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* Dans l'article "TROTTINER,, verbe intrans."
TROTTINER, verbe intrans.
A. − [Le suj. désigne le cheval ou une espèce voisine] Aller à un trot très court. Le vieux cheval blanc se mit à trottiner d'un train si doux qu'il semblait danser sur place (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Aveu, 1884, p. 163).Ses genoux pressèrent les flancs de la mule qui trottina deux ou trois pas, puis reprit son mol trantran (Arnoux, Juif Errant, 1931, p. 116).
[P. méton. du suj.] Trottiner sur, à dos de. Au-dessus des avoines, dans un sentier, un chapeau de feutre parut: c'était M. Vaucorbeil trottinant sur sa jument (Flaub., Bouvard, t. 2, 1880, p. 87).Derrière (...), le beau-père (...) trottinait à dos de mulet (Arène, Veine argile, 1896, p. 65).
P. métaph. À cheval, votre esprit trottine d'un pas égal par tous les sentiers de la pensée (Flaub., Corresp., 1851, p. 285).
P. anal. [Le suj. désigne un animal autre que le cheval] La souris trottine. Chaque chèvre qui passe égrène en trottinant la note unique de sa clochette (Gide, Journal, 1910, p. 292).Sur l'appui des croisées, des écureuils trottinaient, la queue souple (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 121).
B. − P. anal.
1. [Le suj. désigne une pers.]
a) Trotter à petits pas pressés et sautillants. Trottiner à pas rapides, vivement, d'un pas mutin, vite et menu. La jeune femme trottinait aux côtés de l'Anglais, dont les grandes jambes faisaient un pas tandis qu'elle en faisait deux (Martin du G., Thib., Été 1914, 1936, p. 79).Je trottinais d'un air dur, la main dans la main de ma mère et j'étais sûr de la protéger (Sartre, Mots, 1964, p. 182).
[P. méton. du suj.] Ses pieds de fillette avaient dû trottiner si joyeusement dans ces allées, tandis que le vieil homme tenait sa petite main (Bourget, Actes suivent, 1926, p. 135).Derrière elle, le pas du médecin trottinait (Daniel-Rops, Mort, 1934, p. 215).
b) Aller et venir sans cesse, s'affairer inlassablement. Trottiner sans trève. Mademoiselle, plus allègre, trottinait de l'office à la lingerie, et de la cuisine au séchoir, fredonnant des cantiques démodés (Martin du G., Thib., Belle sais., 1923, p. 924).
2. [Le suj. désigne une chose] Avancer, fonctionner par petits mouvements saccadés. On n'entend presque plus trottiner la machine (Romains, Vie unan., 1908, p. 182).Les vitesses crièrent, et la voiture se mit à trottiner sur les toiles de ses pneus (H. Bazin, Part du pauvre, 1954, p. 5).
C. − Au fig.
1. Progresser par étapes successives. Allez donc penser aux choses sérieuses, même aux discussions qui vous « amusent tant », lorsque cette diablesse d'imagination trottine, trottine dans le « bleu » défraîchi depuis quelques milliers d'années qu'on s'en sert? (Bernanos, Lettres inéd., 1905, p. 1731).
2. Empl. trans. Obséder, revenir sans cesse à l'esprit. Le mariage espagnol n'avait pas cessé de me trottiner (Audiberti, Mal court, 1947, II, p. 158).
Prononc. et Orth.: [tʀ ɔtine], (il) trottine [-tin]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. 1410 « marcher à petits pas pressés et d'une allure sautillante (en parlant des personnes et des animaux) » (A.N., JJ 164, fo200 vods Gdf. Compl.); 2. 1775 « aller à un trot très court (en parlant du cheval) » (Beaumarchais, Le Barbier de Séville, Lettre modérée sur la chute et la crit. ds Théâtre, éd. M. Rat, p. 35). Dér. de trotter*; suff. -iner*. Fréq. abs. littér.: 161.
DÉR.
Trottinement, subst. masc.a) Action de trottiner; résultat de cette action. α) [À propos de chevaux et de certains animaux] Allure d'une bête qui trottine. Trottinement d'une chèvre, d'un hérisson; trottinement égal. Et leur petit trottinement [des petits cochons] À cette graisse, incessamment, Communique un tremblotement De gélatine (Rostand, Musardises, 1890, p. 80). β) [À propos de pers.] Démarche d'une personne qui va à petits pas pressés. C'était la petite bonne du café: vingt ans à peine, blonde, niaise, mais des lèvres fraîches et le trottinement drôle (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 146).b) P. anal. Bruit qui évoque celui d'un animal qui trottine. On entendait, par intermittences, le trottinement de la pluie sur le sable du jardin (Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1356). [tʀ ɔtinmɑ ̃]. 1resattest. [1845 trotinement d'apr. Pt Rob. 1967] 1863 (Feuillet, Sibylle, p. 165); de trottiner, suff. -ment1*.
BBG.Dauzat Ling. fr. 1946, p. 35.