| TURC1, TURQUE, adj. et subst. I. − Adjectif A. − [En parlant d'un inanimé concr. ou abstr.] 1. Propre aux institutions de la Turquie ottomane ou moderne. Sérail turc; civilisation, coutume, république turque; livre, monnaie turque. J'arrivais à Constantinople avec des masses armées; je fondais dans l'Orient, à la place de l'empire turc, un nouvel et grand empire (Dumas père, Napoléon, 1831, ii, tabl. 3, 4, p. 42).Dès la fin du XIXesiècle le gouvernement turc avait conçu le projet de relier Stamboul, alors capitale de l'empire, à Bagdad (Albitreccia, Gds moyens de transp., 1931, p. 64). ♦ Année turque (vx). L'année turque ou arabe reconnoît 354 jours, et reçoit onze mois intercalaires, en vingt-neuf ans (Chateaubr., Génie, t. 1, 1803, p. 125). 2. [Avec une valeur caractérisante] Relatif à la civilisation turque (notamment à celle de la Turquie ottomane); caractéristique de la représentation que s'en font les Occidentaux. a) [En parlant d'inanimés concr.]
α) [Qualifie une chose] Quant au turban, il est de cotonnade un peu plus blanche et seulement rayé sur le bord, quelquefois à franges; on le roule à la mode du turban turc avec un bout sur l'oreille, très-bas par devant, touchant au sourcil (Fromentin, Été Sahara, 1857, p. 147).Souliers turcs à semelle concave, où le pied se sent étranger (Gide, Journal, 1914, p. 402).V. divan2ex. de Goncourt. ♦ Café turc. Café noir et fort, servi dans une très petite tasse avec le marc que l'on précipite au fond en versant quelques gouttes d'eau froide. Je détruirai l'équilibre du budget de toute ma semaine pour m'offrir une tasse de café turc, parce que, en passant devant l'établissement du même nom, je n'aurai pas su résister à l'odeur adorable du moka (Miomandre, Écrit sur eau, 1908, p. 197). ♦ Pipe turque. Synon. de chibouque, narguilé.Mademoiselle Mariette, en peignoir blanc garni de dentelles, étendue sur un divan, tenait une longue pipe turque et se servait de son pied pour soutenir le fourneau de la pipe (Champfl., Avent. MlleMariette, 1853, p. 29). ♦ Tabac turc. Tabac blond, très parfumé. Un bocal d'excellent tabac turc que m'a donné M. Cloquet et qui me sert à charmer mes loisirs (Flaub., Corresp., 1843, p. 138). − AMEUBL. Veilleuse turque. Les veilleuses sont des espèces d'ottomanes, cintrées quelquefois seulement aux extrémités; cintrées aussi d'autres fois par derrière, et dont le dossier est quelquefois plus élevé par un bout que par l'autre. Quand le dossier est également élevé aux deux extrémités, elles prennent le nom de veilleuses turques (Nosban, Manuel menuisier, t. 2, 1857, p. 21). − ARTS DÉCOR. Tapis turc. Tapis d'Orient de haute laine. Un tapis turc si épais qu'on peut tomber partout sans se faire mal (Gautier, Fracasse, 1863, p. 193). − BROD. Point turc. ,,Sorte de jour fait avec une grosse aiguille et du fil fin, formant deux rangées de petits trous contrariés, des deux côtés, par un cordonnet ou feston`` (Peyroux Techn. Métiers 1985). − HYG. Bain turc. Bain de sudation consistant en bains de vapeur suivis de douche chaude et de massages; p. méton., lieu où sont pris ces bains (synon. hammam). C'est l'heure où les noctambules n'ont plus d'autre ressource que d'aller coucher aux bains turcs de l'Impérial, ouverts toute la nuit, et d'où les corps, dans leur suaire, émergent à l'aube, comme au Jugement Dernier (Morand, Londres, 1933, p. 174): Si vous allez à Athènes, vous y prendrez des bains turcs, et vous vous en trouverez bien. Autant les bains français s'appliquent à ressembler aux bains turcs, autant les établissements de bains turcs ressemblent extérieurement à des bains français. Le meilleur des deux bains turcs qui sont à Athènes est une maison sans apparence...
About, Grèce, 1854, p. 410. − MUS. À deux temps et très rythmé. Rondeau turc de Mozart. La Marche turque (Rob. 1985).
β) [Qualifie une couleur] Couleurs turques. Couleurs du drapeau turc. Les couleurs turques et françaises formaient un berceau et un tapis fort agréables sur lesquels se mariaient le Koran et la Table des Droits de l'Homme (Vigny, Serv. et grand. milit., 1835, p. 149). − [Pour préciser la nuance] ♦ Rose turc. Rose délavé, passé. La Parisienne (...) est passée aux couleurs qu'on appelle fausses, mais aux couleurs fausses fabriquées par l'Orient, à l'adorable rose turc, au délicieux mauve japonais, etc. (Goncourt, Journal, 1889, p. 977). ♦ Rouge turc. Rouge vif. Synon. rouge d'Andrinople (v. ce mot A).Le rouge turc est une laque sur chaux et alumine avec huile tournante (Coffignier, Coul. et peint., 1924, p. 314).
γ) Loc. adj. À la turque. [Corresp. aux princ. empl. de l'adj. turc] Particulier aux Turcs, à leurs coutumes. Papa (...) gagnait quelques florins à montrer aux amateurs trente-six qualités de salade, à la Turque, à la Génoise (...), à l'huile de noisette (Audiberti, Mal court, 1947, ii, p. 168). ♦ Café à la turque. Synon. de café turc (supra I A 2 a α).Ali apporta le café. − Comment le prendrez-vous? dit l'inconnu: à la française ou à la turque, fort ou léger, sucré ou non sucré, passé ou bouilli? À votre choix: il y en a de préparé de toutes les façons. − Je le prendrai à la turque, répondit Franz (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 407). − SANITAIRES. Cabinet, latrine, toilette, W.C. à la turque. Installation sanitaire sans siège, ne comportant qu'une cuvette d'évacuation et un repose-pieds. V. latrine ex. de Macaigne. b) [En parlant de comportements] L'hospitalité turque n'a point de bornes (Farrère, Homme qui assass., 1907, p. 197).Cet accent qu'il avait pouvait bien être un accent turc (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 36). − Loc. adv. À la turque ♦ Péj., fam. Traiter qqn à la turque. Traiter quelqu'un durement, rudement, sans ménagement. Traiter ses ouvriers à la turque (Lar. Lang. fr.). ♦ S'accroupir, s'asseoir à la turque. S'accroupir, s'asseoir les jambes repliées en tailleur, à même le sol. Il ramène ses jambes sous lui et s'assied sur ses talons, à la turque (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 256). B. − ZOOL. [En parlant d'un animal] Originaire de Turquie, de race particulière à ce pays. ♦ Cheval turc. Cheval d'une race intermédiaire entre le cheval arabe et le persan. (Dict. xixeet xxes.). Subst. masc. Derrière cette crête, il y a Sainte-Claire; trois pelés et un tondu, mais ils ont de beaux petits mulets. Des bêtes courtes; des turcs. La seule chose: ils ont l'arrière-main mal disposée; habitués à la terre lourde (Giono, Bonheur fou, 1957, p. 355). ♦ Chien turc. Chien à poil ras. (Dict. xixeet xxes.). II. A. − Adj. et subst. 1. a) (Celui, celle) qui est né(e), qui habite en Turquie ou qui en est originaire. Guerrier, nazir, pacha, sultan turc; femme turque. Il restait quelques familles turques dans l'île de Négrepont, lorsque la guerre d'Orient a éclaté: je suppose qu'elles ont quitté le royaume (About, Grèce, 1854, p. 74).Les dames turques campagnardes s'habillent d'une grande pièce de soie qui les enveloppe de la nuque aux chevilles, et leurs cheveux se cachent dans de petits capuchons de la même soie (Farrère, Homme qui assass., 1907, p. 79). − Empl. subst. masc. sing. à valeur de coll. Population turque ou empire turc. Chasser le Turc. Le Turc fut vaincu (Ac. Compl. 1842). Les gens les plus heureux que notre terre porte Sont le Turc et sa pipe accroupis sur leur porte. Mais il faut être Turc pour prendre ce parti (Banville, Cariat., 1842, p. 63). b) ETHNOL., HIST. (Celui, celle) qui appartient au peuple d'Asie centrale dont les migrations conquérantes aboutirent au xes. au Moyen-Orient et en Anatolie (Turquie moderne). Les Barbares, ces hordes de nomades déchaînés que l'Antiquité avait baptisés Scythes et que les Occidentaux avaient ensuite connus sous le nom de Huns, de Turcs ou de Mongols (P. Rousseau, Hist. transp., 1961, p. 79). c) Vx. (Qui est) musulman, sectateur de Mahomet. On doit se rappeler que le terme « Turc » en Asie Mineure et en Europe (...) [s']applique à des individus (...) qui, à divers moments, ont été convertis, de gré ou de force, à l'Islam (Haddon, Races hum., trad. par A. Van Gennep, 1930, p. 186). − Loc. Se faire turc. Se convertir à la religion musulmane. Le pacha, d'après un texte du Koran qui était favorable à l'accusé, lui donna l'alternative ou d'être pendu une seconde fois, ou de se faire Turc. Aboulias préféra ce dernier parti, et pratiqua pendant quelque temps l'islamisme (Lamart., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 194). 2. Expr. et loc. a) JEUX. Tête de turc. Dynamomètre représentant une tête de Turc, le front ceint d'un turban, sur laquelle on frappait avec un maillet dans les fêtes foraines pour estimer sa force physique. La tête de Turc dressée sur son échafaud, qui allait être tout à l'heure assommée à coups de maillet et qui pour l'instant faisait seule face à la bourrasque (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 254). − P. anal., fam. Personne qui est la cible des attaques, des railleries de quelqu'un. Synon. souffre-douleur.Il ne riait pas, bien que le père Savon fût sa tête de Turc ordinaire et qu'il eût épuisé sur lui la série des plaisanteries inconvenantes au sujet de ses malheurs conjugaux (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Hérit., 1884, p. 500).Ce pitre bégayant, qui se nomme Mariéton et qui est la tête de Turc sur laquelle chacun donne son coup d'esprit (Goncourt, Journal, 1891, p. 110). b) HISTOIRE
α) Grand(-)Turc. Sultan empereur des Turcs. Cette marquise est aussi invisible dans ses petits boudoirs de Brimborion que le Grand-Turc dans son sérail (Musset, Mouche, 1854, p. 271).Le Grand Turc assassin fait-il flamber trois mille femmes chrétiennes dans l'église d'Orfa? Le pape Léon XIII n'a pas un mot de révolte (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. 383). − Loc. fam., vieilli. Travailler pour le Grand Turc. ,,Travailler gratuitement`` (Rey-Chantr. Expr. 1979). Synon. travailler pour le roi de Prusse (v. roi I A 4 d).Ne pas faire plus de cas de qqc./de qqn que du Grand Turc. Ne prêter aucune attention à quelque chose, à quelqu'un. (Dict. xixeet xxes.). Penser à qqn comme au Grand Turc. Ne pas penser du tout à quelqu'un. Ma chère, il pense à toi comme au grand Turc, dit Florine à voix basse (Balzac, Illus. perdues, 1839, p. 332).Ne pas compter plus que le Grand Turc. Ne pas compter du tout. Si je tombais malade, on s'occuperait un peu de moi; mais, valide et bien portant, je ne compte pas plus que le Grand Turc (Amiel, Journal, 1866, p. 461).
β) Jeune(-)turc. Partisan de la Jeune Turquie, mouvement nationaliste et progressiste qui, à la fin du xixeet au début du xxes., visait à réformer les institutions de l'Empire ottoman. Les Jeunes-Turcs (...) ne voudront pas laisser dire (...) qu'ils ont été les fourriers de l'ennemi, ou les fossoyeurs de la patrie turque (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p. 103). − En appos. avec valeur d'adj. La révolution jeune turque (1908), instaurant un régime constitutionnel, avec un parlement, dans l'Empire ottoman, permit aux mécontents de toute sorte de s'organiser (Encyclop. univ. t. 2 1968, p. 234c, s.v. arabisme). − P. ext. Partisan d'une politique, d'une action radicale ou violente. Les catholiques renforcent leurs milices paramilitaires, font pression sur les jeunes turcs jusqu'auboutistes groupés autour du Premier ministre Ky : « Il faut couper les têtes du mouvement bouddhiste » (Le Nouvel Observateur, 25 mai 1966, p. 10, col. 3). ♦ P. anal., dans le domaine des arts, des idées, des sciences.Personne qui est d'avant-garde; novateur. L'art abstrait se penche sur son passé. 1950-1957: l'art des « grands » du genre est déjà de l'académisme aux yeux des « jeunes Turcs » de vingt-cinq ans (Paris-Match, 14 oct. 1967, p. 48, col. 2).Les premiers animateurs de cette école [des Recherches sociologiques Outre-Mer] soucieuse d'action pratique ont pu faire figure de jeunes Turcs (Traité sociol., 1967, p. 110). c) [Avec une valeur caractérisante]
α) [P. réf. à l'anc. réputation de force phys. des Turcs] Fort comme un Turc. V. fort1I A 1.Mon grand-père maternel était boulanger, fort comme un turc et joyeux ivrogne (Guéhenno, Journal homme 40 ans, 1934, p. 60).
β) Vieilli, péj. [P. réf. à l'anc. réputation de barbarie, de dureté des Turcs] (Celui, celle) qui est barbare, cruel(le), sans pitié. Cet homme est un vrai Turc (Ac.1835, 1878). − Loc. fam. ♦ Être turc dans/en/sur qqc. Avoir une attitude dure, cruelle, impitoyable vis-à-vis d'autres personnes. Un peu turc dans sa manière, il mettait au bagne ce bon peuple, mais sans l'abuser le moins du monde, et ne nous cacha point sa royale pensée, qui fut toujours d'avoir en propre nos corps et nos biens seulement. Des âmes, il en faisait peu de cas (Courier, Pamphlets pol., Réponses aux anon., 1, 1822, p. 150).Être inflexible sur (une idée, une opinion, une décision). Le conquérant Fortimbras en eût fait demain sa maîtresse; il est turc là-dessus! (Laforgue, Moral. légend., 1887, p. 48). ♦ Traiter de Turc à Maure. [P. réf. à la façon rigoureuse dont les Turcs traitaient les Maures d'Afrique du Nord] Je remarque souvent qu'elle te traite de Turc à Maure, mon garçon (Feuillet, Scènes et com., 1854, p. 97).J'aurais voulu que les heureux de cette vie (...) génies méconnus de brasserie traitant de Turc à More critiques et éditeurs, j'aurais voulu que tous ceux-là entendissent ce que disaient ces femmes (Lorrain, Âmes automne, 1898, p. 169). 3. Qui (sans être turc) défend la cause, les intérêts turcs. Le peuple [arabe] s'inquiète fort peu de tout ce qui se passe. Il était égyptien sous Mahomet, il redevient turc sous Abbas, il sera anglais plus tard quand l'Angleterre se sera emparée de l'Égypte (ce qui arrivera un de ces matins) (Flaub., Corresp., 1849, p. 137). − [P. méton.] Nos journaux ont été bien misérablement turcs dans ces derniers temps. Comment ont-ils pu jamais oublier la noble cause de la Grèce et tomber en admiration devant des barbares qui répandent sur la patrie des grands hommes et la plus belle patrie de l'Europe l'esclavage et la peste? (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 441). B. − Subst. masc. sing., LING. Groupe de langues ouralo-altaïques parlées en Turquie et dans certaines régions d'Asie centrale; en partic., langue turque parlée en Turquie. C'est [le Collége de France] une enceinte polyglotte où l'on passe du turc au sanscrit, de l'arabe au persan (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 279).Dès la fin du XVIIesiècle, la France avait installé à Péra un séminaire où quelques enfants, « les Jeunes des Langues », apprenaient le turc chez des Capucins (Chazelle, Diplom., 1962, p. 106). − Empl. adj. Qui se rapporte à la langue turque. Grammaire, traduction turque. Comme la prose, la poésie s'efforce d'employer un vocabulaire strictement turc et d'éviter les influences étrangères (Arts et litt., 1936, p. 56-3).V. arménien ex. 2. − Loc. Parler (le) turc. Parler la langue turque. À présent, je parle turc, je ne suis plus tout à fait un Infidèle (Farrère, Homme qui assass., 1907, p. 314). REM. 1. -turc, -turque, élém. de compos. entrant dans la constr. d'adj. signifiant « qui est à la fois turc et d'un autre pays désigné par le 1er élém. »a) 2. Irako-turc, -turque. -Aujourd'hui, l'opération combinée irako-turque les enferme [les maquisards kurdes] dans un véritable étau. Est-ce le commencement de la fin d'un peuple? (Le Nouvel Observateur, 3 juin 1983, p. 38, col. 4). b) Russo-turc, -turque. -La campagne russo-turque de 1877-1878 (Bariéty, Coury, Hist. méd., 1963, p. 714). Turco-, élém. de compos.représentant l'adj. turc, entrant dans la constr. d'adj. ou de subst. où il indique le rapport de qqc. ou de qqn à la fois avec la Turquie et avec un autre pays désigné par le 2eélém.a) [Suivi d'un trait d'union; le 2eélém. est un adj. ethnique]
α) Turco-chinois, -oise, adj.Qui appartient à la Turquie et à la Chine. Edmond Drouin a écrit jadis de nombreux mémoires sur les monnaies (...) touraniennes, turco-chinoises (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 387).
β) Turco-mongol, -ole, adj. et subst.Ethnol. (Celui, celle) qui appartient au peuple turc et au peuple mongol. L'habitation des Shillouk et celle des Turco-Mongols présentent ainsi une similitude de formes, mais elles diffèrent considérablement par le mode de construction (Lowie, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p. 114).Ling., subst. masc. sing. Ensemble formé par les langues turques et mongoles. De la Hongrie à la Mandchourie, les steppes traversent l'Eurasie (...). Cette longue bande est le lieu d'un brassage entre peuples. Quatre ensembles linguistiques se la partagent, indo-européen, caucasique, ouralo-altaïque, turco-mongol (Le Nouvel Observateur, 20 oct. 1975, p. 66, col. 1).
γ) Turco-persan, -ane, adj.Qui appartient aux cultures turques et persanes. Andritch (...) comme tant d'écrivains balkaniques (...) verse dans la forme ancienne du conte turco-persan, où fleurit le motif du vizir en disgrâce, un contenu mi-poétique, mi-philosophique d'inspiration personnelle et d'allure moderne (Arts et litt., 1936, p. 52-5).Ling. [En parlant de mots, de termes] Emprunté au persan par le turc. (Dict. xxes.).
δ) Turco-tartare, adj. et subst.Ethnol. (Celui, celle) qui appartient au groupe des Turcs et des Tartares. Tribu turco-tartare (Davau-Cohen 1972). Hist. de la ling., subst. masc. sing. Ensemble des langues du groupe turc, parlées en Turquie et en Asie centrale. (Dict. xxes.). b) [Sans trait d'union; le 2eélém. est un élém. formant tiré du gr.; les mots constr. expriment des rapports affectifs ou ling. avec la Turquie]
α) Turcomanie, subst. fém.Enthousiasme, passion pour ce qui est turc. MmeTallien, pour lui plaire [au Grand-Turc] (...) arbore hardiment le turban, et voici le turban lancé, imposé pour deux ans, et la veste courte ouverte sur la poitrine nue et le large pantalon de gaze rose retenu à la cheville par des anneaux d'or. C'est la turcomanie (L. Madelin inL'Hist. pour tous, oct. 1965, p. 517 ds Quem. DDL t. 28).
β) Turcophage, adj.[En parlant d'une pers.] Ennemi des Turcs. Bien que turcophage, mon père avait nonobstant rancune au cœur contre les polissons russes (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 159).
γ) Turcophile, adj. et subst.(Celui, celle) qui est ami(e), partisan(e) des Turcs, de la Turquie. Vous savez que M. Pierre Loti est turcophile. Je suis personnellement autorisé à publier ces photographies pour servir la cause turque en flétrissant la barbarie bulgare (Duhamel, Cécile, 1938, p. 27).
δ) Turcophobe, adj. et subst.(Celui, celle) qui craint ou qui hait les Turcs, la Turquie. La revue n'est point turcophobe ni chauvine. Elle n'entend nullement sacrifier au patriotisme belliqueux qui est à cette heure le sentiment dominant en Russie (V. Jaclard, Let. à Vallès, 15 déc. 1877, p. 143 ds Quem. DDL t. 6).V. infra ex. de G. Valbert. Turcophobie, subst. fém.Crainte ou haine des Turcs, de la Turquie. Le prétendu Osmanli a vu beaucoup de pachas, et il incline à la turcophobie (...) M. Baker a appris à se défier des turcophobes, de leurs hyperboles (G. Valbert, Philottomans et turcophobes, in R. des deux mondes, t. 23, 1877, p. 704 ds Quem. DDL t. 25). Prononc. et Orth.: [tyʀk]. Ac. 1694-1740 turc subst. masc.; 1762-1878: turc subst. masc. et à la turque loc. adv.; 1935: turc, turque en vedette (v. Rob. 1985 ,,rare au fém.``). Ethnol. turc, turque ou türk (inv. en genre) ds Rob. 1985. Étymol. et Hist. A. 1. Subst. a) ca 1100 Turc « habitant de la Turquie » (Roland, éd. J. Bédier, 3240: l'altre est de Turcs); av. 1453 le Grand Turc « le sultan, empereur des Turcs » (Monstrelet, Chron., III, fo85 ds La Curne: grand Turc); 1456 (A. de La Sale, Jehan de Saintré, éd. J. Misrahi et Ch. A. Knudson, p. 216: le Grant Turcq); 1457 expr. fort comme un Turc (Bertrandon de La Broquière, Voyage d'Outremer, éd. Ch. Schefer, p. 217: il est fort comme ung Turc); 1623 expr. traiter qqn de Turc à Maure (Garasse, Doctrine curieuse des beaux-esprits de ce temps, p. 900: un usurier qui traictoit avec luy de Turc à More); 1857 tête de Turc « personne qui est la cible des railleries, des attaques » (Goncourt, Journal, p. 329); 1866 tête de Turc « sorte de dynamomètre sur lequel on s'exerçait dans les foires » (L'Année sc. et industr., 1867, p. 275 ds Rob. 1985, s.v. tête); ca 1903 jeune-turc adj. pol. (Gde Encyclop., p. 532a, s.v. Turquie: un comité jeune-turc se forma alors contre la cour); 1907 Jeune-Turc subst. (Nouv. Lar. ill. Suppl., s.v. Jeune-Turquie: le parti des Jeunes-Turcs); 1951 p. ext. (Camus, Homme rév., p. 281 [citant Lénine]: nous sommes les jeunes Turcs de la révolution); b) 1457 subst. « langue parlée en Turquie » (Bertrandon de La Broquière, op. cit., p. 100: en celluy pays se parle Turc); 2. adj. a) 1536 cheval turc (Rabelais, Lettre à Mgr de Maillezais ds
Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 3, p. 365: quelques chevaulx Turcs); b) 1537 loc. à la turque (B. des Périers, Cymbalum Mundi, dialogue 2 ds
Œuvres, éd. L. Lacour, t. 1, p. 339: acoustrer à la Turque); c) 1694 brod. point à la turque (Invent. du château d'Humières ds Havard); 1765 point turc (Encyclop. t. 12, p. 875b); d) 1762 assis à la turque (Ch. S. Favart, Les Trois sultanes, éd. 1809, p. 191: Soliman et Elmire sont assis à la turque); e) 1846 café à la turque (Dumas père, loc. cit.); 1907 café turc (Farrère, Homme qui assass., p. 56); f) 1851 bain turc (Flaub., Corresp., p. 293); g) 1872 à la turque mus. (Littré: rondeau à la turque); h) 1893 « se dit de cabinets d'aisance sans siège » (Eudel, Arg. St-Cyr, p. 67: Turc (le). Cabinets d'aisance des anciens); 1894 (Bricka, Cours ch. de fer, t. 1, p. 235: des sièges à la turque dans les cabinets publics pour hommes). B. 1504-09 subst., abusivement « musulman » (Lemaire de Belges, Couronne margaritique ds
Œuvres, éd. J. Stecher, t. 4, p. 47: mauvais Chrestiens ou Turcqz). C. 1. 1697 subst. ethnol. « d'un ensemble de peuples d'Asie centrale » (D'Herbelot, Bibl. orientale, p. 487: Igur et Aigur. Nom d'une Tribu des Turcs Orientaux); 1826 adj. (Balbi, Introd. à l'atlas ethnographique du globe, p. 150: les nations turkes; p. 155: la famille turke); 1842 (Ac. Compl.: famille turque); 2. 1820 adj. ling. (A. Remusat, Rech. sur les lang. tartares, t. 1, p. 255: dialectes Turks, langue Turke); 1842 (Ac. Compl.: langues turques). Empr. au turctürk « turc » (comme nom commun, signifie « puissance », v. Lang. Monde 1924, p. 194; Vasmer t. 3, p. 124). Les Turcs étaient connus des Chinois au vies. sous le nom de T'ou-Kiue (prob. empr. au mongol türküt, plur. de türk, cf. Pelliot ds Lang. Monde, p. 194) et des Grecs au vies. également Τ
ο
υ
̃
ρ
κ
ο
ς (Lang. Monde 1952, p. 332). Fréq. abs. littér.: 1 949. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3 144, b) 3 230; xxes.: a) 2 664, b) 2 271. Bbg. Quem. DDL t. 6 (s.v. turcophobe), 11 (s.v. turco-russe), 22 (s.v. turcophage), 25 (et s.v. turcophile; turcophobie; turco-serbe), 28 (s.v. turcomanie). − Richard (W.) 1959, pp. 54-55. |