| VESTE, subst. fém. A. − 1. HIST. DU COST. a) Vêtement à quatre pans, muni d'une poche de chaque côté, qui couvre le corps jusqu'à mi-cuisse, avec ou sans manches, boutonné sur le devant et qui se porte sous l'habit. Veste de satin; veste brodée; être en veste. Le gilet a remplacé la veste (Ac. 1835). Une sorte de gilet noir à manches, assez semblable à ce qu'on nommait une veste sous Louis XVI (A. France, Vie littér., 1888, p. 180). Rem. Les pans de la veste, longs à l'origine, se raccourcissent, les manches facultatives disparaissent complètement et la forme de la veste se rapproche de celle du gilet. La veste suivit les diverses modes. D'abord (...) longue et droite, à peine plus courte que le justaucorps; puis, sous Louis XV, se raccourcissant petit à petit (Leloir 1961). b) Veste courte portée par les sans-culottes pendant la Révolution. Synon. carmagnole.Une dizaine d'entre eux [les Fougerais] portaient cette veste républicaine connue sous le nom de carmagnole (Balzac, Chouans, 1829, p. 5). c) Habit(-)veste. V. habit B 2 a. d) Loc. fig. Retenir qqn par le(s) pan(s) de la/sa veste. Empêcher, in extremis, quelqu'un de s'en aller. Mais l'art, cette fois, consistait à les retenir par le pan de la veste, au moment où la déception leur faisait gagner la porte (Romains, Hommes bonne vol., t. 4, 1932, p. 35 ds Rob. 1985). 2. Vêtement long que les Orientaux portent sous la robe. Veste à la Turque. (Dict. xixes.). B. − 1. Vêtement court s'arrêtant à la taille ou couvrant les hanches, à manches longues, boutonné sur le devant. Elle était vêtue d'une courte robe grise, d'une veste également grise et d'un petit chapeau rond (A. France, Balth., Fille Lil., 1889, p. 89).Il porte une veste d'un beige très clair, laineuse, flottante, et, autour du cou, un madras à fond rouge (Martin du G., Notes Gide, 1951, p. 1394). SYNT. Veste collante, courte, croisée, droite, ronde; veste de/en alpaga, chantoung, coton, coutil, cuir, daim, drap, flanelle, lainage, lin, toile, tricot, tweed, velours; veste de/en jersey; veste de cuisinier, de garçon de café, de groom, de militaire, d'ouvrier; veste de travail, de treillis; veste de complet, de costume, de chasse, de sport, de voyage; boutonner, déboutonner, enfiler, enlever, mettre, ôter, passer, porter, quitter, retirer, suspendre une veste; être en veste; sortir en veste, sans veste. ♦ Veste chemise. Veste d'été en tissu léger destinée à être portée à même la peau. (Dict. xxes.). ♦ Veste d'intérieur, d'appartement (vx), de chambre. Vêtement croisé ou boutonné sur le devant utilisé comme une robe de chambre. Il était représenté (...) jeune, mince et coquet (...) avec une veste de chambre en taffetas feuille-morte à boutons de diamants (Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 428).Il est (...) en veste d'intérieur, un peu décoiffé, le col chiffonné, comme s'il s'était jeté sur son lit (Martin du G., Taciturne, 1932, III, 7, p. 1330). ♦ Veste de pyjama. Partie supérieure d'un pyjama, à manches longues ou courtes. Elle déboutonna la veste de son pyjama et se caressa la poitrine, tout en s'appliquant à contrôler sa respiration (Queneau, Pierrot, 1942, p. 83). − Fam. Tomber la veste. V. tomber 2eSection II B. − Loc. fig., fam. Retourner sa veste. V. retourner I A 1. 2. Fam. Échec. Je voulais rendre le rôle... C'est indigne de me faire jouer ce Saint-Firmin, une vraie veste. Et quel style (...)! (Zola, Nana, 1880, p. 1329). − Loc. verb. Ramasser, prendre, remporter une veste. Subir un échec; échouer dans une entreprise, à un examen. Nom de Dieu, quand je travaille, j'entends qu'on me foute la paix! (...) − Quel charmant être! se dit le jeune homme resté seul. Tout de même, il avait remporté une veste, en sa soif de gloire immédiate (Courteline, Linottes, 1912, V, p. 65). Prononc. et Orth.: [vεst]. Att. ds Ac. dep. 1694. Ac. 1694, 1718: l's se prononce. Étymol. et Hist. 1. a) 1578 « vêtement à quatre pans descendant jusqu'aux genoux et se portant sous l'habit » (doc. ds Négociations du Levant, éd. E. Charrière, t. 3, p. 751, note [dans une liste de cadeaux faits par l'ambassadeur de Venise]); b) 1671 vestes à la persane (D. Bouhours, Entretiens d'Ariste et d'Eugène, p. 77); 2. a) 1778 « vêtement de dessus à manches, s'arrêtant aux hanches, porté d'abord par les domestiques ou les membres de certaines professions » (Beaumarchais, Mémoire contre M. Goëzman, p. 62: ce laquais était en veste de printemps du matin); 1783 (L. S. Mercier, Tableau de Paris, t. 5, p. 255: des cuisiniers en veste blanche); b) 1820 (Observateur des modes, 15 juin, VI, p. 120 ds Greimas Mode, p. 79, note 5: La veste nouvelle [...] est proprement dite de manège; cependant elle n'est pas moins portée dans la chambre, à la chasse, à cheval, à la promenade jusqu'à deux heures); 1822 (Michelet, Mémor., p. 182: revêtu d'une veste et d'un pantalon de nanquinet gris rayé); c) loc. 1866 ramasser ou remporter une veste « échouer dans une entreprise; se faire siffler [au théâtre] » (Delvau, p. 395); 1870 retourner sa veste, v. retourner. Empr. à l'ital.veste « vêtement; élément de l'habillement » (dep. av. 1484, L. Pulci; d'abord vesta, 1313-19, Dante d'apr. Cort.-Zolli), du lat. vestis, acc. veste(m) « id. ». Voir FEW t. 14, pp. 356b-357a. Fréq. abs. littér.: 1 227. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 986, b) 2 445; xxes.: a) 1 668, b) 2 063. Bbg. Quem. DDL t. 27, 33. |