| TROUSSE, subst. fém. A. − 1. Vx ou région. a) Assemblage de choses de même nature liées ensemble. Synon. botte, faisceau.Trousse d'herbes, de chaume. On appelle trousses (...) ces grosses bottes de foin que les cavaliers rapportent du fourrage (Bouillet1859).Trousse de linge mouillé qu'on rapporte de l'eau (Ac.1798-1878). − En partic. Bagage, manteau roulé ou plié qui se place derrière la selle du cavalier. Le cheval chargé d'une trousse ne devait aucun péage (Havard1890). ♦ Loc. En trousse. En croupe. Au XIIIeet au XIVesiècle, c'est l'habitude de dire d'une personne montée en croupe, qu'elle « allait en trousse » (Havard1890).P. métaph. Il eut, en ce temps-là, mille vassaux en trousse, Serfs et soudards, bandits de la plaine et du Rhin (Leconte de Lisle, Poèmes trag., 1886, p. 113). b)
α) Carquois contenant des flèches. Qui a le poignet assez fort pour casser une trousse de vingt-quatre flèches? (Mérimée, Jacquerie, 1828, p. 278).Tu n'es pas cet enfant qui voltige à Cythère, Parmi le bois de myrte et les rosiers fleuris, Et qui, sa trousse au dos, va guidant par la terre Le frais essaim des Jeux, des Grâces et des Ris (Bouilhet, Dern. chans., 1869, p. 157).
β) Mod. Empaquetage contenant un nombre réglementaire de cartouches. Tout notre bien tient dans ce petit tas de hardes et de conserves, que le capitaine dérange du bout de sa canne, pour compter les trousses de cartouches (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 68). 2. Pochette, étui à compartiments servant à ranger un ensemble d'instruments, d'outils, d'objets destinés à un usage précis. Trousse médicale, chirurgicale; trousse d'urgence, de secours; trousse à outils; trousse de dentiste, de barbier; trousse de manucure, de voyage; trousse d'écolier; trousse en cuir, en toile. À côté du lit, trois bougies brûlaient sur une table où la trousse de chirurgie était étalée (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 571).Aujourd'hui, je n'ai rien d'autre que mon fourre-tout. Je vous déclare un pyjama, trois liquettes et ma trousse de toilette (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 49).En compos. Il est nécessaire de posséder, pour les déplacements, une trousse-toilette logée dans un sac de cuir (Lar. mén.1926, p. 1170). − P. anal. Étui, boîte métallique. Il tenait à la main une trousse plate, en nickel, qui brillait sous la lumière du plafonnier, et qu'il ne savait trop où mettre (Martin du G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 754).En compos. Trousse-écrin contenant les 4 densimètres et le chercheur (Catal. instrum. lab. [Prolabo], 1932, p. 199). B. − Au plur. 1. a) Haut-de-chausses court et bouffant porté au xvies. et plus tard par les pages. Si Sa Grâce veut être à la mode, les trousses bleues, le pourpoint gris et argent et le manteau grenat sont très bien portés (Dumas père, Laird de Dumbiky, 1844, I, 12, p. 33). b) Au sing. Vêtement collant, culotte de gymnastique ou de danse. Une culotte courte et à volants appelée trousse, qui forme la partie inférieure du jupon de danse (Bourgat, Techn. danse, 1959, p. 27).La trousse de la trapéziste est souvent recouverte de paillettes (Lar. encyclop.). c) Pop. Poches. Je vais me débarrasser de la bouteille de chartreuse en la fourrant dans mes trousses; la maman Bavoil en sera quitte pour gémir et me reprocher une fois de plus, d'avachir les poches de mon pardessus (Huysmans, Oblat, t. 1, 1903, p. 181).C'était la dame, la cliente qu'avait tout l'argent sur elle, tout le pognon des boutiquiers planqué dans ses trousses... C'est elle qui devait payer... (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 107). 2. Loc. fam. a) Aux trousses (de qqn). Derrière (quelqu'un), en suivant, en poursuivant. Être aux trousses de qqn; courir aux trousses d'un voleur; avoir la police, les créanciers à ses trousses. Voyant à mes trousses chiens et gens, j'ai fait le moulinet avec mon bâton, sans trop regarder où je frappais (Courier, Lettres Fr. et Ital., 1810, p. 834).Elle roulait aux trousses d'Alban, par la plaine aromatique et chaude (Montherl., Bestiaires, 1926, p. 501). − Avoir le diable à ses trousses; avoir le feu aux trousses (v. feu1). Être très pressé. Synon. avoir le feu au derrière (v. derrière3).Tu cours comme si tous les diables d'enfer étaient à tes trousses (Dumas père, Reine Margot, 1845, III, 7etabl., 2, p. 86). − Être pendu aux trousses de qqn. Suivre partout quelqu'un, ne pas le quitter. Synon. être pendu aux basques de qqn (v. basque1).Ce soir nous dînons chez Frédéric Larsan... à moins qu'il ne soit encore pendu aux trousses de Robert Darzac... Il ne le lâche pas d'une semelle (G. Leroux, Myst. ch. jaune, 1907, p. 109). b) Sur les trousses (de qqn). Sur les talons. Mais voilà Rask qui me voit, et qui donne un tel coup de collier que la corde casse, et que le drôle est en un clin d'œil sur mes trousses (Hugo, Bug-Jargal, 1826, p. 12).Agathe et Gérard, incapables de vivre loin de cet excitant paysage de meubles, émigrèrent sur les trousses de Paul (Cocteau, Enfants, 1929, p. 139). C. − TECHNOLOGIE 1. CHARPENT., MAÇONN. ,,Cordage de moyenne grosseur servant à élever des fardeaux d'un poids médiocre`` (Moirant Bois 1986). 2. TRAV. PUBL. Trousse (coupante). Rouet métallique servant à forer les puits de fondations sur sable affouillables (d'apr. Peyroux Techn. Métiers 1985). 3. MINES. Trousse à picoter. ,,Châssis de bois placé au fond du cuvelage dans le boisage à travers les niveaux`` (d'apr. Peyroux Techn. Métiers 1985). Prononc. et Orth.: [tʀus]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Fin xiies. [ms.] trusse « faisceau de choses liées ensemble, paquet, botte » (Gl. de l'a. fr., éd. G. Gröber, p. 47); ca 1210 torse « id. » (Dolopathos, 280 ds T.-L.); 1260 trousse « id. » (Estienne Boileau, Métiers, éd. Lespinasse et Bonnardot, 2epart., XXI, 6); b) 1555 en trousse « en croupe » (Comptes... adventureux, 30 (I, 170) et 47 (II, 106) ds Hug.); 1690 « paquet qu'un cavalier porte en croupe » (Fur.); 2. 1360 « valise » (doc. ds Havard); 1364 trousse « carquois » (Prost, Inv. mobiliers des ducs de Bourgogne, t. 1, 405); 1422 tourse « id. » (doc. de Tournai ds Gdf. Compl.); 1425 trousse « id. » (Du Cange, s.v. trossa3); 1660 « étui de barbier contenant les peignes, les ciseaux, les rasoirs » (Oudin Fr.-Esp.); 1690 « étui où l'on enferme les instruments de première nécessité » (de l'arpenteur) (Fur.); 3. a) 1570 trousses « sorte de chausses » (Compte de l'écurie du roi, fo77 ds Gay); 1677 trousses « chausses bouffantes que portent les pages » (Miege); b) 1616 aux trousses de « à la poursuite de » (D'Aubigné, Hist. univ., II, 193 ds Littré); 1648 estre aux trousses de quelqu'un (Perrot d'Ablancourt, trad. Xenophon, Retraite des Dix Mille, livre 7,6, p. 408). B. 1. a) 1260 trouses a seles « sangles de selles » (Estienne Boileau, op. cit., 1repart., XXXIV, 1); b) 1346-47 trousse « corde » (Chazelas, Doc. relatifs au Clos des Galées de Rouen, XXXII, 1054); 1388 poliee a trousses « poulie » (Id., ibid., LXXIV, 17); c) 1676 trousses« cordages servant à élever les petits fardeaux » (Félibien); 2. 1804-05 mines trousse à picoter (Du picotage et du cuvelage (à Anzin), in Journ. des mines, no105, p. 164 ds Quem. DDL t. 28); 3. 1832 « lanière de cuir dont on entoure la queue du cheval » (Raymond). Déverbal de trousser*. Fréq. abs. littér.: 224. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 114, b) 452; xxes.: a) 346, b) 404. Bbg. Chautard Vie étrange Argot 1931, p. 218. |