| VELU, -UE, adj. et subst. I. − Adj. [Se place toujours après le subst.] A. − 1. [En parlant d'une pers.] Dont le corps (ou une partie du corps, hormis la barbe et les cheveux) est couvert de longs poils drus et soyeux. Synon. poilu; anton. glabre.Homme velu; bras, corps, cuisse, flanc, jambe, mollet, pied, poing, poitrine velu(e); (être) velu comme un faune, un gorille, un ours, un singe. C'était une espèce de Sbrigani, pansu, barbu, velu et chevelu, l'air féroce, et vêtu en hongrois de mélodrame (Hugo, Rhin, 1842, p. 160). 2. SC. NAT. a) ZOOL. [En parlant d'un animal à fourrure] Qui possède une toison épaisse ou dont une partie du corps est garnie de longs poils. Singe, renard velu; patte velue. C'est ainsi qu'ils rentraient, l'ours velu des cavernes à l'épaule (Leconte de Lisle, Poèmes barb., 1878, p. 4).Il méditait des pièges pour défendre ses poules du renard à la queue velue (A. France, Île ping., 1908, p. 419). − ENTOMOL. [En parlant d'un insecte] Dont le corps est recouvert (ou couvert en partie) d'un duvet serré faisant penser à des poils. Synon. villeux.Bourdon, mouche velu(e). C'était une grosse araignée, noire, velue, horrible (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 71). b) P. anal., BOT. Dont la surface est hérissée de poils nombreux, longs et souples. Synon. hispide, villeux, hirsute ; anton. glabre.Bourrache, fleur, sauge, tige velue. [Les feuilles de belladone] sont ovales, lancéolées, minces, succulentes, entières, un peu velues quand elles sont jeunes; quand elles sont au terme de leur accroissement, elles ont la face supérieure lisse, verte foncée, la face intérieure velue et d'un vert plus pâle (Kapeler, Caventou, Manuel pharm. et drog., t. 1, 1821, p. 117).Sur la moindre parcelle de terre la fraise pourprée abonde, et l'airelle sucrée en grappes, et la framboise velue encore verte (Pesquidoux, Chez nous, 1921, p. 236). B. − [En parlant d'une chose] 1. a) Qui est réalisé avec la peau d'un animal à fourrure. Synon. poilu.Outre velue. Il y avait les agioteurs du Perron de la rue Vivienne, en souliers crottés, en cheveux gras, en bonnet à poil à queue de renard, et les mayolets de la rue Valois (...) le chapeau velu sur la tête (Hugo, Quatre-vingt-treize, t. 1, 1874, p. 119).La chlamyde velue en peau de mouton (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum., 1921, p. 129). b) P. anal. Qui est réalisé dans une matière naturelle ou synthétique en poils serrés tissés de manière à imiter la fourrure. La moquette est un tissu à surface endroit velue qui se tisse soit à poils coupés, soit à poils bouclés (Thiébaut, Fabric. tissus, 1961, p. 114). 2. [En parlant d'un élément de la nature] Qui est couvert d'une végétation abondante et filamenteuse évoquant la fourrure d'un animal. À sa droite des collines velues en haut desquelles des moulins agitaient leurs ailes (Boylesve, Leçon d'amour, 1902, p. 164).V. chevelu ex. 2. − Velu de + subst. précisant la nature de la végétation.À ses pieds, les rochers, semblables à des dragons noirs, tout velus d'algues vertes et de goémons fauves (A. France, Île ping., 1908, p. 18).Mais ce n'était peut-être qu'un autre souvenir, celui de la masure tapie contre le mur du parc, du long toit velu de mousses (Genevoix, Avent. en nous, 1952, p. 29). 3. MAÇONN.. Pierre velue. Pierre à bâtir brute non dégrossie, telle qu'elle sort de la carrière. (Dict. xixeet xxes.). II. − Substantif A. − 1. [Pour désigner des animés] Personne ou animal dont le corps est recouvert de longs poils. Vous vous moquez des velus. Et vous-mêmes, qu'avez-vous senti quand, pour la première fois, vous touchiez, à la tête, à l'aisselle, ailleurs, les cheveux de la bien-aimée? (Michelet, Journal, 1856, p. 315).En vain s'épuisait-il en efforts et bandait-il toute sa musculature, ce velu (Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 15). 2. P. méton., au masc. plur. Parties du corps humain naturellement recouvertes de poils. Le développement considérable du système pileux primaire (les cheveux empiètent de tous côtés) contraste avec la rareté du système pileux secondaire (barbe, velus du corps) (Mounier, Traité caract., 1946, p. 218). B. − Caractère velu d'une personne ou d'une chose. 1. [D'une pers., d'un animal, d'une partie du corps] Blottir dans l'entre-bâillement de la grosse toile, dans la chaleur et le velu de ce poitrail de rustre, ses pauvres mains transies (Lorrain, Âmes automne, 1898, p. 44).Les cils [de mademoiselle Tournay] ont le velu de la bête des champs (Noailles, Domination, 1905, p. 142). 2. [D'une chose] Vous avez des vêtements d'un velu!... on se croirait en décembre en vous regardant (Gyp, Mmela Duchesse, 1893, p. 46). Prononc. et Orth.: [vəly]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1140 subst. masc. velut « velours » (Pèlerinage Charlemagne, éd. G. Favati, 426); 2. a) ca 1160 adj. velu « couvert de poils » (Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 2447 et 2565); b) 1549 bot. (Fuchs, Histoire des plantes, foI iii ro); c) 1676 pierre velue « pierre à bâtir non dégrossie » (Félibien). Du b. lat. villutus « velu » (att. dans une gl. du viies.), var. du lat. class. villosus (velours*), tous deux dér. de villus « poil ». Fréq. abs. littér.: 353. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 328, b) 595; xxes.: a) 551, b) 570. Bbg. Baldinger (K.). Homonymie- und Polysemiespiele im Mittelfrz. Z. rom. Philol. 1984, t. 100, p. 254, note 61. − Spitzer (L.). Notes étymol. Revista de filog a espa ola. 1925, t. 12, p. 231. |