureux [Romains] assez goinfres pour s'étendre afin de mieux se remplir et qui une fois remplis, se vidaient comme des outres, leurs gros doigts bagués d'or au fond de la gorge (Bernanos, Les Grands cimetières sous la lune, 1938, p. 37). − [Le suj. désigne les poumons] Perdre l'air dont ils sont gonflés. Les poumons peuvent se vider à la fin d'une respiration ordinaire par une impulsion expiratoire volontaire grâce à la contraction énergique des muscles expirateurs (Baratoux, La Voix, 1912, p. 19). − P. métaph. Il se vidait peu à peu de sa haine; il en exprima une dernière goutte (Mauriac, Myst. Frontenac, 1933, p. 242).
β) Spécialement ♦ VÉN., empl. pronom. réfl. [Le suj. désigne un chien] Faire ses excréments (d'apr. Baudr. Chasses 1834). ♦ FAUCONN. Vider un oiseau. ,,Le purger`` (Ac. 1835-1935). c) Au fig. − Vider son esprit, son cerveau, son crâne, sa tête. Libérer son esprit, etc., de ses soucis ou de ses préoccupations. Pendant la Belle et la Bête, le simple travail manuel me vidait la tête et m'empêchait de me juger (Cocteau, Foyer artistes, 1947, p. 200). ♦ Empl. pronom. réfl. Il rêvait de se vider le crâne, pour ne plus penser (Zola, Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1482). − Vider son cœur. Confier ses peines. Synon. s'épancher.Agathe séchait ses larmes, se mouchait, se laissait bercer, convaincre. Elle vidait son cœur et se livrait auprès d'Élisabeth à des aveux qu'elle n'eût jamais osé se formuler à elle-même (Cocteau, Enfants, 1929, p. 146). ♦ Empl. pronom. réfl. Tout de suite, il se vide le cœur, étale sa désolante histoire (Duhamel, Journal Salav., 1927, p. 47). B. − Qqn vide qqc.1(de qqc.2) (sur/dans qqc.3); qqn vide qqn 1. [Le compl. d'obj. désigne un inanimé concr.] Retirer, enlever le contenu du contenant (pour le déposer, l'évacuer ailleurs). Vider l'eau de la cruche; vider l'eau de la baignoire; vider les eaux sales; vider les ordures. [Elle] tira un grand tiroir qui était plein de chiffons odorants, et dont elle vida le contenu, pêle-mêle, sur le tapis (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 230).Ils soulevaient des bonbonnes de verre, ils vidaient des liquides dans des baquets (Giono, Gd troupeau, 1931, p. 192). − Spécialement ♦ INFORMAT. ,,Copier tout ou partie de l'information contenue dans une mémoire, généralement en la transférant d'une mémoire interne sur un support externe`` (Mess. Télém. 1979). Synon. copier. ♦ SYLVIC., vieilli. Vider les ventes. Enlever tous les bois achetés et coupés dans une forêt. (Dict. xixeet xxes.). 2. Fam. [Le compl. d'obj. désigne une pers.] Chasser quelqu'un d'un lieu et, p. ext., d'un emploi. Synon. chasser1, congédier, éconduire, expulser, limoger, renvoyer, révoquer; (arg., pop.) balancer, lourder (rem. s.v. lourde), virer.Il n'arrêtait pas de me casser des verres. Bien souvent que je me suis retenu de le vider d'ici à coups de botte (Aymé, Uranus, 1948, p. 47).J'ai bu moi aussi, j'ai dansé, j'ai causé avec un guitariste qu'on venait de vider de la radio pour idées avancées (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 451). ♦ Se faire vider.J'ai beau faire à la patronne [du bistrot] tout un tas de salades qui d'ordinaire plaisent aux ménagères, je me fais vider [de la cuisine] en cinq minutes (Giono, Gds chemins, 1951, p. 157). − ÉQUIT. Cheval qui vide son cavalier. Cheval qui le désarçonne (d'apr. Rob. 1985). ♦ Se faire vider. ,,Se faire désarçonner`` (GDEL). C. − Au fig. Régler définitivement quelque chose (autrefois, le plus souvent par un combat). Synon. liquider, résoudre, trancher.Vider une affaire, un différend, un procès, une querelle. Une des choses qui troublaient le plus le bon ordre, c'étaient les entreprises et voies de fait que les seigneurs faisaient les uns sur les autres, recourant sans cesse à la voie des armes pour vider leurs débats, au mépris de toute juridiction (Barante, Hist. ducs. Bourg., t. 1, 1821-24, p. 137).Au Parlement, on ne discutait presque jamais les questions extérieures, ou on les vidait en quelques mots, dans une interpellation convenue d'avance (Vogüé, Morts, 1899, p. 222). ♦ Empl. pronom. à sens passif. En général, c'est devant des tribunaux administratifs que se vident tous les procès dans lesquels l'autorité publique est intéressée (Tocqueville, Anc. Rég. et Révol., 1856, p. 124). − DR. CIVIL ♦ Vider un délibéré. ,,Prononcer la sentence après avoir délibéré`` (Barr. 1974). ♦ Vider le partage. ,,Dégager une majorité en cas de partage des voix au cours d'un délibéré`` (Roland-Boyer 1983). ♦ Vider l'incident. ,,Régler, terminer par un jugement, une difficulté contentieuse, une contestation accessoire qui surgit dans le cours de la procédure principale et qui fait obstacle à son déroulement`` (Roland-Boyer 1983). Prononc. et Orth.: [vide], (il) vide [vid]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. I. Trans. A. « rendre vide (un contenant) » 1. 1remoit. du xiies. « dévaster, détruire » (Psautier d'Oxford, 136, 10, éd. Fr. Michel, p. 213: voidez desque al fundament); 2. ca 1155 « faire évacuer (un lieu, un local), rendre libre de tout occupant » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 5937); 3. a) ca 1160 vider les arçons, la selle « être renversé de son cheval » (Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 7050: As Troïens font voidier selles); b) 1174 « quitter (un lieu), rendre libre en s'en allant (généralement par la force) » (Guernes de Pont-Sainte-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 2475); c) 1690 vider les lieux « s'en aller sous la contrainte » (Fur.); 1783 vider le plancher (Mercier, Tableau de Paris, t. 5, p. 221); 4. a) α) ca 1200 se vider « (en parlant d'une personne) perdre son sang, vomir abondamment, évacuer beaucoup d'excréments » (Garin le Loheren, 3echanson, II, P. Paris ds Gdf.);
β) 1280 « rendre vide (un récipient, un réservoir, etc.) en versant, en faisant écouler son contenu liquide » (doc. Tournai, ibid.); 1559 se vider (Amyot, Pomp., 61 ds Littré); b) ca 1368 vider son cœur « s'épancher, confier ses peines, ses tourments » (Robert le Chartreux, Le Chastel perilleux, éd. M. Brisson, p. 281); c) 1596 vider son/le sac « dire le fond de sa pensée » (Hochepot ou Salmigondi des folz, éd. R. Mortier, p. 98: tu me vuyderas le fond du sac de tes pensées); 1640 vuider le sac (Oudin Curiositez); 5. 1556 vuidé « évidé » (Taillemont, La Tricarite, p. 61 ds Hug.); 1560 trans. « rendre creux (un objet) en enlevant de la matière, évider » (G. de Gouberville, Journal ds Poppe, p. 236); 1690 hérald. vidé (Fur.); 6. a) 1611 vider un animal « le préparer à la cuisson en enlevant ses entrailles » (Cotgr.); b) 1863 vider un abcès « l'inciser pour en faire sortir le pus » (Littré, s.v. abcès); 1913 vider l'abcès « régler de façon rapide et expéditive une situation devenue critique » (v. abcès); 7. a) 1632 vider la bourse à qqn « lui prendre tout son argent » (Corneille, Poésies diverses, VII, 35 ds
Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 10, p. 39); 1774 vider sa bourse « dépenser tout l'argent qu'on a sur soi » (Beaumarchais, Mémoires contre M. Goezman, p. 202); b) 1690 « rendre vide quelque chose en buvant, en absorbant son contenu » (Fur.); 8. 1862 vidé « qui est épuisé, privé de ses forces physiques, de ses moyens intellectuels et moraux » (Goncourt, Journal, p. 1100); 1865 vider (Mallarmé, loc. cit.). B. « Retirer, ôter le contenu d'un contenant » 1. 1260 « faire couler, évacuer (le contenu d'un récipient, la matière) du contenant qui les renferme » (Étienne Boileau, Métiers, éd. R. de Lespinasse et Fr. Bonnardot, II, V, 3, p. 248); 2. a) 1879 « faire sortir par la force, expulser (une personne) de l'endroit où elle se trouve » (Huysmans, Sœurs Vatard, p. 66); b) 1968 informat. (Lar. encyclop. Suppl.). C. « Régler définitivement quelque chose » 1313 vuidier un dit « prononcer un jugement » (doc. Tournai ds Gdf.); ca 1470 « régler, résoudre (une question, une affaire) en lui apportant une solution définitive » (Georges Chastellain, Chronique ds
Œuvres, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 4, p. 325); 1470 pronom. (Id., ibid., t. 4, p. 147). II. Intrans. ca 1175 « partir, s'éloigner, sortir d'un lieu » (Benoît de St-Maure, Chronique Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 11269). Du b. lat. *vocitare, dér. de *vocitus, v. vide. Fréq. abs. littér.: 1 903. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 339, b) 3 127; xxes.: a) 3 610, b) 3 100. DÉR. 1. Vidoir, subst. masc.a) Cuvette de métal ou de céramique dans laquelle on déverse les eaux résiduaires. Vidoir d'hôpital. Dans tout son corps, une grande faiblesse était éparse, et l'effort qu'elle avait fait pour porter la cuvette jusqu'au vidoir de zinc par où l'on jetait les eaux de toilette lui avait paru si démesuré qu'elle avait été sur le point de la laisser tomber (Daniel-Rops, Mort, 1934, p. 526).b) Bât. ,,Orifice supérieur d'un vide-ordures par lequel sont introduits les immondices à évacuer`` (GDEL). − [vidwa:ʀ]. − 1resattest. a) 1912 supra sens a (Lar. mens., p. 396), b) 1964 supra sens b (Lar. encyclop.); de vider, suff. -oir*. 2. Vidure, subst. fém.,pop. a) Au plur. Viscères que l'on retire du ventre d'un animal afin de le préparer à la cuisson. Poil de Carotte est en train d'écailler ses poissons (...). Il les gratte avec un couteau, leur fend le ventre, et fait éclater sous son talon les vessies doubles transparentes. Il réunit les vidures pour le chat (Renard, Poil Carotte, 1894, p. 243).b) Au plur. Déchets, ordures. Boîte à vidures. Les bonnes, par méchanceté, jetaient ainsi des débris (...). Tous les fonds de casserole, toutes les vidures de terrine y passèrent (Zola, Pot-Bouille, 1882, p. 269).c) Technol. Petite scie à main à dents très fines. La dite mâchoire est serrée à l'aide d'un coin en bois que l'on enfonce entre les deux planches, à la base de la plus courte. On dégrossit la surface des dents à la grêle, à l'aide d'une petite scie spéciale appelée vidure, puis on en nettoie les intervalles et les côtés (Rousset, Trav. pts matér., 1928, p. 117).− [vidy:ʀ]. − 1resattest. a) 1511 « espace vide, creux » (J. Lemaire de Belges, Illustrations, éd. J. Stecher, I, 256 ds Humpers, p. 158), b) 1611 « action de vider » (Cotgr.), c) 1680 « ouvrage à jour » (Rich.), d) α) 1752 « ce qu'on ôte de quelque chose » (Trév.),
β) 1872 « ce qu'on retire en vidant un animal » (Littré),
γ) 1882 au plur. « déchets, ordures » (Zola, loc. cit.); de vider, suff. -ure1*. BBG. − Blochw.-Runk. 1971, p. 446. − Chautard Vie étrange Argot 1931, p. 482. − Thomsen (V.). Étymol. Romania. 1875, t. 4, pp. 257-262. |