| * Dans l'article "TRITURER,, verbe trans." TRITURER, verbe trans. A. − 1. Réduire une substance solide en particules ou en pâte, en l'écrasant. Synon. broyer.En triturant les aliments, en les divisant à l'infini, elle [la mastication] a pour premier effet de mettre les particules alimentaires en contact intime avec la salive et d'amorcer la fermentation des amylacées (Macaigne, Précis hyg., 1911, p. 202).En général, on abandonne les sables de rivières pour utiliser exclusivement le sable qui a été longuement baigné et trituré par la mer qui aura ainsi pu lui enlever tous les éléments susceptibles de s'altérer (Bourde, Trav. publ., 1929, p. 220). 2. Manier longuement pour obtenir un mélange homogène de substances. Synon. malaxer.On y applique [à une dartre] un topique composé de trois parties de pulpe de racine de patience et d'une de fleurs de soufre mêlées ensemble, et triturées avec un peu de beurre frais (Geoffroy, Méd. prat., 1800, p. 444).Il s'en alla dans un coin triturer sa palette; mais, tout en vidant sur la fine planchette les tubes de plomb d'où sortaient, en se tordant, de minces serpents de couleur, il se retournait de temps en temps (Maupass., Fort comme la mort, 1889, p. 242). 3. a) [Le compl. d'obj. désigne le corps ou une partie du corps] Manipuler brutalement. Synon. pétrir.Il lui serre le cou entre ses cuisses, il lui écrase les côtes entre ses genoux, il le broie et le triture de telle sorte que sa victime éperdue de souffrance finit par frapper le sol du plat de la main (Green, Journal, 1937, p. 82). − En partic. Palper par jeu érotique. Synon. fam. peloter, tripoter.Je sentis avec surprise des mains qui me palpaient à travers mon manteau de lainage (...); les mains continuèrent à me triturer, absurdement (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 161). b) [Le compl. d'obj. désigne un inanimé] Manier, manipuler dans tous les sens. Synon. tripoter.Il tritura sa montre dans le fond de son gousset (Chardonne, Épithal., 1929, p. 156).L'inconnu tritura le poste de radio et en fit sortir un air de jazz (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 47). B. − Au fig. 1. [Le compl. d'obj. désigne des doc., des œuvres, des données] Soumettre à toutes sortes de traitements, de questionnements. Mais il ne dit pas que sa pensée ne cesse jamais de travailler. Et qui connaît tous les projets d'œuvres, toutes les idées musicales dont elle est pleine, et qu'elle triture sans arrêt? (Rolland, Beethoven, t. 1, 1937, p. 93).Il est impossible (...) de créer une forme nouvelle en triturant les formes connues. Seule l'imagination créatrice permet d'unir les parties dans un tout et de lui conférer une expression immuable (Joedicke, Struct. en voiles et coques, 1962, p. 13). 2. Triturer l'opinion. Préparer l'opinion, par une pression intense, à des décisions graves. Synon. manipuler.La presse officielle n'a pas cessé de triturer l'opinion (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 92). 3. Empl. pronom., fam. Se triturer la cervelle, les méninges. Faire des efforts intenses pour réfléchir, penser sans cesse à une question. (Dict. xxes.). Synon. se casser* la tête. REM. 1. Triturage, subst. masc.,rare. Action de triturer. Synon. trituration.[Corresp. à supra B 1] En espagnol ou en anglais, je peux (...) m'enchanter à toutes les hardiesses, à tous les triturages et subversions de mots (Aymé, Confort, 1949, p. 21). 2. Triturant, -ante, part. prés. en empl. adj.Qui triture. Le tissu de la dent n'est absolument compact qu'à la surface triturante (Cuvier, Anat. comp., t. 3, 1805, p. 107). 3. Tritureuse, subst. fém.,bât., trav. publ. Machine automotrice servant à incorporer à un sol préalablement ameubli, des matériaux complémentaires (d'apr. Industries 1986). Prononc. et Orth.: [tʀityʀe], (il) triture [-ty:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1519 « séparer le grain de la paille » ([Guill. Michel], Énéide ds Delb. Rec. d'apr. DG), puis 1765 (Encyclop. t. 16), 1771 (Trév.), 1845-46 (Besch.); 1611 « réduire en poudre » (Cotgr.). Empr. au b. lat.triturare « battre le blé » dep. le vie-viies. ds Gaff., déjà au sens fig. de « tourmenter » au ves., ibid.; dér. de tritura, v. triture. Fréq. abs. littér.: 89. DÉR. Triturateur, subst. masc.,technol. Instrument ou appareil qui sert à triturer, utilisé notamment dans la préparation de la pâte à papier. Synon. broyeur.Jusqu'à la fin du XVIIIesiècle les seuls perfectionnements apportés à la fabrication concernent la trituration de la pâte: la pile hollandaise remplace le triturateur à maillets primitif (Civilis. écr., 1939, p. 6-6).Empl. adj. La matière à moudre (...) est projetée par la force centrifuge entre ce plateau armé de marteaux triturateurs et des couronnes dentelées sur lesquelles elle est broyée (Catal. instrum. lab. (Jouan), 1933, p. 69).− [tʀityʀatœ:ʀ]. − 1resattest. a) 1873 triturateur « machine à triturer » (Tolhausen, Dict. technologique fr.-all.-angl., p. 780 ds Quem. DDL t. 12), 1933 adj. (Catal. instrum. lab., loc. cit.), b) 1876 « ouvrier qui triture » (Rapport no510 des impressions de la chambre des dép., p. 162 ds Littré Suppl.); de triturer, suff. -ateur2*. Cf. l'angl. triturator au sens 1 dès 1864 ds NED, et le lat. triturator, oris « batteur de blé (au fig.) » ives. ds Gaff. |