| TURQUERIE, subst. fém. A. − Objet d'origine ou d'inspiration turque, orientale. Acheter, aimer les turqueries. Il faut parfois aller au Bazar, les jours d'emplettes indispensables. Le Bazar est alors une ressource unique. Nos grands magasins d'Occident contiennent beaucoup moins de marchandises hétéroclites et M. Carazoff lui-même n'est pas aussi bien monté en turqueries (Farrère, Homme qui assass., 1907, p. 275).Je collectionne les turqueries. Qui est chargé au monde de me révéler la trahison de Paola, je vous le demande, sinon ma Turque de Lyotard, ma petite odalisque nue sur son divan rayé (Giraudoux, Lucrèce, 1944, I, 5, p. 43). − HIST. DE L'ART. Tableau, œuvre littéraire ou musicale d'inspiration orientale, où l'on représente des personnages d'une Turquie de convention. Les turqueries peintes aux Batignolles, sous un jour froid? − Ça, du grand art? (Huysmans, Art mod., 1883, p. 9). − HIST. DES SPECTACLES (ballet, opéra). Divertissement où interviennent des personnages turcs. On y a joué (...) le Bourgeois gentilhomme (...) La pièce plut et les turqueries firent beaucoup rire (A. France, Génie lat., 1909, p. 131).Contemporain de Berlioz, Félicien David (1810-1876) (...) révélait aux musiciens un Orient qui n'était plus celui des conventionnelles « turqueries » du siècle précédent, mais un Orient vrai, ou du moins présenté sous un aspect directement inspiré du folklore (Dumesnil, Hist. théâtre lyr., 1953, p. 134). B. − Rare. Caractère turc de quelque chose, de quelqu'un. [P. réf. à l'aspect phys. des Turcs] Le financier était pâle et bouffi, ce qui ajoutait encore à la turquerie de sa figure assez belle, mais antipathique (L. Daudet, Entremett., 1921, p. 208).[P. réf. à la tradition turque, en partic. en matière d'art] De la turquerie grande-bourgeoise restait accrochée à des portiques portés par de minces colonnes, à des galeries de fonte, à de larges vérandas, à des mignardises courant sur une architecture cossue dont le fond n'était pas sans brutalité (Romains, Hommes bonne vol., 1939, p. 122). Prononc. et Orth.: [tyʀkə
ʀi]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. 1668 fig. « dureté, âpreté » (Molière, L'Avare, II, 4); 2. 1831 « composition artistique ou littéraire dont les sujets sont empruntés aux mœurs turques ou au décor oriental » (Sainte-Beuve, L'Abbé Prévost ds R. de Paris, t. 30, p. 216: cette gracieuse turquerie, jetée au travers de nos gentilshommes français). Dér. de turc*; suff. -erie*. Fréq. abs. littér.: 14. Bbg. Nies (Fr.). Textarten-Appellative... Z. rom. Philol. 1982, t. 98, p. 330. |