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VEILLE, subst. fém.
I.
A. − Synon. rare de veillée (v. ce mot A).Les morts (...) dont nous racontons Dans les veilles d'hiver l'histoire épouvantable (Glatigny, Fer rouge, 1870, p. 36).Les garçons (...) fréquentent de préférence les veilles où se rendent les filles à marier (Menon, Lecotté, Vill. Fr., 2, 1954, p. 19).
B. − État d'une personne qui ne dort pas. Anton. sommeil.État de veille. La lumière agit presque constamment sur cet organe [l'œil], pendant tout le tems de la veille: elle excite fortement son attention par des impressions vives et variées (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 192).Le sommeil intègre la veille qui l'a précédé, de telle sorte que « l'âme mène sans cesse une double existence, à la fois consciente et inconsciente » (Béguin, Âme romant., 1939, p. 138).
C. − Souvent au plur. Fait de ne pas dormir, moment où l'on ne dort pas, pendant le temps consacré normalement au sommeil. Être épuisé par les veilles. Ce soir j'ai la tête cassée par ma veille. Rentré à 2 heures du matin (Gide, Journal, 1904, p. 139).Quoi! (...) vous êtes déjà levée! Nous étions pourtant bien sûrs qu'une comédienne, accoutumée aux longues veilles, ne sortait pas de sa chambre avant midi (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 115).
En partic., vieilli, littér. Fait de se priver de sommeil pour se consacrer à un travail, à une occupation importante. Veilles studieuses; le fruit de ses veilles. V. honneur I D 1 ex. de Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 16.
Veille d'armes. Synon. rare de veillée* d'armes.Gens qui ne se saoulaient que de récits de montagne, de leurs débats de veille d'armes ou de lendemains de victoire au Matterhorn (Peyré, Matterhorn, 1939, p. 100).Un silence de veille d'armes (Gracq, Syrtes, 1951, p. 39).
D. − Garde de nuit. Poste de veille; prendre la veille. Madame Chardon avait recommencé sans murmurer les fatigantess veilles de son état de garde-malade (Balzac, Illus. perdues, 1843, p. 612).
Être de veille. Ceux qui n'étaient pas de veille s'accroupirent, le dos voûté sous la toile de tente, et (...) essayèrent de dormir (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 271).
AVIAT. Radar de veille. ,,Dispositif fonctionnant 24 heures sur 24, et surveillant l'espace territorial aérien d'un pays`` (Électron. 1960).
CH. DE FER. Veille automatique. ,,Appareillage qui réagit, par émission d'un signal sonore dans le compartiment de conduite, lorsque le conducteur ne manifeste plus sa présence par l'action de ses mains sur les appareils de bord, et qui provoque le freinage et l'arrêt du train`` (Industries 1986).
MAR. Quart de nuit. Homme, matelot, service de veille. Il s'accouda au bordage. Ce fut là que, quelques minutes plus tard, conduit sur la passerelle par sa veille incessante, Haynes le trouva (Peisson, Parti Liverpool, 1932, p. 130).
E. − Veille technologique. Surveillance de l'environnement industriel et commercial de l'entreprise permettant son adaptation simultanée aux changements de ce dernier. L'un des atouts des Japonais est sans conteste le sérieux avec lequel ils mènent leur « veille technologique » commerciale et concurrentielle (Sc. et Technol., 7 août 1990, p. 52).
II.
A. − [Dans le temps relatif] Jour précédant celui dont il est question. (À) la veille d'une bataille, du départ, de la mort de qqn; la veille de Noël, de Pâques; la veille du jour où...; la veille au soir; la soirée de la veille; depuis la veille; pain de la veille; être arrivé (de) la veille. L'angoisse qui accabla Jésus à la veille de son sacrifice, dans la nuit tragique, sous les ténébreux oliviers (Coppée, Bonne souffr., 1898, p. 75).À la fin d'ma perme, la veille de rentrer (Barbusse, Feu, 1916, p. 113).
Ce n'est pas demain la veille que. V. demain I B 1 a ex. de Le Breton.
B. − Époque immédiatement antérieure. Ennemis de la veille. Les parvenus de la veille cherchaient à blasonner leurs sacs et à décrasser leurs écus au frottement des vieux parchemins (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p. 38).Elle est bien fine. Elle n'en a pas moins vendu ses vignes juste la veille de l'année où elles allaient rapporter le plus (Renard, Journal, 1901, p. 666).
Loc. À la veille de
+ subst.Juste avant. À la veille de la guerre, de la Révolution. Nous sommes à la veille d'une période aussi riche et aussi neuve que le fut l'ère romantique (Aragon, Crève-cœur, 1941, p. 76).
+ inf.Sur le point de. Toulon est à la veille d'avoir un grand faubourg du côté de La Vallette (Stendhal, Mém. touriste, t. 3, 1838, p. 251).La peinture abstraite était (...) à la veille de connaître un grand développement à Paris, quand celui-ci fut contrecarré et ralenti par l'affirmation du cubisme (Dorival, Peintres XXes., 1957, p. 117).
Prononc. et Orth.: [vεj]. Voy. longue ou demi-longue, ds Passy 1914, Barbeau-Rodhe 1930 et ds Martinet-Walter 1973 (3/17). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. 1145 « fait de ne pas dormir la nuit, de rester éveillé volontairement ou non aux heures normales du sommeil », ici « fait de passer la nuit en prières » fist ses oreisons E veilles e aflictions (Wace, Conception ND, éd. W. R. Ashford, 316); 2. a) 1373 velle « action de guetter, de surveiller » (Jean Froissart, Le Joli buisson de jonece, éd. A. Fourrier, 5080); b) 1596 « action de monter la garde, en particulier, la nuit » (Hulsius); 3. 1553 « chacune des divisions de la nuit, selon les Romains » (La Bible, s. l., impr. J. Gérard, Marc 6, 48); 4. a) 1553 au plur. « grande et longue application qu'on donne à l'étude en prenant sur son temps de sommeil » (d'apr. FEW t. 14, 438b); b) 1690 « temps pris sur le sommeil et consacré à une occupation importante » surtout au plur. (Fur.: Les Sçavants nous font voir du fruit de leurs veilles); c) 1732 veille des armes (Rich.). II. 1. a) Ca 1170 voille « jour qui précède une fête religieuse » la voille de Natevité (Chrétien de Troyes, Erec et Enide, éd. M. Roques, 6525); 1174-76 veille (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 1019); b) 1690 « nuit qui précédait une fête religieuse et que l'on passait en prières pour se préparer à la célébrer dignement » l'office de la veille (Fur.); 2. a) 1537 la veille « jour qui précède celui dont il est question » la veille des nopces (Bonaventure des Périers, Cymbalum Mundi, dialogue III ds Œuvres fr., éd. L. Lacour, t. 1, p. 349); b) 1599 à la veille de + subst. ou inf. (Ph. de Mornay, let., in Mmede Mornay, Mém., II, 232 [Renouard] ds Quem. DDL t. 19). III. 1636 « état d'une personne qui est éveillée, qui ne dort pas (par opposition à sommeil) » Et an veille & au sommeil (Monet). Du lat. class. vigilia « insomnie; garde de nuit; faction de nuit » dér. de vigil « éveillé, vigilant, attentif » comme subst. « garde de nuit, veilleur »; le sens II du lat. médiév. de l'Église vigilia (Nierm.). Fréq. abs. littér.: 6 032. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 8 212, b) 9 216; xxes.: a) 9 633, b) 7 913. Bbg. Bellenger (Y.). Le Vocab. de la journée et des moments ds la poésie du 16es. In: B. (Y.). Dix ét. sur le 16eet le 17es. Paris, 1982, p. 48. − Galet (Y.). Les Corrélations verbo-adverbiales au niveau de la phrase complexe. Fr. mod. 1975, t. 43, p. 339. − Möhren Landw. Texte 1986, p. 268. − Ringenson (K.). La Veille, à la veille de, au lendemain de. St. neophilol. 1938/39, t. 11, pp. 215-236.