| TRIUMVIR, subst. masc. A. − HIST. ROMAINE 1. Magistrat inférieur d'un collège composé de trois membres, chargé d'une branche de l'administration sous la République: police nocturne, surveillance des prisonniers, voirie, etc. Triumvirs agraires. Dès les premiers siècles de la république, Tiberius demandait qu'une commission de triumvirs, investie de pouvoirs exceptionnels, auspices, juridiction, fît l'inventaire du domaine, limitât à 125 hectares le droit d'occupation des grands propriétaires (A. Piganiol, Hist. de Rome, 1962, p. 141). 2. Personnage politique qui s'associait avec deux autres pour se partager le pouvoir; en partic., membre du second triumvirat. Guerre des triumvirs. Viennent les triumvirs et leurs proscriptions: Auguste ordonne au père et au fils de s'entre-tuer (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 579).Des triumvirs, le plus insolent fut sans doute Antoine; mais le plus cruel, Octave (Michelet, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 296). B. − P. anal. 1. Personne exerçant un pouvoir conjointement avec deux autres. Ce chef unique [de l'unité de direction] pourrait être une trinité. Ce qu'il faut exiger, c'est qu'à l'intérieur de cette trinité les désaccords ne soient que passagers. On y arrivera d'abord en établissant entre les trois triumvirs une hiérarchie (Wilbois, Comment fonct. entr., 1941, p. 30). 2. HIST. [Sous la Révolution] Personnage politique exerçant le pouvoir conjointement avec deux autres et caractérisé par sa dureté. [Sous l'Assemblée législative: Du Port, Lameth et Barnave] Sa place [de Mirabeau] fut immédiatement prise par Du Port, Lameth et Barnave. Alarmés par les progrès des démocrates et par l'agitation ouvrière, les triumvirs, à leur tour, voulaient arrêter la Révolution (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p. 196).[Sous la Convention: Robespierre et ses compagnons] Les triumvirs furent traînés à la mort, avec leurs principaux complices, au milieu des cris de joie et de fureur, des imprécations, des rires, des danses (A. France, Dieux ont soif, 1912, p. 300). Prononc. et Orth.: [tʀiɔmvi:ʀ]. Barbeau-Rodhe 1930 [tʀiɔm-], [tʀijɔm-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Catach-Golf. Orth. Lexicogr. 1971, p. 245, plur. -s. Étymol. et Hist. 1507 (La Condamnacion de Banquet, in Fournier, Le Théâtre fr. avant la Renaissance, p. 255 ds Quem. DDL t. 15). Mot lat. triumvir, -iri « id. », comp. de trium, gén. de tres « trois » et de vir, viri « homme ». Fréq. abs. littér.: 26. |