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TÉMÉRITÉ, subst. fém.
A. − Audace imprudente; hardiesse excessive et inconsidérée. Anton. circonspection, crainte, précaution, prudence.Aveugle, folle, fougueuse témérité; témérité d'une entreprise, d'un projet; rivaliser de témérité; avoir la témérité de + inf. Une prudence exagérée touche de près à la lâcheté; une témérité excessive n'est souvent que de la vanité ou de la démence (J. Simon, Devoir, 1854, p. 387).La témérité folle d'un chef d'armée qui ne voulait pas être vaincu (Zola, Débâcle, 1892, p. 351).
− P. méton., vieilli. [Avec une valeur méliorative] Acte de courage. Une noble témérité; il y a des témérités heureuses (Ac.). L'humilité feinte du monsieur qui a craint de mourir et qui sent se développer en soi d'héroïques témérités à mesure que son cœur se rouvre à l'espérance (Courteline, Ah! Jeun., Qd je pédalais, 1897, p. 130).
B. − Domaine des arts, de la litt.Effet risqué susceptible de choquer, de donner prise à la critique. Frescobaldi, Couperin, Schubert et Chopin, par leurs témérités d'expression et de style ont devancé de cinquante ans les révolutionnaires de l'orchestre (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1434).Le philosophe intellectualiste qui veut maintenir les mots dans la précision de leur sens, qui prend les mots comme les mille petits outils d'une pensée lucide ne peut que s'étonner devant les témérités du poète (Bachelard, Poét. espace, 1957, p. 138).
Prononc. et Orth.: [temeʀite]. Ac. 1694, 1718: temerité; dep. 1740: témérité. Étymol. et Hist. 1. Ca 1380 « hardiesse imprudente, inconsidérée » (Roques t. 2, I, Paris B.N. Lat. 13032 12247: temeritas: temerités. presumpcion. folie); 2. 1624 « acte, discours téméraire » (Malherbe, Poésies, XCI ds Œuvres, éd. L. Lalanne, t. 1, p. 260). Empr. au lat.temeritas « hasard aveugle; irréflexion, témérité ». Fréq. abs. littér.: 310. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 682, b) 396; xxes.: a) 388, b) 289.