| * Dans l'article "TRAIRE,, verbe trans." TRAIRE, verbe trans. A. − 1. Tirer, extraire le lait de la mamelle des vaches et de quelques autres femelles laitières soit manuellement, en exerçant une pression sur les trayons du pis, soit mécaniquement, au moyen d'une machine à traire. Elles vont traire les vaches. Elles arrivent, posent à terre un seau, et s'approchent des deux premières bêtes, qu'elles font lever d'un coup de sabot dans les côtés (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Aveu, 1884, p. 158).En même temps que la nuit venait, l'inquiétude était venue aux bêtes, qui n'avaient pas été traites de tout le jour. Elles venaient avec leurs mamelles gonflées, tendant leurs mufles du côté du chalet (Ramuz, Gde peur mont., 1926, p. 188). ♦ P. métaph. Lautour-Mézeray, homme d'esprit, (...) sait mieux que personne traire la pensée (Balzac, Théor. démarche, 1833, p. 614). − Absol. Traire à la main, automatiquement; graisse à traire. Milliquet était tout à coup sorti de l'écurie son seau à traire à la main, et la chaise à traire au derrière (Ramuz, A. Pache, 1911, p. 227).Les hommes avaient une égale répugnance à voir et à manipuler le lait. Ils se seraient crus déshonorés à être vus trayant (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 245). ♦ Machine à traire. Appareil réalisant mécaniquement ou électriquement la traite au moyen de gobelets trayeurs s'ajustant sur les trayons et de pots collecteurs recueillant le lait ou de tuyaux dirigeant directement celui-ci dans des bidons (lactoducs). Synon. trayeuse (infra dér.).Il est indispensable (...) de moderniser les fermes et leurs vacheries, de les pourvoir d'eau potable et d'électricité, de machines à traire et d'installations frigorifiques (Brunerie, Industr. alim., 1949, p. 63). − [P. méton. de l'obj.] Traire la mamelle. Lucie et Jeanne voulaient voir traire le lait, on était allé dans l'étable même avec les tasses (Zola, Germinal, 1885, p. 1434).Les membres robustes des femmes qui traient le pis traînant des chèvres au milieu des feuillages (Faure, Hist. art, 1921, p. 22). 2. P. anal., ENTOMOL. [Le suj. désigne une fourmi, le compl. un puceron] Tirer la substance laiteuse et sucrée des pucerons par léchage ou aspiration pour s'en nourrir ou nourrir la colonie. Les fourmis de nos climats, pour la plupart incapables de faire du miel, satisfont au besoin qu'elles en ont en léchant ou trayant une sorte de miellée sur les pucerons, inertes animaux qui, sans travail, par le seul fait de l'organisation, tirent des liquides sucrés de toutes sortes de plantes (Michelet, Insecte, 1857, p. 261).Je ne méprise pas les fourmis. Je reconnais leurs qualités exceptionnelles. Je sais qu'elles traient des puces et qu'elles ont des militaires (Giraudoux, Intermezzo, 1933, I, 5, p. 45). B. − [Par réfection étymol.] 1. [Le compl. désigne un liquide autre que le lait] Vieilli ou région. Tirer. Traire le vin, le champagne. On remplit jusqu'au bord les verres (...) et on boit du vivarais comme du lait, − un vivarais qu'on va traire tout mousseux à une barrique (Vallès, J. Vingtras, Enf., 1879, p. 66). 2. [Le compl. désigne une chose] Vider tout ou partie de son contenu. Aussi Désiré, qui connaissait l'étendue de son pouvoir, savait-il traire la cassette de sa mère et puiser dans la bourse de son père (Balzac, U. Mirouët, 1841, p. 8). C. − Au fig. Soutirer, extorquer un bien, de l'argent à quelqu'un. Citoyens dociles (...) attentifs à ne pas heurter de la jambe le seau de l'employé du fisc occupé à les traire (Bernanos, Gde peur, 1931, p. 256). Prononc. et Orth.: [tʀ
ε:ʀ], (il) trait [tʀ
ε]. Homon. très. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1050 « tirer » (Alexis, éd. Chr. Storey, 431), usuel au sens gén. − xvies. ds Hug.; spéc. au sens de « traire » ca 1120 (St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 420); et au part. passé trait « passé par la filière (d'un métal) » 1379 (Inventaire du mobilier de Charles V, éd. J. Labarte, p. 33, § 88: une seinture d'or, à pierrerie, sur ung orfroiz d'or trait). D'un lat. pop. *tragere, réfection du class. trahere « tirer » (tractus au part. passé), peut-être sous l'infl. de agere « agir » (part. passé actus) en raison de leurs rapports de sens; traire « tirer le lait » a supplanté l'a. fr. moudre « id. » (< lat. mulgere) ca 1170 (Rois, éd. E. R. Curtius, I, XVII, 40, p. 34: mulger) − 3equart xves. (Evangiles des Quenouilles, éd. M. Jeay, 809: moudre ses vaches) encore usité dans le pat. du Nord, v. FEW t. 6, 3, p. 198b mais gêné ailleurs par son homon. avec moudre* (< lat. molere); traire est concurrencé par tirer « traire » dans les parlers du Centre, v. tirer. Fréq. abs. littér.: 128. DÉR. Trayeur, -euse, subst. et adj.a) Subst.
α) Homme, femme dont la tâche est de traire les vaches. Les uns (...) faisaient téter les agneaux bruns. (...) D'autres chassaient les mères qui n'ont plus d'agneau vers le trayeur (Lamart., Cours litt., 1859, p. 301).Accroupi sur un petit escabeau de trayeuse, Broucke fait rôtir ses jambes nues (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 241).
β) Subst. fém. Synon. de machine à traire (supra A 1).Dieu merci, je ne me suis jamais assise sous l'affreux appareil [indéfrisable] qui ressemble à une trayeuse (H. Bazin, Lève-toi, 1952, p. 64).b) En appos. avec valeur d'adj.
α) Gobelet, tube trayeur. Gobelet, tube que l'on adapte au trayon de la vache dans la traite mécanique. Sur chaque trayon est appliqué un gobelet trayeur fait d'un étui rigide et d'un manchon souple (GDEL).
β) Pot trayeur. Pot servant à recueillir le lait dans la traite mécanique. Le lait est collecté vers un pot trayeur individuel (...) ou vers un tank à lait par l'intermédiaire d'un lactoduc (GDEL).− [tʀ
εjœ:ʀ], fém. [-ø:z]. − 1resattest. a) α) déb. xves. trayeur de lait de vaches « celui qui trait les vaches » (Gl. gall.-lat., Richel. 1. 7684 ds Gdf. Compl.), puis 1859 (Lamart., loc. cit.), 1797 subst. fém. trayeuse « femme qui trait les vaches » (Parmentier, 6 fructidor an VI ds Mém. de l'Institut Nat. des sc. et arts, t. 4, 1803, p. 243),
β) adj. 1582 traieur « qui sert à traire » (D'Aigneaux), Virgile, 65 ds Z. rom. Philol. t. 29, p. 204: pots traïeurs, 1874 tubes trayeurs (Nocart, Mém. soc. centr. d'agr., p. 373 ds Littré Suppl.), b) 1923 subst. fém. trayeuse « appareil qui effectue la traite mécanique » (Lar. 20e); de traire, suff. -eur2*, -euse. BBG. − Bolbjerg (A.). Six verbes fr.: la catégorie -aire. R. rom. 1979, t. 14, no1, pp. 114-146. − Lanly (A.). Morphol. hist. des verbes fr. Paris, 1977, pp. 272-274. − Van den Bussche (H.). Morphol. hist. de l'a. fr.: les verbes faire, taire, duire et traire. R. roum. Ling. 1986, t. 31, no5, pp. 439-454. |