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TYMPAN, subst. masc.
A. −
1. ANAT. Membrane fibreuse, élastique et translucide, qui sépare le conduit auditif externe de l'oreille moyenne et qui est l'organe récepteur des sons. Perforation du tympan; crever, déchirer le tympan. J'ai l'oreille dure, une oreille, parce que mon tympan s'est épaissi. J'entends tout de même, mais moins vite (Renard, Journal, 1908, p. 1167).Si on ne pratique pas la paracentèse pour donner issue au pus, le tympan se perfore spontanément (Menetrier, Stévenin dsNouv. Traité Méd.fasc. 11926, p. 293).
Membrane du tympan. Même sens. Qu'est-ce qu'écouter, sinon déployer une action sur les muscles destinés à communiquer divers degrés de tension à la membrane du tympan (Maine de Biran, Influence habit., 1803, p. 25).Les ondes sonores parviennent normalement à l'oreille interne par la membrane du tympan, l'air contenu dans l'oreille moyenne, et la fenêtre ronde (Arts et litt., 1935, p. 34-7).
Caisse du tympan et, p. ell., rare, tympan. Cavité de l'oreille moyenne, comprise entre le conduit auditif externe et l'oreille interne, où sont situés les osselets articulés qui transmettent les vibrations à la membrane du tympan. Synon. caisse tympanique*.Sa loge postérieure est la plus courte, et communique avec la caisse du tympan par la fenêtre ronde, qui est fermée par une membrane (Cuvier, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 465).
2. P. méton. Oreille, organe de l'audition. À un moment donné, éclate en un article-réclame, le grossier coup de trompette qui fait pénétrer dans les plus durs tympans le nom de l'idole nouvelle (Rolland, J.-Chr., Amies, 1910, p. 1092).L'excès même de cette colère de faible, bien douce à nos tympans, nuisait à notre cause (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 70).
P. exagér., loc. verb. Briser, casser, crever, déchirer, fracasser, etc. le(s) tympan(s). Produire un bruit assourdissant. Que pensez-vous de l'emploi du trille vocal dans la musique dramatique? me demandait un soir un amateur dont une prima donna venait de vriller le tympan (Berlioz, Grotesques mus., 1859, p. 181).Allons, si tu es un coq, montre que tu es un coq et non pas un petit poulet sans crête qui ne sait que se dresser sur ses ergots en battant des ailes et en ouvrant le bec, (...), et qui vous perce le tympan avec sa voix pointue d'imbécile! (Claudel, Endormie, 1883, p. 13).
3. P. anal.
a) [Chez certains animaux comme les reptiles, les batraciens, les oiseaux] Membrane externe fermant le conduit auditif située généralement à fleur de tête. Le tympan de leur oreille [des vertébrés à sang froid], lorsqu'il existe, est toujours à fleur de tête; il manque souvent, ainsi que les osselets (Cuvier, Anat. comp., t. 1, 1805, p. 67).
b) [Chez les insectes] Membrane cuticulaire mince dont les vibrations sont transmises aux centres sensoriels et située selon les espèces au niveau de la tête, du thorax, de l'abdomen ou d'une patte (d'apr. Séguy 1967).
4. Vx ou littér. [Pour désigner divers instruments à percussion, tympanon, gong, etc.] Il y a des guitares, des morceaux de bois, que l'on frappe comme des tympans, que l'on heurte comme des castagnettes (Claudel, Connaiss. Est, 1907, p. 40).Tambour, cloche, ou tympan de bronze (...) se trouvent étroitement liés à la destinée (...) de la cité (Schaeffner, Orig. instrum. mus., 1936, p. 104).
B. −
1. ARCHIT. Espace triangulaire, compris entre les deux corniches rampantes et la corniche horizontale d'un fronton. Les nus des figures du tympan du Parthénon (Viollet-Le-Duc, Archit., 1872, p. 246).Cet ancien château (...) avec (...) son fronton dans le tympan duquel était logée une puissante horloge (Huysmans, En route, t. 2, 1895, p. 56).
[Dans les églises romanes ou gothiques] Espace compris entre l'archivolte et le linteau d'un portail, le plus souvent orné de sculptures. En sortant de la cathédrale (...) j'ai pu examiner la façade. Le grand tympan du portail central est des plus curieux (Hugo, Rhin, 1842, p. 19).Les tympans et les chapiteaux des vieux sanctuaires romans (Faure, Espr. formes, 1927, p. 32).
P. anal., MENUIS. Panneau, orné ou ajouré, situé entre les moulures dans la partie supérieure d'un dormant de porte ou de fenêtre. [Pierre] souleva la portière et admira le travail exquis de la porte sculptée, ainsi que les ornements d'architecture à filets délicatement enroulés qui encadraient les chambranles et le tympan (Sand, Compagn. Tour de Fr., 1840, p. 33).Ces belles figures de la Poésie (...) de la Justice, que Raphaël a peintes dans les tympans et les voussures des chambres du Vatican (Gautier, Guide Louvre, 1872, p. 169).
2. TECHNOLOGIE
a) IMPR. TRADITIONNELLE. Cadre métallique garni d'une toile fine, monté sur charnière, sur lequel on place la feuille à imprimer dans les presses à bras. V. frisquette ex. de Balzac.
b) HYDRAULIQUE. Roue hydraulique élévatoire, qui était mue autrefois par des hommes marchant à l'intérieur pour imprimer un mouvement de rotation. Les roues élévatoires sont des engins (...) qu'on peut utiliser (...) pour des élévations ne dépassant pas quelques mètres. On emploie la roue (...) à tympans (Haton de La Goupillière, Exploitation mines, 1905, p. 649).
c) MÉCAN. Pignon enté sur un arbre et qui engrène sur une roue dentée. Tympan d'une horloge. [Les catapultes] se bandaient avec des leviers, des moufles, des cabestans ou des tympans (Flaub., Salammbô, t. 2, 1863, p. 77).
d) CONSTR. Mur de tête d'un pont servant à maintenir les terres de remblai des voûtes. [Il faut] surmonter la voûte de maçonneries (...) appelées tympans, qui portent le tablier sur lequel passe la voie publique (Degrand, Résal, Ponts en maçonn., 1887, p. 72).La maîtrise de l'ingénieur [d'un pont] était prouvée par divers détails d'architecture, comme l'évidement des tympans pour alléger la charge (P. Rousseau, Hist. transp., 1961, p. 72).
REM.
Tympano-, élém. de compos.entrant dans la constr. de qq. termes dans le domaine de la méd.V. tympanoplastie, s.v. -plastie B 4 et aussi:a)
Tympanophonie, subst. fém.,,Bourdonnement d'oreille`` (Méd. Biol. t. 3 1972).
b)
Tympanosclérose, subst. fém.,,Sclérose cicatricielle du tympan consécutive à une infection de l'oreille moyenne`` (d'apr. Pt Lar. Méd. 1976).
c)
Tympanotomie, subst. fém.,,Paracentèse du tympan`` (Méd. Biol. t. 3 1972).
Prononc. et Orth.: [tε ̃pɑ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1170 « tambour de basque » (Livre des rois, éd. E. R. Curtius, 1. I, IX, 6); 2. 1506 archit. timpan (Fabr. de Tréguier, A. Côtes-du-Nord ds Gdf. Compl.); 3. 1523 impr. (doc. ds Mém. Soc. hist. de Paris, p. 135); 4. 1547 « panneau de menuiserie » (J. Martin, Architec. Vitruve, 62 vods Cah. Lexicol. t. 19 1971, p. 107); 5. 1567 « roue hydraulique élévatoire » (Id., ibid., p. 141 vo); 6. 1676 « pignon enté sur un arbre » (Félibien, p. 765). B. 1. 1552 tympane « membrane qui sépare l'oreille moyenne du conduit auditif externe » (Rabelais, Quart Livre, éd. R. Marichal, chap. XXX, 1. 13, p. 142); 2. 1814 « cavité de l'oreille moyenne » (Nysten); 3. a) 1830 avoir le tympan déchiré (par un cri) (Balzac, Œuvres div., t. 1, p. 299); b) 1835 bruit à briser le tympan (Ac.); c) 1859 casser le tympan à qqn (Mérimée, Lettres Panizzi, t. 1, p. 29). Empr. au lat.tympanum « tambourin, tambour », « machine élévatoire, grue » et aussi chez Vitruve au sens architectural; du gr. τ υ ́ μ π α ν ο ν « tambour ». Fréq. abs. littér.: 201. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 543, b) 166; xxes.: a) 197, b) 182.
DÉR.
Tympanal, -ale, -aux, adj.,anat. Os, anneau, cercle tympanal et, p. ell., le tympanal, subst. masc. sing. (Os) qui forme le temporal avec le rocher et l'écaille. Synon. tympanique1.L'os tympanal entre surtout dans la constitution du conduit auditif externe, et contribue à fermer en dehors la caisse du tympan (G. Gérard, Anat. hum., 1912, p. 49). [tε ̃panal], plur. masc. [-o]. 1reattest. 1865 adj. cercle, cadre, os tympanal et subst. masc. (Littré-Robin); de tympan, suff. -al*.
BBG.Born. 1967, p. II, 9, 44. − Goug. Mots t. 1 1962, pp. 250-254.