| TRANSLUCIDE, adj. A. − 1. Qui laisse passer les rayons lumineux mais ne permet pas de distinguer nettement les contours ou les couleurs des objets. Synon. diaphane, lucide (vx), pellucide; anton. opaque.Matière, papier huilé, pierre, porcelaine, verre dépoli translucide; brume, ciel, eau translucide. Les baies [de la vigne] qui étaient vertes et herbacées deviennent translucides, c'est la véraison (...), puis elles se colorent progressivement (Levadoux, Vigne, 1961, p. 16). − BÂT. Béton translucide. ,,Paroi laissant passer la lumière, formée de pavés ou de dalles de verre enchâssés dans du béton`` (Peyroux Techn. Métiers 1985). L'adoption de la couverture en terrasse dans les constructions en béton armé permet toute liberté de disposition du plan, et le béton translucide donne les plus larges possibilités d'éclairage horizontal ou vertical sans les sujétions d'étanchéité et d'entretien de la paroi ou du comble en fer et verre (Civilis. écr., 1939, p. 50-11). 2. Le plus souvent littér. Qui est d'une couleur très pâle et lumineuse, presque transparente. Synon. diaphane. a) [En parlant de la lumière, de la luminosité, des couleurs] Lueur, ton translucide. Son manteau, eût-il été d'un bleu translucide avant les tourments, est éclaboussé du sang de la flagellation, du sang de la couronne d'épines (Bloy, Journal, 1903, p. 178).[Le ciel] était peint de couleurs inaccoutumées, et sa teinte translucide était faite de vert d'eau très pâle, dans des profondeurs liquides. Elle rappelait aussi certaines roses délicates que Maxence avait vues en Chine, ou bien certains fonds de mer, dans les golfes de Bretagne (Psichari, Voy. centur., 1914, p. 159). b) [En parlant du corps d'une pers.] À l'éclat délicat, lumineux. Chair translucide. La joie remplissait avec une violence si soudaine leur visage translucide en un instant devenu rouge que leur bouche n'avait pas la force de la retenir et, pour la laisser passer, éclatait de rire (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p. 904).Lady Seymour était toute différente, son teint était pâle et translucide au clair de lune (Maurois, Disraëli, 1927, p. 71). 3. Au fig. a) [En parlant d'une production de l'esprit] Qu'on peut comprendre, dont on peut saisir l'essentiel du sens, de la signification, qui est sans ambiguïté, sans obscurité; qui ne déforme pas l'original. Synon. clair, limpide; anton. obscur, opaque, sombre.Parole translucide. À propos de Poe, je regrette que vous n'ayez pas envoyé le lac d'Auber ou telle autre chose de lui! mon cher ami, ce serait rudement bien, et avec votre traduction translucide, ce serait ma fortune! (Villiers de L'I.-A., Corresp., 1867, p. 113).L'acte moral est donc souvent, on serait tenté de dire: presque toujours, translucide pour Dieu seul, opaque aux yeux de celui qui l'accomplit (Gilson, Espr. philos. médiév., 1932, p. 143). b) [En parlant d'un inanimé abstr.] Qui présente une certaine clarté, une certaine transparence. Le vide translucide, monotone et profond de cette existence de bon mari et de domestique de province (Proust, Guermantes 1, 1920, p. 166).Le malentendu (...) institue entre les hommes un certain ordre provisoire qui, s'il ne remplace pas l'entente translucide et sans arrière-pensée, vaut pourtant mieux que la discorde ouverte (Jankél., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 165). B. − SC. OCCULTES, rare. [En parlant d'une pers.] Qui a la faculté de percevoir les choses de l'esprit, les choses invisibles. Synon. cour. extralucide.Ayant étudié (...) les sciences psychiques et pratiqué, avec le concours d'un médium translucide, des expériences sur la nature et la durée de l'âme... (A. France, Révolte anges, 1914, p. 262).P. méton. [En parlant du regard, de la vue] Il fallait présenter à madame Mira un objet qu'avait porté (...) l'absent sur lequel on attirait ses regards translucides (A. France, Révolte anges, 1914, p. 162). REM. Translucidus, subst. masc.,météor. ,,Ensemble de nuages en banc étendu, nappe ou couche, dont la majeure partie est suffisamment translucide pour laisser apparaître la position du Soleil ou de la Lune`` (Villen. 1974). Prononc. et Orth.: [tʀ
ɑ
̃slysid]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1556 (Le Blanc, Trad. de Cardan, fo123 rods Gdf. Compl.), absent des dict. jusque 1830 (Boiste). Empr. au lat.translucidus « transparent, diaphane ». Fréq. abs. littér.: 113. DÉR. Translucidité, subst. fém.a) [Corresp. à supra A 1] Phys. État, caractère d'un corps, d'une substance translucide. Synon. diaphanéité; anton. opacité.Translucidité d'un diamant. On reconnaît le parfait tannage de la peau à ce que, par transparence, elle ne doit plus présenter aucune translucidité en aucun point de sa surface (Bérard, Gobilliard, Cuirs et peaux, 1947, p. 82).b) [Corresp. à supra A 2] Le plus souvent littér. Qualité de ce qui est translucide, d'une transparence atténuée ou d'une couleur délicate et pâle. Synon. diaphanéité.[Sa santé était rétablie,] ses yeux avaient repris leur translucidité (Vidocq, Vrais myst. Paris, t. 4, 1844, p. 102).c) [Corresp. à supra A 3] Au fig. Qualité de ce qui possède une certaine clarté, une certaine transparence, tout en gardant certains aspects cachés, voilés. Que ce jour ancien, traversant la translucidité des époques suivantes, remonte à la surface et s'étende en nous qu'il couvre tout entier (Proust, Fugit., 1922, p. 544).− [tʀ
ɑ
̃slysidite]. − 1resattest. 1565 (Rabelais, La Cresme philosophalle, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 3, p. 283), 1796 (Saussure, Voy. Alpes, t. VI, p. 64 ds Littré); de translucide, suff. -(i)té*. BBG. − Anderer 1981, t. 2, p. 444. |