| URGENCE, subst. fém. A. − 1. Caractère de ce qui est urgent, de ce qui requiert une action, une décision immédiate. Urgence d'un problème; attendu l'urgence du cas. Lorsque la monarchie centralisée fut solidement établie et que les besoins d'une population sans cesse grandissante rendirent nécessaire la création d'organes susceptibles de multiplier les échanges, l'urgence d'une réforme apparut aux yeux de tous (Albitreccia, Gds moyens transp., 1931, p. 11). 2. Être dans l'urgence. Être dans la nécessité. Le salaire proposé: 380 francs par jour, pour des nuits de douze heures, du vendredi soir au lundi matin. « Que faire? Je n'ose plus me révolter. Ils sentent que je suis dans l'urgence et ils en profitent. Ai-je le choix? » (Le Nouvel Observateur, 2-8 avr. 1992, p. 16). B. − Nécessité d'agir rapidement. Il y a urgence. [Schubert] est livré sans répit à l'urgence créatrice, talonné par la nécessité de se hâter [il sent la mort prochaine] (Buenzod, Schubert, 1937, p. 175). − Spécialement ♦ DR. CIVIL. ,,Caractère d'un état de fait susceptible d'entraîner un préjudice irréparable s'il n'y est porté remède à bref délai`` (Cap. 1936). ♦ DR. CONSTIT. Procédure d'urgence. ,,Décision accélérant la procédure législative et permettant au gouvernement d'interrompre la navette après une seule lecture par chaque assemblée en provoquant la réunion d'une commission mixte paritaire`` (Avril-Gicquel Dr. constit., 1986). ♦ DR. PUBL. État d'urgence. Régime exceptionnel qui, en cas d'atteinte grave à l'ordre public ou de calamité nationale, renforce les pouvoirs de l'autorité administrative. L'état d'urgence (...) permet aux autorités administratives de prendre toutes mesures pour assurer le contrôle de la presse et des publications de toute nature (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 143). − P. méton., MÉD. Synon. de cas urgent*.Service des urgences. L'interne de service, somnolent, et qui croyait qu'on venait l'appeler encore une fois pour un accident − les urgences s'étaient succédé toute la nuit − resta complètement ahuri en voyant apparaître « le grand patron » en smoking, à près de cinq heures du matin (Druon, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 82). − Subst. + d'urgence.Secours, soins, traitements d'urgence; intervention chirurgicale d'urgence; en cas d'urgence; Service mobile d'urgence et de réanimation (S.M.U.R.). [L'hôpital Meccano] c'est le nouveau module médical d'urgence créé par la société française Vernier. Puisqu'il se transporte indifféremment par voie de terre, par air ou par mer, on l'appelle TAM (L'Express, 24 juill. 1981, p. 74, col. 1). ♦ Trousse d'urgence. ,,Ensemble de médicaments, d'instruments permettant d'appliquer les premiers soins dans les cas urgents`` (Lar. Lang. fr.). ♦ POSTES, TÉLÉCOMM. Courrier d'urgence. Courrier expédié rapidement, en priorité. Le Moniteur, bénéficiant des courriers d'urgence, arrivait en province en vingt-quatre heures d'avance (Morienval,Créateurs gde presse,1934,p. 37). C. − Loc. adv. 1. D'urgence. Immédiatement, en toute hâte. Demander d'urgence des examens complémentaires; pratiquer d'urgence une intervention; être admis, opéré d'urgence; convoquer qqn d'urgence, de toute urgence, d'extrême urgence. Dans l'après-midi du 27, le général Pétain m'avait mis au courant de ses dispositions pour parer d'urgence à la gravité de la situation (Foch, Mém., t. 2, 1929, p. 90). 2. En urgence. En priorité, immédiatement. Affaire à traiter, à régler en urgence. Devenu roi en urgence à la place de son frère qui vient de mourir à deux doigts de la victoire, Ahmad prend le nom d'Al-Mansour (le Victorieux), pour évincer de la mémoire celui qui lui a légué une gloire trop vite gagnée (Le Nouvel Observateur, 10-16 déc. 1992, p. 136). Prononc. et Orth.: [yʀ
ʒ
ɑ
̃:s]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1550 (G. Paradin, Hist. de Lyon, p. 372 ds Gdf. Compl.), rare av. la 2emoit. du xviiies.; 1762 urgence du besoin (Diderot, Lettres à S. Volland, p. 36); 1789 cas d'urgence (Point du Jour, 27 sept., p. 55 ds Brunot t. 9, p. 778, note 5), att. dans la lexicogr. dep. Ac. 1798. Dér. de urgent*; suff. -ence (v. -ance). Fréq. abs. littér.: 492. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 144, b) 325; xxes.: a) 289, b) 1 620. Bbg. Blochw.-Runk. 1971, p. 190. − Dub. Pol. 1962, p. 440. − Ranft 1908, p. 43, 59. |