| VENGEUR, -ERESSE, subst. et adj. I. − Subst. Celui, celle qui venge, qui punit ou répare l'affront subi par lui-même, elle-même ou par un autre. S'ériger en vengeur. Était-ce [Baccarat] quelque sombre vengeresse dont le bras s'armait dans l'ombre pour châtier et poursuivre à outrance des criminels et des meurtriers? (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 48).Pauvre, pauvre femme! Abattue, désarmée, piétinée, − sans un ami, sans un vengeur (Farrère, Homme qui assass., 1907, p. 310). − Vengeur, vengeresse de qqn, de qqc.Vengeur d'un crime, de l'honneur de qqn. Quels sont donc ces juges si amis de l'ordre, qui s'érigent en vengeurs des lois pour m'opprimer? (Marat, Pamphlets, Appel à la Nation, 1790, p. 133).Jahvé est pour lui [David] le vengeur du juste opprimé (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 974). II. − Adj., littér. [Gén. postposé] A. − [En parlant d'une pers.] Qui exerce la vengeance. Furies vengeresses. Une nuit, c'était l'heure où les songes funèbres Apportent aux vivans les leçons du cercueil; (...) Où Richard, tourmenté d'un sommeil sans repos, Vit les mânes vengeurs de sa famille entière, (...) Le maudire et crier: Voilà ta nuit dernière! (Delavigne, Messéniennes, 1824, p. 100). − RELIG., MYTHOL. Qui punit. Que Jupiter et les autres dieux vengeurs de l'humanité me préservent de faire couler jamais le sang et les larmes! (Chateaubr., Martyrs, t. 3, 1810, p. 3). B. − [En parlant d'un inanimé] 1. Littér. Qui est l'instrument de la vengeance, qui sert à se venger. Armée, épée, foudre vengeresse; bras, écrit, glaive, livre vengeur; justice vengeresse. Elle regardait la main de sa tante, blafarde sous la lumière crue de la lampe, comme une main vengeresse qui allait parler (Zola, Th. Raquin, 1867, p. 185).Sans trêve je roulais dans mon esprit mille vengeurs projets de rupture et de fuite (Milosz, Amour. init., 1910, p. 199). 2. Qui est inspiré par l'esprit de vengeance, qui exprime la vengeance. Cri vengeur; fureur, haine, indignation vengeresse. Je commence, dit-il avec amertume en jetant un regard vengeur sur ce cercle (Balzac, Illus. perdues, 1837, p. 104).Le chagrin (...) dont tout son visage témoigna n'éveillèrent en moi qu'une ironie vengeresse où le plaisir de mépriser − et de me mépriser moi-même − jouait un rôle (Daniel-Rops, Mort, 1934, p. 303). Rem. Le fém. vengeresse est rare et littér. Prononc. et Orth.: [vɑ
̃
ʒ
œ:ʀ], fém. [-ʒ
ə
ʀ
εs]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1remoit. xiies. vengedur (Psautier Oxford, éd. Fr. Michel, VIII, 3); ca 1200 vengeor (Jean Bodel, Saxons, éd. E. Stengel, 5790). Dér. de venger*; suff. -eur2*. Fréq. abs. littér.: 487. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 946, b) 904; xxes.: a) 728, b) 340. |