| VAGUEMENT, adv. A. − D'une manière imprécise, confuse, obscure. Répondre vaguement. Vous avez entendu parler vaguement des merveilleux effets du haschisch; votre imagination a préconçu une idée particulière, quelque chose comme un idéal d'ivresse; il vous tarde de savoir si la réalité sera décidément à la hauteur de votre espérance (Baudel., Paradis artif., 1860, p. 356).Un vieil ami me rencontre; exposé d'amertume: il nourrit un grief depuis dix-sept ans; en une circonstance définie, je l'ai traité sans égards. Je me rappelle vaguement que je me défendais, à l'époque, en contre-attaquant, que je lui reprochais sa susceptibilité, sa manie de la persécution, bref que j'avais ma version personnelle de cet incident (Sartre, Mots, 1964, p. 199). B. − 1. De manière faible, peu marquée, peu distincte. Synon. à peine, faiblement.Luire vaguement. Le sol de terre, bossué, humide, semblait gras, et dans le fond de l'appartement, le lit faisait une tache vaguement blanche (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Vieux, 1884, p. 132).Tout en haut la falaise de rochers était encore vaguement éclairée, et les tourelles du fort dessinaient leurs dômes arrondis, ayant l'air de bêtes embusquées (Moselly, Terres lorr., 1907, p. 210). 2. De manière indéfinissable, incertaine, obscure. Roussard était vaguement inquiet de ce voisinage et s'il ne faisait pas encore de rapprochements entre la disparition des autres grands capucins et la présence de ces cousins bizarres qui se terraient au lieu de se gîter, il n'en sentait pas moins le désagrément de leur continuelle et agressive présence (Pergaud, De Goupil, 1910, p. 123). C. − De façon peu affirmée, confuse, indéfinissable, sans insister outre mesure. Elle remercie vaguement, d'un sourire vide, qui ne remonte pas jusqu'à ses grands yeux couleur de café trouble (Colette, Music-hall, 1913, p. 204). Prononc. et Orth.: [vagmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1422-25 « d'une manière errante » aller vaghement (Le Pastoralet, éd. J. Blanchard, 979), en m. fr. seulement; 1455 « d'une manière vague, non définie » aler vaguement et impourveument (J. Mielot, Advis directif pour faire le passage d'Oultre-mer... ds Chevalier cygne, éd. de Reiffenberg, t. 1, p. 310); d'où 1. 1718 « sans fournir les précisions attendues, d'une manière imprécise » il n'en a parlé que vaguement (Ac.); cf. 1735 répondre vaguement (Mouhy, De la paysanne parvenue, p. 92); 2. 1747 « en se faisant des choses une idée imprécise » envisager vaguement qqc. (Tencin, Les Malheurs de l'amour, p. 148); 3. 1758 « d'une manière faible, imperceptible » matières poussées vaguement dans les airs (Helvetius, De l'Esprit, p. 484); 4. 1768 « d'une manière confuse, obscure, indéfinissable » (Diderot, Salon de 1767, p. 336); 1779 vaguement inquiet (Roucher, Les Mois, p. 196); 5. 1818 « d'une manière incertaine, peu reconnaissable » (Nodier, J. Sbogar, p. 135); 6. 1830 « d'une manière peu visible, peu distincte » apercevoir vaguement qqc. (Stendhal, Rouge et Noir, p. 401). Dér. de vague1*; suff. -ment2*. Fréq. abs. littér.: 1 711. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 976, b) 3 635; xxes.: a) 2 671, b) 2 888. |