| TRAVESTISSEMENT, subst. masc. A. − 1. Action ou manière de se travestir. Le goût du travestissement et du masque, la haine du domicile et la passion du voyage (Baudel., Poèmes prose, 1867, p. 57). ♦ [En fonction de déterm., en parlant d'une pièce, d'un rôle] Où l'acteur change de costume à plusieurs reprises pour interpréter plusieurs personnages. Une comédie à travestissements, une pièce de cape et d'épée, une intrigue à l'espagnole (Dumas père, Jeunesse Mousquet., 1849, III, 16, p. 176). − PSYCHOPATHOL. Utilisation maniaque par un individu des vêtements et des comportements sociaux d'une autre condition ou d'un autre sexe. Le travestissement habituel (généralement de l'homme en femme) n'est que l'aspect le plus apparent du problème; ce sont ces cas qui ont donné lieu à l'épidémie actuelle de « demandes de changement de sexe » (Lafon1963). 2. P. méton. Costume utilisé pour se déguiser. Synon. déguisement, travesti.Je suis certain qu'il se déguise, Que sous le travestissement Est une fille et non l'amant Pour qui vous soupirez, marquise! (Apoll., Casanova, 1918, I, 12, p. 987).P. métaph. Le mouvement même qui aboutit à Nietzsche, et qui le porte, a ses lois et sa logique qui, peut-être, expliquent le sanglant travestissement dont on a revêtu sa philosophie (Camus, Homme rév., 1951, p. 101). B. − Au fig. Action d'altérer le caractère ou la nature de quelque chose. Synon. déformation, parodie.Cette haine de Montfort et ce travestissement de ma pensée ont commencé de me faire tellement souffrir, que je me suis levé pour écrire une préface à La Porte étroite (Gide, Journal, 1912, p. 366). Prononc.: [tʀavεstismɑ
̃]. Étymol. et Hist. 1. 1651 litt. « apparence trompeuse donnée à un écrit, une œuvre » (C. Petit-Jehan, Virgile goguenard, c iv ro, Sommaville ds Quem. DDL t. 30); 2. 1694 « action de se travestir; état de celui qui se travestit; déguisement » (Ac. Add.); 3. 1902 psychanal. (E. Claparède, c.r.: Freud, in Arch. de psychol., t. 2, p. 73 ds Quem. DDL t. 29, s.v. condensation); 4. 1960 psychopathol. (Porot). Dér. de travestir*; suff. -(isse)ment1*. Fréq. abs. littér.: 89. Bbg. Quem. DDL t. 29. |