| * Dans l'article "TUILE,, subst. fém." TUILE, subst. fém. A. − CONSTR. Pièce d'argile moulé, généralement mélangée à du sable, cuite au four, peu épaisse, de forme variable, employée pour couvrir les toits des bâtiments, des maisons. Tuile grise, jaune, noire, rose, rouge; tuile courbe, ronde; tuile cornière, (à) gouttière; maison, toit couvert(e) de tuiles; toit en/de tuiles; un cent de tuiles. Un cercle de pièces osseuses, minces, dures, oblongues, qui empiètent les unes sur les autres comme des tuiles (Cuvier, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 388).Sous son vieux toit bas à tuiles noircies, la maison logeait tout le monde (Ramuz, A. Pache, 1911, p. 15). ♦ Tuile (à) canal, tuile creuse ou tuile romaine. Tuile en forme de demi-cylindre. La tuile à canal, la tuile à l'arc rouge des monuments romains. Elle offrait à la pluie comme un écoulement naturel sur des lits également encaissés et inclinés, par la multitude de ses conduits rectilignes (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 137).Tuile à crochet, tuile plate. Tuile de forme rectangulaire, munie d'un talon ou crochet qui permet de la fixer aux lattes de la toiture (d'apr. Bourde, Trav. publ., 1928, p. 136). Tuile émaillée, vernissée. Tuile de terre cuite émaillée ou vernie de diverses couleurs. Les ondes se teignaient agréablement des reflets azurés du revêtement, formé par de grandes tuiles émaillées d'un bleu admirable (Gobineau, Nouv. asiat., 1876, p. 149).Ses toits polychromes de tuiles vernissées, lui donne l'aspect [à l'église] de quelque gigantesque pâtisserie artistique (Lorrain, Sens. et souv., 1895, p. 272).Tuile à emboîtement ou tuile mécanique. ,,Tuile fabriquée à l'aide de machines et comportant des dispositifs en relief permettant de les emboîter les unes sur les autres`` (Barb.-Cad. 1963). Tuile faîtière. ,,Tuile se plaçant au faîte des toitures pour le raccordement des deux versants`` (Barb.-Cad. 1963). Tuile gironnée*. − Au sing. coll. Préférer la tuile à l'ardoise. Au fond de bien des loges de portiers, sous la tuile de plus d'une mansarde, de pauvres créatures rêvent (...) perles et diamants, robes lamées d'or et cordelières somptueuses (Balzac, Fille Ève, 1839, p. 124).Le couvreur achète la tuile ou l'ardoise; c'est dire que le carrier et le briquetier ont aussi une créance sur le paysan (Alain, Propos, 1934, p. 1203). − P. compar. ♦ [P. réf. aux diverses teintes de la tuile, en partic. à la couleur rouge orangée de la tuile neuve] Ce petit homme exotique dont le visage est coloré comme une tuile (About, Grèce, 1854, p. 428).Leurs mains sont rêches et rousses comme les tuiles des toits (Genevoix, Boîte à pêche, 1926, p. 191). ♦ De tuile, loc. adj. Teint de tuile. [Le bouvreuil] était beau, avec sa tête de velours noir, son dos cendré, son gilet couleur de tuile éclairée par le soleil couchant (Jammes, Mém., 1921, p. 166).Dressé tout seul, rural et gris de tuile, dans la poussière du soleil (...) on voyait enfin le clocher (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 31). ♦ Fam., vieilli. Tomber comme une tuile. Tomber brusquement, soudainement. Après un automne doux et brillant, l'hiver tomba comme une tuile (About, Nez notaire, 1862, p. 136). − Loc., vx. Près des tuiles, sous les/la tuile(s). Au plus haut étage de la maison, sous les toits. Habiter, loger, vivre sous les tuiles. Mon logement sous les tuiles, ma mansarde philosophique me fait toujours un peu l'effet d'un grenier quand j'y rentre après la moindre absence (Amiel, Journal, 1866, p. 235). − Expr., vx. Cet homme ne trouverait pas du feu/de feu sur une tuile. ,,On ne voudrait pas lui donner, lui prêter la moindre chose, lui accorder le moindre secours`` (Ac. 1798, 1835). Je ne voudrais pas lui donner du feu sur une tuile. ,,Je ne voudrais pas lui donner, lui prêter la moindre chose`` (Ac. Compl. 1842). B. − Au fig., fam. 1. Événement fâcheux et imprévu. Craindre, flairer, pressentir une tuile; quelle tuile! J'ai reçu depuis mon retour dans mes lares de jolies tuiles sur la tête: 1 la mort déplorable et inattendue de mon neveu (...); 2 la maladie de ma mère (Flaub., Corresp., 1865, p. 176).Elle se tenait plus d'inquiétude. « Vois-tu Auguste, qu'il aille nous faire une méningite? Ce serait bien encore notre veine!... Il nous manquait plus que ça comme tuile!... Alors vraiment ça serait le bouquet! (...) » (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 103). − Arg. des vendeurs, vx. Mauvaise cliente qui dérange le vendeur sans se résoudre à acheter. Je n'ai pas de chance, il y a des jours de guignon, ma parole!... Je viens encore de faire un Rouen, cette tuile ne m'a rien acheté. Et il désignait du menton une dame qui s'en allait, en jetant des regards dégoûtés sur toutes les étoffes (Zola, Bonh. dames, 1883, p. 483). 2. Vx. Événement surprenant, heureux. Synon. aubaine.Hein! Voilà une jolie tuile, cinq cent mille francs! (...) L'héritage est à vous (Zola, E. Rougon, 1876, p. 226).On nomme tuile, par exemple, un gros lot qui tombe du ciel ou un oncle d'Amérique qui arrive au moment où l'on y pense le moins (France1907). C. − P. anal. 1. Région. (Ouest). [P. réf. au fait que cet ustensile était à l'orig. en terre cuite] Plaque de fer ou de fonte, de forme arrondie, où l'on fait cuire des galettes, des crêpes, etc. La mère-grand (...) casse les œufs dans la tuile noire. Fanchon regarde avec intérêt l'omelette au lard qui se dore et chante à la flamme (A. France, Nos enfants, 1887, p. 2). 2. Spécialement a) ALIMENTATION − LAIT. Tuile de Flandre. Fromage rectangulaire. Parmi les (...) fromages plus ou moins maigres et affinés livrés à la grande consommation, nous citerons: (...) [les] larrons, maroilles ou marolles, tuiles de Flandre (Pouriau, Laiterie, 1895, p. 690). − PÂTISS. Petit four, à base de farine, de beurre, de blanc d'œufs battus en neige, de sucre en poudre, moulé en forme de tuile sur un rouleau à pâtisserie. Tuiles aux amandes. (Ds Mont. 1967). b) CONSTR. Plaque de même forme que la tuile, mais d'une autre matière et destinée au même usage. Tuile d'ardoise, de bronze, de cuivre, de pierre, de tôle, de verre, de zinc. Aux autres tombes ils préféraient la mienne (...) je m'asseyais parfois au milieu d'eux à l'abri des tuiles de marbre (A. France, Puits ste Claire, 1895, p. 37). c) TECHNOL. Synon. de tuilage (dér. s.v. tuiler).Passer la tuile sur le drap (Rob. 1985). 3. JEUX, arg. des joueurs. Carte légèrement cintrée par un tricheur, de manière à faire couper où il le désire. La carte large [des tricheurs du XVIIes.] est remplacée aujourd'hui par une carte légèrement bombée et qu'on appelle en argot de joueurs la tuile, ou le pont (Hogier-Grison, Monde où l'on triche, 1resérie, 1886, p. 7). Prononc. et Orth.: [tɥil]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1170 tiule « plaquette en terre cuite employée pour couvrir les toits » (Quatre Livre des Rois, éd. E. R. Curtius, p. 80); 1332 tuille (Travaux exécutés au Château de Breteuil ds Havard 1890); 1762 sens coll. « une couverture de tuiles » (J.-J. Rousseau, Émile ou De l'éducation, p. 687); b) 1721 tuile de pierre (Trév.); 2. a) 1706 tuile à galette « plaque en terre cuite, sur laquelle on fait cuire une galette » (Inv. de Raoul de Regnier, vicomte d'Artois ds Havard 1890); b) 1887 « plaque de fer ou de fonte destinée à la cuisine » (France, loc. cit.); 3. 1723 « chez les tondeurs de draps, planchette servant à nettoyer les étoffes » (Savary); 4. 1877, 20 févr. terme de jeu de cartes (Le Figaro ds Hogier-Grison, op. cit., p. 172); 5. 1895 « petit gâteau » (ici p. anal.)(Pouriau, Laiterie, p. 365) . B. 1782 « accident tout à fait imprévu » (Mmede Genlis, Les Veillées du Château, t. 2, p. 244 ds Littré). Du lat. tegula « tuile » d'où « toit », dér. de tegere « couvrir ». La forme tuile est due à la métathèse du i de tiule. Fréq. abs. littér.: 707. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 563, b) 1 032; xxes.: a) 1 145, b) 1 284. DÉR. 1. Tuileau, subst. masc.,technol. Fragment, débris de tuile cassée; morceau de tuile plate servant à la décoration. Faire un âtre avec des tuileaux. Battre des tuileaux pour en faire du ciment (Ac. 1798-1878). Sceller des gonds avec des tuileaux (Ac. 1835, 1878). J'amassais un tuileau pour la caler [la statue] quand, patatras! la voilà qui tombe à la renverse (Mérimée, Vénus Ille, 1841, p. 247).− [tɥilo]. Att. ds Ac. dep. 1694. − 1resattest. 1322 thieulleau (texte de Charte ds Runk., p. 51), 1377, 10 févr. tuilliaux (texte ds Fagniez t. 2, p. 108), 1579 tuilleaux (Larivey, Les Esprits, II, 3 ds Gdf. Compl.); de tuile, suff. -eau*. 2. Tuilé, -ée, adj.a) Constr. Recouvert de tuiles. Au-devant [de la loge] régnait une façon de hangar, tuilé en verts balais (Sand, Maîtres sonneurs, 1853, p. 147).b)
α) Disposé, imbriqué comme des tuiles sur un toit. Un monstre japonais aux yeux saillants, au dos couvert d'écailles finement tuilées (A. Daudet, Nabab, 1877, p. 16).
β) Incurvé comme une tuile creuse. Puis c'est le passage du « réglé », sorte de niveau pour s'assurer que le profil de la semelle est bombé pour les skis de descente, « tuilé » ou plat pour ceux de slalom (L'Express, 25 févr. 1983, p. 97, col. 2).
γ) Empl. subst. fém., conchyliol. Synon. de bénitier.Plusieurs petits poissons, les énormes tuilées, restent immobiles sur les récifs, à l'abri sous leurs épaisses voûtes (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 247).
δ) Jeux. Cartes tuilées. Paquet de cartes disposées au dessus du jeu après l'avoir légèrement cintré de manière à faire couper où on le souhaite. (Dict. xxes.).
ε)
Œnol. Vin tuilé. Vin qui a pris une teinte orangée sous l'effet du vieillissement et de l'oxydation. Premier verre, un vin tuilé (signe de vieillissement), un vin qui a un bon nez mais vite dissipé, un vin plaisant un peu court en bouche (Le Nouvel Observateur, 24 oct. 1977, p. 89, col. 2).c) Technol. Drap tuilé. Drap apprêté à la tuile (supra C 2 c). (Dict. xixeet xxes.). − [tɥile]. − 1resattest. a) ca 1188 « de couleur de brique » crupe tuilee (Chanson d'Aspremont, éd. L. Brandin, 1586), 1305 en parlant d'une étoffe (Arch. K 37apièce 2 ds Gdf.), b) α) 1752 zool. « dont les cavités sont en forme d'une tuile creuse (d'une coquille) » (Trév.),
β) 1794 id. « qui est garni d'écailles en forme de tuile » (Valm. t. 14, p. 293), c) 1832 « poli, lustré (d'une étoffe de laine) » (Raymond), d) 1876 jeux carte tuilée (Lar. 19e); de tuile, suff. -é*. 3. Tuilette, subst. fém.a) Constr. ,,Petite tuile`` (Peyroux Techn. Métiers 1985). b) Verrerie. Petite plaque de terre utilisée pour diminuer l'ouverture du four pendant la fusion du cristal. Sa fabrication [du cristal] (...) s'effectue dans des pots de verrerie de forme ronde (...). Ce pot est couvert, terminé par un col ou gueule fermé pendant la fusion par une plaque en terre ou tuilette (Cl. Duval, Verre, 1966, p. 82).− [tɥilεt]. − 1resattest. a) entre 1180 et 1190 tuiletes « petite tuile » (Roman de Renart, 18384, éd. M. Roques), b) 1765 « petite plaque de terre obturant le pot de fusion, en cristallerie » (Encyclop. t. 17, p. 108b); de tuile, suff. -ette (-et*). BBG. − Archit. 1972, p. 44 (s.v. tuileau), 117. − Hasselrot (B.). Qq. nouv. dimin. véritables. In: [Mél. Gossen (C. Th.)]. Bern; Liège, 1976, t. 1, p. 323 (s.v. tuilette). − Quem. DDL t. 16. |