| VERNIR, verbe trans. A. − Qqn vernit qqc. 1. a) Enduire de vernis (v. ce mot I A). Vernir un meuble, un parquet, un tableau; vernir au tampon; vernir une pièce de bois, une planche d'eau-forte; vernir ses ongles. Léon (...) vernit lui-même ses escarpins, et à plusieurs couches (Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 83). − Empl. pronom. réfl. indir. Se vernir les ongles de pieds (Rob. 1985). b) Rendre brillant. Empl. pronom. Les figures rougeoient, se vernissent et brillent; telles faces sanguines semblent enduites de vaseline (Barbusse, Feu, 1916, p. 71). 2. CÉRAM. Synon. de vernisser (v. ce mot A 1).Ces jolies poteries d'un beau rouge foncé (...) n'ont pas besoin d'être vernies (Baudry des Loz., Voy. Louisiane, 1802, p. 212). 3. Rare. Inaugurer (une exposition). Le 1erjuin les philatélistes verniront une exposition du timbre-poste (H. Magnan, inLe Monde, 18 mai 1949, p. 9 ds Quem. DDL t. 34). − Absol. Faire un vernissage (v. ce mot B). On « vernit » à onze heures du soir (C. Mauclair, Les Métèques contre l'art fr., 1930, p. 74 ds Quem. DDL t. 17). 4. Au fig. Masquer sous une apparence trompeuse, dissimuler sous un vernis (v. ce mot I C 1 et 2). Par le même coup de baguette, les directeurs redorent et vernissent la cage de leurs administrés, et s'efforcent de donner à la prison un air de luxe et de fête (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 437).La région du demi-talent est peuplée de ces aigres peintres, sculpteurs, écrivains, qui sont noués à eux-mêmes, et qui vernissent cette insuffisance (Alain, Propos, 1928, p. 776). − Empl. pronom. à sens passif. Ce 1815 fut une sorte d'avril lugubre. Les vieilles réalités malsaines et vénéneuses se couvrirent d'apparences neuves. Le mensonge épousa 1789, le droit divin se masqua d'une charte (...), les préjugés, les superstitions et les arrière-pensées, avec l'article 14 au cœur, se vernirent de libéralisme (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 425). B. − Qqc. vernit qqc.Faire briller, lustrer. Synon. vernisser (v. ce mot B 2).J'entendais l'eau dégoutter de nos marronniers, mais je savais que l'averse ne faisait que vernir leurs feuilles (Proust, Swann, 1913, p. 152). Prononc. et Orth.: [vε
ʀni:ʀ], (il) vernit [-ni]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1311 « recouvrir de vernis » (doc. ds Dehaisnes, Doc. et extraits divers concernant l'hist. de l'art dans les Flandres, t. 1, p. 196). Dér. de vernis*; dés. -ir. Fréq. abs. littér.: 46. Bbg. Gohin 1903, p. 377. − Quem. DDL t. 17, 34. |