| VERTIGINEUX, -EUSE, adj. A. − PATHOL. Qui est caractérisé par des vertiges; s'accompagne de vertiges. Accès, esprit, état vertigineux; affection vertigineuse. D'autres fois, le malade éprouve des sensations vertigineuses, les objets se mettent à tourner autour de lui. Il est obligé de s'asseoir (Quillet Méd.1965, p. 334). − Empl. subst. Personne sujette aux vertiges. Il faisait observer que les agoraphobes ne vomissent pas, ce qui les distingue des autres vertigineux (Janet, Obsess. et psychasth., t. 1, 1903, p. 222). B. − Propre à causer le vertige. 1. [En parlant d'un inanimé concr. ou abstr.] − [par sa hauteur, sa profondeur, son mouvement] Abîme vertigineux; hauteur, profondeur, tour vertigineuse; chute, pente, plongée vertigineuse. Le sentier que je suis, assez vertigineux, surplombe le gouffre (Gide, Journal, 1923, p. 758).Plus clairsemés, les feux des bourgades vertigineuses accrochées à leurs pentes de lave (Gracq, Syrtes, 1951, p. 235). − [par sa rapidité] Allure, course, fuite, vitesse vertigineuse. [Le radeau] tournait avec une vertigineuse rapidité, et il dérivait (Verne, Enf. cap. Grant, t. 2, 1868, p. 249).Autour de lui, Paris, grouillant et tumultueux, l'assourdissait, l'assommait de son fracas, l'étourdissait d'un incessant, rapide, vertigineux défilé de trams, d'autos, de taxis, d'autobus et de voitures (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 441). ♦ P. métaph. Le tourbillon vertigineux de la vie courante (Proust, Guermantes 1, 1920, p. 12). 2. Rare. [En parlant d'un animé] Aux terreurs inabordable, Coupant tous les fatals nœuds, L'homme marche formidable, Tranquille et vertigineux (Hugo, Chans. rues et bois, 1865, p. 256).Pour les hommes comme lui il n'y a pas de demi-mesure: il leur faut être ou vertigineux ou inertes (Morand, Homme pressé, 1941, p. 290). C. − Au fig., fam. Étonnant, étourdissant, impressionnant. Synon. fantastique, prodigieux, spectaculaire.Astuce, prouesse, quantité, technicité vertigineuse. Je reviens à ta lettre. Baudelaire: Oui, c'est cela; c'est vertigineux. Mais ça date déjà (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1906, p. 314).Gens du monde, dont le toupet n'arrive pas toujours à dissimuler la vertigineuse ignorance (Mauriac, Journal 1, 1934, p. 86). − En partic. Qui est sujet à des augmentations extrêmement fortes. Prix vertigineux. Le gouvernement s'est ému, et (...), pour éviter une hausse vertigineuse dont les humbles consommateurs feraient les frais, il va exiger que les acquéreurs prennent effectivement livraison de leur sucre (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p. 124). Prononc. et Orth.: [vε
ʀtiʒinø], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. 1377 subst. « sujet au vertige » (Bernard de Gordon, Pratiq., II, XI ds Gdf. Compl.); 2. 1839 délire vertigineux « qui s'accompagne de vertiges » (Balzac, Curé vill., p. 33); 3. 1839 « qui donne le vertige ou est de nature à le donner » (Id., Secrets Cadignan, p. 302); 4. 1906 « étonnant, prodigieux », (Rivière, loc. cit.). Empr. au lat.vertiginosus « sujet aux vertiges, aux étourdissements ». Fréq. abs. littér.: 398. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 44, b) 698; xxes.: a) 466, b) 999. DÉR. Vertigineusement, adv.a) D'une manière propre à donner le vertige, le tournis. Voie vertigineusement droite; rouler vertigineusement sur une pente; tourner vertigineusement. La fenêtre (...) dominait le sol d'au moins soixante mètres. La muraille volcanique filait au-dessous, vertigineusement lisse et noire (Benoit, Atlant., 1919, p. 186).b) Au fig. Terriblement, prodigieusement, excessivement, considérablement. Faits vertigineusement compliqués; prix qui augmentent vertigineusement. Elle n'avait nul appui sur quoi compter, nul soutien, nul espoir. Elle se sentait entièrement, vertigineusement, seule (Daniel-Rops, Mort, 1934, p. 28).− [vε
ʀtiʒinøzmɑ
̃]. − 1resattest. 1857 « de manière à donner le vertige » (Baudel., Nouv. Hist. extr., p. 222), 1934 « considérablement » (Daniel-Rops, loc. cit.); de vertigineux, suff. -(e)ment2*. − Fréq. abs. littér.: 40. BBG. − Gohin 1903, p. 348. |