| VALISE, subst. fém. A. − Vieilli 1. Sac de cuir cylindrique s'ouvrant dans sa longueur et porté autrefois sur la croupe du cheval. Une petite valise bouclée sur la selle en même temps qu'un manteau de voyage (...) attestaient (...) que le cavalier n'accomplissait point une simple promenade (Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, 1859, p. 430).Entre sur un gros cheval un homme vêtu d'un manteau noir avec une valise en croupe, Pierre de Craon (Claudel, Annonce, 1912, prol., p. 11). 2. Bagage à main de forme rectangulaire, relativement plat et muni d'une poignée. Valise de cuir, en carton, en osier, en matière plastique, en toile; valise rigide, souple, à soufflets; couvercle, compartiment, serrure d'une valise; ouvrir, remplir, boucler, fermer une valise; (faire) porter une valise; mettre ses valises à la consigne; défaire, déballer sa/ses valise(s). Ah! chère amie, je vous emmène! (...) ne prenons pas trop de choses: « Tout ce qu'on ne peut pas mettre dans sa valise est insupportable! » − Le mot est de Monsieur Barrès − Barrès, vous savez bien, le député, ma chère! (Gide, Paludes, 1895, p. 136).Cherchez dans tous les tiroirs. Il nous faut absolument un morceau de ficelle. La courroie d'une des valises a cédé (Montherl., Fils personne, 1943, iv, 4, p. 341). − Une valise de + subst. désignant le contenu.Emporter une valise de bouquins. (Dict. xxes.). 3. Locutions a) Faire sa/ses valises. Y disposer ce qu'on emporte en voyage. [Rodin] rentre chez lui faire sa valise. Sa femme était sortie. Il ne la prévient ni par la domestique ni par le concierge. Et il reste absent trois semaines, sans donner de ses nouvelles (Goncourt, Journal, 1889, p. 1001).Que de fois je suis tombé malade à la veille d'un départ! Faire mes valises me procure un malaise dont je ne saisis pas la raison (Green, Journal, 1933, p. 160). − P. anal., fam. ♦ Faire des préparatifs en prévision d'un départ forcé. En Italie, la tension sociale, les tracasseries administratives et fiscales et le spectre d'une arrivée de la gauche au pouvoir incitent les businessmen américains à « faire leur valise » chaque fois qu'ils le peuvent (Le Nouvel Observateur, 19 avr. 1976, p. 46, col. 2). ♦ S'en aller. J'ai besoin de savoir à l'instant même que vous le méprisez. Sinon je fais ma valise et je ne parais pas dans la pièce (Anouilh, Répét., 1950, I, p. 35). b) Pop. (Se) faire la valise. S'en aller, quitter les lieux (en général précipitamment); abandonner un compagnon, une compagne. Synon. (se) faire la malle*. ♦ Faire la valise à qqn. Rejeter quelqu'un de sa vie. Synon. virer.V'là Victor démonté (sans femme), Henriette lui a fait la valise (Pt Simonin ill., 1957, p. 111). − P. anal. [En parlant d'une chose] Disparaître. Quoique (...) ses tifs se soient fait la valise s'il jetait encore son jus (Le Breton, Rififi, 1953, p. 133). B. − DR. INTERNAT. Valise diplomatique. Privilège international qui permet aux gouvernements d'échanger avec leurs représentants diplomatiques en poste à l'étranger des documents confidentiels; moyen de liaison inhérent à ce privilège qui soustrait aux contrôles douaniers les colis faisant partie d'un courrier diplomatique. [Ces messieurs] étaient chez Bernard ou chez Coczani (...). Il s'y buvait un grand nombre de tasses d'un thé qui avait voyagé en valise diplomatique (Martin du G., Devenir, 1909, p. 54).La « valise diplomatique », à l'abri de tout contrôle des autorités des pays étrangers, assure les liaisons les plus lourdes (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 117). ♦ Valise (diplomatique). Valise, colis spécial dans lequel sont acheminés les documents, les objets couverts par l'immunité diplomatique; p. méton., ensemble de ces documents et objets. Elle reçut le portrait qui venait d'arriver par la valise de l'ambassade. Elle fit sauter le cachet de la boîte contenant le petit cadre (Goncourt, MmeGervaisais, 1869, p. 101).L'avion qui, chaque jour, apporte au ministre les valises de ses postes (Chazelle, Diplom., 1962, p. 32). C. − P. anal. 1. Fam. Poche sous les yeux. La patte d'oie et les valises qui lui marquaient les yeux (...) lui donnaient l'aspect d'un homme de cinquante ans (Bruant1901, s.v. paupière). 2. Arg. milit. Projectile d'artillerie lourde. Le bombardement est déchaîné, les pétards, les grenades, les bombes, les « tortues », les « queues de rat », les « valises » (...) tout ce que le génie humain a pu inventer (Esn.1956). 3. SPORTS, loc. fam. [En parlant d'une épreuve] Dans la valise/en valise. Gagné d'avance. C'est dans la valise! Comme pour Speicher avant-hier, la victoire était « dans la valise », mes enfants, et on aurait pu s'en aller (L'Auto, 16 août 1933, p. 1 ds Grubb Sports 1937, p. 76). 4. Loc. pop. [En parlant d'une pers.] Bête/con comme une valise. Totalement inepte (d'apr. Rey-Chantr. Expr. 1979). REM. 1. Mot-valise, subst. masc.,ling. Création verbale formée par le téléscopage de deux (ou trois) mots existant dans la langue. Synon. mot porte-manteau (v. ce mot rem.).On trouve des mots-valises dans le parler de certains aliénés (...) dans la poésie moderne (...) dans la publicité et même dans certains vocabulaires techniques (DupréLex.1972). 2. Valoche, subst. fém.,arg., pop., synon.Peu après, Zazie s'amenait accompagnée par un type qui lui portait sa valoche (Queneau, Zazie, 1959, p. 252). Prononc. et Orth.: [vali:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1558 (J. Du Bellay, Les Regrets, 122, éd. J. Joliffe et M. A. Screech, p. 196); 1872 spéc. valise diplomatique (Littré). Empr. à l'ital.valigia « petite malle » (dep. xives., Boccace, A. Pucci, Fr. Sacchetti ds Tomm.-Bell.), du lat. médiév. valisia (xiiie-xives., doc. du domaine ital. d'apr. DEI), d'orig. incertaine, peut-être dér. du rad. gaul. *val- « entourer » (EWFS1-2; FEW t. 23, p. 111). Fréq. abs. littér.: 881. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 234, b) 428; xxes.: a) 1 208, b) 2 590. Bbg. Greimas Mode 1948, p. 53. − Hope 1971, p. 226. − Quem. DDL t. 12. − Wind 1928, p. 156. |