Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
TRAVAILLEUR, -EUSE, adj. et subst.
I. − Substantif
A. − [Corresp. à travail1II A] Personne qui exerce une activité manuelle ou intellectuelle utile, qu'elle soit ou non rétribuée. Bon, rude travailleur; travailleur acharné, appliqué, consciencieux, courageux, infatigable, forcené; grand, médiocre travailleur. Cher Auguste, oui, vous êtes un merveilleux travailleur. À lire vos articles, si robustes, si puissants, personne ne se douterait de vos fatigues et de vos insomnies (Hugo, Corresp., 1869, p. 194).J'ai vu sur le drap, la longue main de Catherine: c'est une main de travailleuse, mais une main très bien faite, belle et pleine de noblesse (Duhamel, Maîtres, 1937, p. 173).
B. − [Corresp. à travail1II D]
1. Personne qui exerce un métier, une profession. Travailleur agricole, intellectuel, scientifique; équipe, groupe de travailleurs; qualification des travailleurs. Smith appelle le soldat un travailleur improductif; plût à Dieu! C'est bien plutôt un travailleur destructif (Say, Écon. pol., 1832, p. 485):
En 1856 (...), le dictionnaire de Poitevin note que l'ouvrier n'a pas fait d'apprentissage, alors que l'artisan exerce un art demandant un certain apprentissage. Ainsi, dans ces débuts du xixesiècle, l'artisan est un travailleur manuel habile et qualifié par un apprentissage qui l'oppose à l'ouvrier: rien d'autre. Robert, Artis., 1966, p. 59.
Travailleur à domicile. Travailleur qui exécute une tâche ou un métier à son domicile. Le travailleur à domicile travaille à un prix forfaitaire pour un ou plusieurs employeurs et sous leur direction (Les Instit. soc. de la France, Paris, La Docum. fr., t. 2, 1956, p. 333).Travailleur étranger, immigré. Salarié de nationalité étrangère. La France avait à cette époque sur son sol plus d'un million de travailleurs étrangers (Lesourd, Gérard, Hist. écon., 1966, p. 393).La nature de la main-d'œuvre se caractérise [entre autres] par (...) la place tenue (...) par les travailleurs immigrés (Traité sociol., 1967, p. 268).Travailleur de force. Travailleur dont la profession exige une grande énergie physique. On peut situer les travailleurs, d'après leurs mains (...). Mains gourdes et gonflées, des travailleurs de force (maçons, rustiques, etc.); nerveuses et blessées, des mécanos (Montherl., Olymp., 1924, p. 343).Travailleur indépendant*. Travailleur migrant*. Travailleur social*. Travailleuse familiale. Salariée des caisses d'allocations familiales qui aide à leur domicile les mères de famille ayant des difficultés. Les travailleuses familiales ont pour tâche d'apporter à domicile une aide aux mères de famille malades, fatiguées, nouvellement accouchées en les secondant dans leur tâche familiale (Actualités soc., févr. 1956, no2, annexe).
Travailleur de + subst. (désignant un domaine, une matière, un lieu).Travailleur qui exerce son métier ou ses compétences dans un domaine, sur une matière, dans un lieu. Travailleur de la distribution, de la fonction publique, de la mer, de la métallurgie, de la presse, de la terre, du commerce, des champs, des mines. Ces femmes d'un genre populaire, les allumettières, les enfileuses de perles, les travailleuses du verre ou de la dentelle, les petites ouvrières aux grands châles noirs à franges (Proust, Fugit., 1922, p. 626).
2.
a) [P. oppos. à celui qui possède ou qui dirige l'entreprise] Salarié d'une entreprise; en partic., ouvrier. Association de travailleurs. L'impôt, devançant la civilisation, suppose l'égalité des travailleurs et des capitalistes: expression inflexible de la nécessité, il semble nous inviter à nous rendre égaux par l'éducation et le travail (Proudhon, Syst. contrad. écon., t. 1, 1846, p. 279).« Ouvrier qui veut s'en sortir », qui rampe, lèche ou ruse, pour devenir contremaître (ou chef de rayon, chef de bureau, épicier en gros), on dit: le bon ouvrier, le bon employé, un ménage de bons petits travailleurs, on les cite en modèles: ce sont de sales putains (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 174).
b) [P. oppos. à oisif] Personne dont les revenus proviennent de son travail. En appelant tous les citoyens, tous les travailleurs à la propriété collective des instruments de travail, nous affranchissons les travailleurs de la dîme des parasites, du tribut levé par la paresse de l'actionnaire sur le labeur du prolétaire (Jaurès, Ét. soc., 1901, p. 191).
c) Dans le vocab. pol. et soc. Les travailleurs. L'ensemble des salariés de l'industrie considérés du point de vue de leurs intérêts communs. Action, aspirations, conditions, droits, émancipation, expression, intérêts, problèmes, participation, protection, promotion, revendications, solidarité, situation des travailleurs; intéressement des travailleurs aux bénéfices de l'entreprise; représentants des travailleurs; masse des travailleurs; confédération française des travailleurs chrétiens (C.F.T.C.); syndicat de travailleurs (anton. syndicat patronal*); parti des travailleurs; les travailleurs et agents de maîtrise. L'origine véritable des attentats remonte aux sévices dirigés contre les travailleurs et au refus brutal des libertés politiques (Duhamel, Nuit St-Jean, 1935, p. 103).En mars 1951, souffrant de la misère et des exactions du régime franquiste, les travailleurs de Barcelone se mettaient en grève (L'Humanité, 19 janv. 1952, p. 3, col. 5).
II. − Adjectif
A. − [En parlant d'une pers., d'un ensemble de pers.] Qui travaille, aime travailler. Synon. laborieux, bosseur (pop., dér. s.v. bosser1), bûcheur (fam.).Élève consciencieux et travailleur. Gervaise Macquart arrivait avec ses quatre enfants, Gervaise bancale, jolie et travailleuse, que son amant Lantier jetait sur le pavé des faubourgs (Zola, Dr Pascal, 1893p. 112).J'ai connu un temps où cette modeste bourgeoisie, travailleuse, épargnante, qui fait encore la richesse et la grandeur de notre cher pays, subissait presque tout entière l'influence de la mauvaise presse (Bernanos, Journal curé camp., 1936, p. 1081).
B. − [En parlant d'un coll.] Qui appartient au monde du travail, en particulier au monde du travail manuel. Cette poussée est beaucoup plus marquée dans la jeunesse cultivée ou barbouillée de culture que dans la jeunesse travailleuse qu'une vie plus dure détourne de la fantaisie et de l'introspection (Mounier, Traité caract., 1946, p. 588).
Dans le vocab. pol. et soc. Des travailleurs. Masses travailleuses. En partic., vieilli. Classe(s) travailleuse(s). Ensemble de ceux qui travaillent, des salariés de l'industrie. Le problème consiste donc, pour les classes travailleuses, non à conquérir, mais à vaincre tout à la fois le pouvoir et le monopole (Proudhon, Syst. contrad. écon., t. 1, 1846, p. 319).
C. − [En parlant d'un inanimé] Qui se consacre au travail. On vivrait vraiment mille ans, qu'un homme doué d'une intelligence travailleuse, le jour de sa mort, s'apercevrait qu'il n'a pas fait la moitié de tout ce qu'il voulait faire (Goncourt, Journal, 1885, p. 411).
D. − ENTOMOL. Abeille travailleuse ou, p. ell., travailleuse, subst. fém. Abeille ouvrière. La reine (...) vient (...) exiger de nouvelles cellules d'ouvrières. Les travailleuses obéissent, rétrécissent graduellement les alvéoles, et la poursuite recommence (Maeterl., Vie abeilles, 1901, p. 155).
III. − Subst. fém. Petit meuble utilisé pour le rangement des travaux d'aiguilles. Synon. table* à ouvrage.Travailleuses. Nous réunissons sous cette dénomination, des tables qui, d'ailleurs, n'ont entre elles guère de rapport (Nosban, Manuel menuisier, t. 2, 1857, p. 54).
Prononc. et Orth.: [tʀavajœ:ʀ], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694 (le fém. seulement ds Ac. 1935). Étymol. et Hist. A. Subst. masc. et fém. 1. xiiies. travailleor « tourmenteur » (Livre de jostice et de plet, éd. Rapetti, XLIX,1, p. 323); 2. 1552 grand travailleur « celui qui s'attache au travail » (Est., s.v. labor); 3. 1587 « celui qui travaille » (doc. ds Cartulaire de l'anc. Estaple de Bruges, éd. L. Gilliodts-van Severen, t. 3, p. 307 ds Gemmingen Arbeit, p. 119; chaudronniers, massons et aultres travailleurs); 4. 1761 « ouvrier dans une fabrique » (Voltaire, Hist. de l'Empire de Russie sous Pierre le Grand, p. 69). B. Adj. 1. 1629 « qui travaille » (N. Peiresc, Lettres, t. 2, p. 145: paisans travailleurs); 2. 1755 « assidu au travail » (R.-L. d'Argenson, Journal et mém., p. 220). C. Subst. fém. 1. 1773 désigne les abeilles ouvrières (Helvetius, De l'Homme, t. 2, p. 89); 2. 1830 « petite table à ouvrage à tiroirs » (Balzac, Gloire et malheur [1reversion de La Maison du Chat-qui-pelote], in Scènes de la vie privée, t. 2, p. 95 ds Quem. DDL t. 16). Dér. de travailler*; suff. -eur2*. Fréq. abs. littér.: 1 453. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 554, b) 2 127; xxes.: a) 2 424, b) 2 254. Bbg. Benveniste (É.). Mécanismes de transpos. In : [Mél. Frei (H.)]. Cah. F. Sauss. 1969, no25, pp. 47-49. − Dub. Pol. 1962, pp. 431-435. − Lafon (P.). Analyse lexicométrique et rech. des cooccurrences. Mots. 1981, no3, pp. 97-98. − Quem. DDL t. 1, 21, 30, 33. − Thiele (J.). Bemerkungen zum gesellschaftspolitischen Wortschatz der Saint-Simonisten und Fourieristen. Beitr. rom. Philol. 1981, t. 20, no2, p. 290. − Tournier (M.). Un Vocab. ouvrier en 1848... Thèse, St Cloud, 1975, pp. 104-105, 171-172. − Vardar Soc. pol. 1973 [1970], p. 313.