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VEINER, verbe trans.
A. − Rare. Orner un matériau de dessins sinueux, de filets colorés pour imiter les veines du bois ou du marbre (d'apr. Chabat 1881).
B. −
1. [Le suj. désigne un matériau, une substance] Dessiner des lignes sinueuses et colorées dans la masse ou à la surface d'une matière. Les Guermantes restaient reconnaissables, faciles à discerner et à suivre, comme les filons dont la blondeur veine le jaspe et l'onyx (Proust, Guermantes 2, 1921, p. 438).
P. métaph. Cela s'accompagnait d'un gros bourdon d'abeilles, sous cette nue d'un blanc de cire, qu'un peu de ciel veinait au loin (Pourrat, Gaspard, 1931, p. 103).
2. Fréq. au passif
a) Veiné de + subst. de couleur.Marqué de veines, de filets colorés. Oignon veiné de bleu; fromage jaune veiné de blanc; albâtre veiné de blanc; glaise veinée de rouge; serpentine veinée de vert. Le bois de rose est jaune pâle, veiné de rouge; le palissandre, appelé au XVIIe[s.] bois de violette, blanc vineux, veiné de gris brun (Viaux, Meuble Fr., 1962, p. 3).
P. anal. Veiné de + subst. désignant une matière différente.Marne veinée de fer. Temps doux, ciel veiné de nuages (Amiel, Journal, 1866, p. 281).Il y a là un quartier de choix, veiné de filets de graisse (...), divisé en morceaux roussis à la poêle (Pesquidoux, Chez nous, 1923, p. 116).
b) Veiné en + subst. de couleur (rare).Très beau marbre noir veiné en jaune vif (Bourde, Trav. publ., 1928, p. 85).
C. −
1. [Le suj. désigne un vaisseau, un réseau de vaisseaux sanguins] Marquer de veines apparentes la peau, une partie du corps. Ce coin d'épaule blanche, Que veine à peine un réseau bleu (Lorrain, Modern., 1885, p. 53).
Empl. pronom. [Des chevaux] d'un gris très-clair, et dont la peau se laissait voir à travers leur poil humide et rasé, se veinaient de tons humains et auraient pu audacieusement s'appeler des chevaux roses (Fromentin, Été Sahara, 1857, p. 233).
2. Fréq. au passif. Ses bras ronds veinés de bleu couronnaient son visage de vierge qui trouble les adolescents (Barrès, Barbares, 1888, p. 129).Dans le visage candide du plus jeune, une note fière est donnée par les yeux veinés de sang (Montherl., Olymp., 1924, p. 291).
Prononc. et Orth.: [vεne], [ve-], (il) veine [vεn], [vε:n]. ,,Voy. rad. fermée si la syllabe accentuée suivante contient un [i], un [e] ou un [y]: [ve-]`` (Fouché Prononc. 1959, p. 71). Obs. conformes ds Martinet-Walter 1973: veiner [vε-], [ve-] (6/11). En revanche, veineux [vε-], [ve-] (10/7). Durée longue de la voy. de il veine ds Passy 1914, Grammont Prononc. 1938, p. 38, Buben 1935, p. 50. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. Fin xviiies. (Bernardin de St-Pierre d'apr. Lar. Lang. fr.); 1812 (Mozin-Biber). Dér. de veine* ; dés. -er.
DÉR.
Veinage, subst. masc.Aspect particulier produit par la disposition des veines dans une matière, généralement le marbre ou le bois. Un bois taillé directement garde son beau veinage, son éclat, sa fraîcheur, toutes ses qualités physiques (Arts et litt., 1935, p. 22-3). [vεna:ʒ], [ve-]. 1reattest. 1857 (Nosban, Manuel menuisier, t. 2, p. 112); de veiner, suff. -age*.