| URBANISER, verbe trans. A. − 1. Transformer en ville en affectant à une occupation urbaine un espace qui jusqu'alors avait d'autres destinations et en introduisant les améliorations conformes aux principes de l'urbanisme. Périmètre à urbaniser. Le ministère de l'équipement (...) a pour fonction principale de déduire des prévisions globales pluriannuelles et annuelles, l'échéancier précis des mises en état de terrains, de la traduire en zones d'aménagement différées, en zones d'habitation et en zones à urbaniser par priorité (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 131). 2. Empl. pronom. a) Se transformer, se concentrer en agglomération urbaine. Zone rurale qui commence à s'urbaniser. D'autres difficultés tiennent aux conditions de l'évolution économique et démographique du monde rural français. La France s'industrialise et s'urbanise (Encyclop. éduc., 1960, p. 189). b) S'adapter à la vie urbaine. L'intelligence a toujours dû s'urbaniser pour atteindre les sommets, car l'intelligence est aventurière; tandis que la foi, qui est fidélité et contemplation, s'accommode mieux du silence des champs (Mounier, Traité caract., 1946, p. 87). B. − Vieilli ou littér. Rendre urbain, plus civil, en faisant adopter des usages plus raffinés, plus courtois. Synon. raffiner.Long-temps avant le sixième siècle, leurs relations [des Francs] avec les Romains avaient urbanisé leurs coutumes, sinon humanisé leur caractère (Chateaubr., Ét. ou Disc. hist., t. 3, 1831, p. 212).La fortune, loin d'urbaniser l'homme du peuple, ne sert le plus souvent qu'à mettre en relief sa grossièreté (Proudhon, Guerre et paix, 1861, p. 50). REM. Urbanisé, -ée, part. passé en empl. adj.Qui a été aménagé en agglomération ou en zone urbaine, qui a les caractères d'une ville. Région peu urbanisée, fortement urbanisée. Quartiers nouvellement urbanisés (Lar. Lang. fr.). Les études en milieu urbain et industriel − et surtout en milieu récemment industrialisé et urbanisé − sont actuellement en retard sur celles des milieux ruraux (Traité sociol., 1968, p. 63). Prononc.: [yʀbanize], (il) urbanise [-ni:z]. Étymol. et Hist. 1. 1785 « faire acquérir de l'urbanité à (quelqu'un) » (N. Restif de La Bretonne, Mes inscriptions, éd. P. Cottin, no577, 25 nov. ds Brunot t. 6, p. 1155); 1801 (Mercier Néol.); 2. a) 1873 « donner le caractère de la ville, le caractère citadin à » (About, le journal le XIXesiècle, 6 avril, 3epage, 5ecol. ds Littré Suppl. 1877: vous urbanisez l'entourage, les habitudes, le labeur même du campagnard); 1936 (Arts et litt., p. 52-2: la Pologne agitée [...] urbanisée, voire à demi-bolchevisée d'aujourd'hui); b) 1924 pronom. « se concentrer dans les agglomérations urbaines (en parlant d'une population) » (H. Baulig, La Population des États-Unis en 1920 ds Ann. de géogr., t. 33, p. 562: la population nègre [...] s'est « urbanisée » à une allure beaucoup plus rapide); c) 1941 « transformer (un espace) en ville » (G. Bardet, Probl. d'urban., p. 103: les zones urbanisées de la banlieue immédiate); 1958 zone à urbaniser en priorité (Décret no58-1464 du 31 déc. 1958 ds J. Officiel, 4 janv. 1959, p. 269a); d) 1949 « aménager les villes » (Hanse, p. 734: urbaniser, dans un sens élargi (aménager les villes au mieux de la beauté et de la commodité)). Dér. sav. de urbain*; suff. -iser*. |