| TRITON1, subst. masc. A. − ZOOLOGIE 1. Genre de Batracien urodèle, de la famille des Salamandres, amphibien insectivore de petite taille qui passe la plus grande partie de sa vie dans l'eau et dont il existe de nombreuses variétés. Triton alpestre, crêté, marbré, palmé; œufs de triton. Assise au soleil sur une marche du perron, Berthe regardait le dessin d'un triton à crête que lui montrait son beau-frère (Chardonne, Épithal., 1921, p. 141).Si, chez un triton auquel on a coupé le bout d'une patte, on enlève tout l'os de la partie basilaire du membre, celle-ci n'en régénère pas moins une patte pourvue d'un squelette typique (J. Rostand, La Vie et ses probl., 1939, p. 70). 2. Genre de Mollusque gastéropode marin de très grande taille à la coquille conique en spirale. Synon. trompette (v. ce mot I C 3).Dans les tritons (...) le système nerveux tient une sorte de milieu entre celui des mollusques et celui des crustacés (Cuvier, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 312).Les Mollusques que nous procura ce mouillage furent des Pourpres, des Tritons (...) des Patelles (Dumont d'Urville, Voy. autour du monde, t. 2, 1832-34, p. 264). − P. méton. Coquille de ce mollusque utilisée comme trompe ou clairon. Synon. conque.Voici la conque, le triton avec lequel on appelle les chasseurs dans les montagnes (Vigny, Journal poète, 1830, p. 908). B. − MYTHOL. Divinité marine à corps d'homme et queue de poisson dont les attributs sont la conque et le trident et qui, avec les néréides, formait le cortège d'Amphitrite. Dans certains récits, Triton est vaincu facilement, parce qu'il s'endort après avoir bu un cratère de vin. Au IVesiècle Triton se multiplie; on a les Tritons, qui ne sont plus que le cortège des grands dieux de la mer (Lavedan1964). − P. méton. Représentation peinte ou sculptée de cette divinité entrant le plus souvent dans la décoration des fontaines. Ainsi l'on eût pu saisir tour à tour tous les détails du tableau, tantôt la console portée sur trois grands tritons dorés, tantôt le plafond peint (Sand, Indiana, 1832, p. 21). − P. anal. Homme dont l'eau est l'élément naturel, qui aime nager, s'ébattre dans l'eau. Le voisin (...) prend des bains à l'étage supérieur. L'idée de ces bains, de cette nudité qui trempe au-dessus de nos têtes et de ces gouttes qui tombent, tout cela me casse, me détruit, me jette dans le gouffre. Ce triton a pour sœur une hérétique vénérable (Bloy, Journal, 1899, p. 325).P. métaph. [Rochefort] vénérait Hugo (...) sa voix brûlée, savoureuse, ponctuée de « oui, oui, » cordiaux contait aussitôt quelque circonstance où le glorieux triton de Guernesey, maintenant au sec, était mêlé (L. Daudet, Fant. et viv., 1914, p. 19).Faire le triton. Nager, s'ébattre dans l'eau. Tous les jours se ressemblent, les lectures succèdent aux lectures (...) un peu avant de dîner je fais le triton dans la rivière, et ainsi de suite (Flaub., Corresp., 1877, p. 55). ♦ En partic. Marin. Mon père fut aussi marin que son père. Ta famille maternelle, mon ami, est une famille de tritons dont les hommes ont beaucoup plus vécu sur l'eau que sur terre (Vigny, Mém. inéd., 1863, p. 24). REM. 1. Tritonie, subst. fém.,zool. Mollusque gastéropode qui est le type de la famille des Tritoniens. Quelques gastéropodes, comme le limaçon, n'ont qu'une mâchoire supérieure; d'autres, comme la tritonie, en ont deux latérales (Cuvier, Anat. comp., t. 3, 1805, p. 11). 2. Tritonien, -ienne, subst. et adj.a) Subst. masc. plur., zool. Famille de Mollusques gastéropodes. Voir Lamarck, Philos. zool., t. 1, 1809, p. 320.b) Adj. [Corresp. à supra B] Qui appartient au triton, à son comportement, sa physionomie. Il irait à sa fenêtre, pour que le premier visage qu'il vît fût celui d'un être de jeunesse, comme le salut et le gage d'espérance de la journée. Et il y aurait la joie d'eau, la vieille joie tritonienne et romaine (Montherl., Lépreuses, 1939, p. 1512). 3. Tritonner, verbe intrans.,hapax. Se comporter comme un triton dans l'eau, faire le triton. Pauvres marionnettes que nous sommes! Non! Je ne « tritonne » pas dans la Seine. Je me suis baigné deux fois, et là encore, j'ai senti une grande décadence! Je soufflais comme un cachalot (Flaub., Corresp., 1878, p. 103). Prononc. et Orth.: [tʀitɔ
̃]. Homon. et homogr. triton2 et 3. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1510 mythol. « divinité marine » (J. Le Maire de Belges, Illustrations de Gaule, éd. J. Stecher, livre I, t. 1, p. 207); 2. zool. a) 1800 désigne un mollusque (Boiste); b) 1828 « genre de batracien voisin des salamandres » (Mozin-Biber). Empr. au lat.Triton, -onis dieu marin, fils de Neptune, également désignant une espèce de poisson, du gr. Τ
ρ
ι
́
τ
ω
ν « id. », fils de Poséidon et d'Amphitrite. Au sens 2 a, cf. l'angl. Triton dès 1777 ds NED. Fréq. abs. littér.: 82. |