| TROIS, adj. et subst. masc. inv. I. − Adjectif A. − Adj. numéral cardinal 1. Deux plus un. Dans le tumulte d'une mêlée, de braves écuyers tomboient aux genoux du roi (...) qui les créoit chevaliers, en leur frappant sur l'épaule trois coups du plat de son épée (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 488).Saint Pierre a renié trois fois Jésus (Salacrou, Terre ronde, 1938, II, 3, p. 206).V. fois ex. 5. SYNT. Chapeau à trois cornes; les trois côtés d'un triangle; les trois dimensions de l'espace; espace à trois dimensions; les trois (rois) mages; les trois Mousquetaires (roman d'Alexandre Dumas); les trois personnes de la Trinité. ♦ Les trois coups. V. coup A 2 b.Trois étoiles. V. étoile II A 1 c δ et 2 c.Un trois galons. V. galon.Les trois Grâces. V. grâce III A 1.(Appartement de) trois pièces. V. pièce I C.Costume (de) trois pièces, un trois-pièces. V. pièce II B 3.Service trois pièces. V. pièce II A 2.Marcher sur trois pattes. V. patte1C 4.Levraut (de) trois quarts. V. quart2C.Les trois quarts de + subst. V. quart2C.De trois(-)quarts. V. quart2C.Règle* des trois unités. − [Avec ell. du subst. déterminé] Cinq maisons en tout, trois à gauche de la ligne forestière et deux à droite (R. Bazin, Blé, 1907, p. 41). ♦ Bail* trois, six, neuf. Jamais deux* sans trois. Les trois-huit*. Ménage* à trois. Trois quarts. V. quart2B 1 a. − HISTOIRE ♦ Les trois couleurs (bleu, blanc, rouge). Le drapeau français. Les 27, 28, 29 juillet, les insurgés (...) s'emparèrent de Paris, dressant des barricades, arborant les trois couleurs, tandis que la bourgeoisie laissait faire (Bainville, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 162).Le 31 juillet, Monclar put s'installer à la Maison de France, y replacer solennellement les trois couleurs, caserner ses troupes dans la ville (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 173). ♦ Les trois Glorieuses. V. glorieux. ♦ Les Trois Grands. Les États-Unis, l'Union soviétique et la Chine. L'article (...) où Samazelle soulignait les différends qui les opposaient [les communistes] aux socialistes touchant la politique des Trois Grands (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 258). ♦ Les trois ordres/états. Les trois classes, sous l'Ancien Régime, composant la société française: noblesse, clergé et tiers-état. Le Tiers-État considéra que les trois Ordres devraient examiner en commun les pouvoirs de tous, et dans ce but tenta de persuader le Clergé et la Noblesse de se joindre à lui (Lidderdale, Parlement fr., 1954, p. 9).V. état II C 1 a ex. de France. 2. P. ext. Un (très) petit nombre. Rester trois minutes; hésiter, réfléchir trois secondes; ne pas dire trois mots/paroles; ne pas pouvoir tirer trois mots/paroles de qqn. Je vous écris longuement. Je dis en beaucoup de paroles ce que j'aurais pu vous apprendre en trois lignes (Senancour, Obermann, t. 2, 1840, p. 233).Vous avez dû vous expliquer en roumain... et vous n'en savez pas trois mots! (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 114). ♦ En trois coups de cuiller* à pot. En trois mots. V. mot II B 1 a rem.En deux* temps (et) trois mouvements. Brave* à trois poils. Faire trois petits tours (et s'en aller). V. tour3I B 1 a.Haut comme trois pommes. V. haut1I A 1 b.Quatre pelés et trois tondus. V. pelé. − [Pour indiquer approximativement un petit nombre de pers. ou de choses] Deux (ou) trois/trois (ou) quatre + subst.Vers dix heures du matin, le commissaire Blot l'avait convoqué par téléphone pour lui poser deux ou trois questions insignifiantes (J. Giovanni, Le Deuxième Souffle, 1988 [1958], p. 86 ds Rézeau, Pt dict. des chiffres en toutes lettres, Paris, éd. du Seuil, 1993, p. 66).Facile, la conversation. Tu prépares trois ou quatre évidences. Dès qu'il y a un trou, tu en sors une, et ça repart (Cl. Courchay,Chronique d'un été,1990,p. 207, ds Rézeau, Pt dict. des chiffres en toutes lettres, Paris, éd. du Seuil, 1993, p. 100). ♦ Deux ou trois fois. À plusieurs reprises. V. fois ex. 2. − Expr. Deux fois sur trois, trois fois sur quatre, trois (+ subst.) sur quatre. La plupart du temps, la plupart (des + subst.). La douleur familière, indécise, plutôt proche du foie, annonçant une de ces crises qui, trois fois sur quatre, passaient du sourd à l'aigu, du supportable à l'atroce (H. Bazin,Le Démon de minuit,1990 [1988],p. 12, ds Rézeau, Pt dict. des chiffres en toutes lettres, Paris, éd. du Seuil, 1993, p. 100).Mais Laure, têtue, continue à vouloir forcer l'amour maternel par des coups d'éclat qui, hélas, échouent deux fois sur trois (M.-F. Hans,Du côté de la vie,1990,p. 44, ds Rézeau, Pt dict. des chiffres en toutes lettres, Paris, éd. du Seuil, 1993, p. 65).Les chats prestidigitateurs rataient trois tours sur quatre (G. Lascault,Histoires en forme de trèfle,1990,p. 51, ds Rézeau, Pt dict. des chiffres en toutes lettres, Paris, éd. du Seuil, 1993, p. 102). − Expr. (à valeur superl.) ♦ Trois fois hélas! V. hélas I B. ♦ (C'est) trois fois rien. V. rien II C 1. ♦ Trois fois trop + adj. ou part. passé.Les petits pois sont trois fois trop cuits (A. Gerber,Le Faubourg des Coups-de-Trique,1982 [1979],p. 293, ds Rézeau, Pt dict. des chiffres en toutes lettres, Paris, éd. du Seuil, 1993, p. 100). B. − Adj. numéral ordinal. Qui occupe le rang marqué par le nombre trois. Synon. troisième. 1. [Déterm. postposé d'un élément d'un ensemble numéroté] Article, chapitre, numéro, page, tome trois; Henri III. essayons la scène trois du second acte (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 274). 2. [Déterm. antéposé d'un subst. désignant un espace de temps] À deux heures trois minutes. Sa montre marquait trois heures (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p. 7). − [Avec ell. du subst. déterminé] Les Darzac (...) arrivaient à Bourg à neuf heures trois du soir (G. Leroux, Parfum, 1908, p. 27).Je prends la veille le deuxième, de trois à cinq (Dorgelès, Croix de bois, 1919p. 228). II. − Subst. masc. A. − [Sans art.] Le nombre trois. Trois en chiffres arabes (3); trois en chiffres romains (III); trois est un nombre premier. Trois est le principe de perfection: c'est le nombre de la chose composée et ramenée à l'unité (Senancour, Obermann, t. 2, 1840, p. 10).Deux et trois joints ensemble, font cinq (Lacroix, Marxisme, existent., personn., 1949, p. 85).V. dix II A ex. de Van der Meersch, douze II A ex. de Saint-Exupéry. ♦ Règle* de trois. Trente-trois. V. trente. − [Dans un(e), deux, trois, marque la fin du comptage] À la une, à la deux, à la trois; un, deux, trois, partez! Le crieur braillait: − Douze... cents... francs! Une... deux... trois! Vendu! (Hamp, Marée, 1908, p. 22).V. deux II A ex. de Prévert. B. − P. méton. 1. JEUX. Carte, domino ou face d'un dé portant trois marques. Trois de trèfle. Il a amené un trois (Ac.1935). 2. Le chiffre arabe trois. Trente-trois, nombre exprimé par deux trois (Senancour, Obermann, t. 2, 1840, p. 9). − SPORTS (patin.). ,,Figure qui consiste à faire un demi-tour sur un seul pied, d'avant en arrière (ou inversement)`` (Petiot 1982). Un trois se décompose en trois parties: le premier lobe, le bec et le deuxième lobe (Ogilvie,Patinage artistique,1973,ds Petiot 1982). C. − [À valeur ordinale; désigne un élément d'un ensemble numéroté] Miser sur le trois; habiter au trois de la rue; le petit déjeuner du trois. Angoulême, le trois mai mil huit cent vingt-deux (Balzac, Illus. perdues, 1843, p. 590). − Arg. du théâtre. Le troisième acte d'une pièce. La grande scène du III/du trois. Ah! le « trois » est fini. Faites attention au rideau! (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 70). Prononc. et Orth.: [tʀwɑ], [tʀwa]. Buben 1935, p. 28, Fouché Prononc. 1959, p. 62 [ɑ]. Devant voy. [-z], trois amis, trois immenses chantiers, les trois autres (d'apr. Fouché, op. cit., p. 471). Cependant, il y en a trois énormes, sans liaison (Fouché, op. cit., p. 451). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. A. Adj. numéral cardinal 1. a) fin xes. tres femmes (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 391); 1550 Les trois Parques (Ronsard, Odes, II, 10, éd. P. Laumonier, t. 1, p. 205); 1550 Les Trois Graces (Id., ibid., III, 4, t. 2, p. 10); 1585 les trois ordres (N. Du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, t. 1, p. 269); b) 2emoit. xes. ell. Li tres (St Leger, éd. J. Linskill, 223); 2. 1464 « quelques-uns, un très petit nombre » (Maistre Pierre Pathelin, éd. R. T. Holbrook, 1437: trois ou quatre vieilz brebiailles ou moutons); 1547 (N. Du Fail, Propos rustiques, éd. J. Assézat, p. 52: deux ou trois heures); p. ext. 1637 dire en trois mots (Corneille, La Galerie du Palais, III, 3, vers 783-784). B. Adj. numéral ordinal 1602 « troisième » (Cl. Fauchet, Declin Maison de Charlemagne, p. 196: le trois ou treziesme Janvier de l'an huict cens quatre vingts dixhuict). II. Subst. masc. 1. a) 1571 « carte à jouer » (J.-L. Vives, Les Dialogues ds Quem. DDL t. 30); b) 1694 « face d'un dé marquée de trois points » (Ac.); 2. 1672 « troisième jour du mois » (R. de Bussy-Rabutin, Lettres, t. 3, p. 540: quand vous m'ecrivîtes cette lettre du trois); 3. 1674 « le nombre 3 » (Molière, Le Malade imaginaire, I, 1); 4. a) 1690 « le chiffre 3 » (Fur.); b) 1906 « figure de patinage à glace » (Sports Mod. ill ds Petiot 1982); 5. 1895 « dans la langue des coulisses, le troisième acte d'un spectacle » (Willy, Entre deux airs, p. 43). Du lat. tres « trois ». On relève en a. fr. des formes sans s, troie « nombre trois au jeu de dés » (xiiies., Fabliaux et Contes, éd. H. Omont, p. 348b), issues du lat. tria, plur. neutre de tres. Fréq. abs. littér.: 45 701. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 67 385, b) 78 440; xxes.: a) 67 372, b) 54 310. Bbg. Ascoli (C.I.). Saggiuoli diversi. Archivo glottologico italiano. 1890, t. 11, p. 440. − Quem. DDL t. 36. |