| * Dans l'article "TRANSFÉRER,, verbe trans." TRANSFÉRER, verbe trans. A. − 1. Déplacer, transporter d'un lieu dans un autre selon des modalités précises. Transférer des prisonniers, des cendres, un corps, des reliques. Mais avant qu'Ayrton fût transféré à l'île Tabor, Harry Grant voulut faire à ses nouveaux amis les honneurs de son rocher (Verne, Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 236).Deux détenus (...) récemment transférés du Luxembourg à la Conciergerie (A. France, Dieux ont soif, 1912, p. 242). − En partic. [L'obj. désigne une autorité, une juridiction] Mais, en outre, M. de la Baume déclarait, de la part de Baudouin, que « si l'ennemi saisissait ces denrées, le gouvernement serait transféré en Afrique du Nord et que la France reprendrait la guerre aux côtés du Royaume-Uni » (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 118). − P. anal. Transférer une fête. ,,La remettre d'un jour à un autre`` (Ac.). 2. Spécialement a) BANQUE, COMPTAB. Faire passer d'un compte à un autre. Synon. virer.Transférer un crédit. ,,Faire passer un crédit budgétaire d'un chapitre à un autre`` (Admin. 1972). b) INFORMAT. ,,Déplacer une information d'une mémoire à une autre, d'une zone de mémoire à une autre, d'un registre à l'autre, ou la transmettre d'une partie de l'ordinateur à une autre`` (Ging.-Lauret 1982). 3. Au fig. Faire passer d'un ordre à un autre. Les stances de Polyeucte reprennent, raniment les stances du Cid (...) Ou plutôt ce sont les mêmes stances qui sont promues, transférées (...) d'un registre à l'autre, du registre héroïque au registre sacré (Péguy, V.-M., comte Hugo, 1910, p. 805).À partir de ce moment, on peut dire que l'essence du bien et du mal moral va se trouver transférée de l'acte à la volonté (Gilson, Espr. philos. médiév., 1932, p. 143). B. − DR. COMM. ET FIN. Transmettre selon les procédures requises la propriété d'un bien ou un droit à une autre personne. Transférer des titres de propriété. Une ordonnance a nationalisé Air-France, Air-Bleu et Air-France transatlantique, en transférant à l'État leurs actions (Chenot, Entr. national., 1956, p. 70).Empl. pronom. réciproque. Qu'est-ce que le contrat? − L'action de deux ou plusieurs personnes qui se transfèrent réciproquement leurs droits (Proudhon, Guerre et paix, 1861, p. 119). C. − PSYCHOL. Étendre un sentiment d'un sujet ou d'un domaine à un autre. Dans la pratique, Freud se heurta à la résistance du malade qui, le plus souvent, tentait de maintenir le statu quo du refoulement en transférant inconsciemment sur le médecin des sentiments qu'il avait éprouvés dans son enfance envers ses parents (Hist. sc., 1957, p. 1696). Prononc. et Orth.: [tʀ
ɑ
̃sfeʀe], (il) transfère [-fε:ʀ]. Passy 1914, Martinet-Walter 1973 [-fε
ʀe], [-feʀe]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1355 « faire passer d'un lieu dans un autre en observant certaines formalités » (Bersuire, Tit. Liv., B.N. 20312 ter, fo10 vods Gdf. Compl.); 1636 « remettre la date d'une fête » (Monet); b) 1462 « transmettre un droit, un bien d'une personne à une autre » (Villon, Testament, éd. J. Rychner et A. Henry, 994); 1904 « faire passer d'un compte à un autre au moyen d'une écriture de virement » (Nouv. Lar. ill.); 2. 1896 « étendre un sentiment à un autre objet » (T. Ribot, Psychologie des sentiments, I, XII, I ds Rob. 1985). Empr. au lat.transferre « porter d'un lieu dans un autre », « transporter », « transcrire », « reporter, différer ». Fréq. abs. littér.: 283. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 432, b) 261; xxes.: a) 303, b) 509. DÉR. 1. Transférable, adj.a) Dans le domaine de l'intellect.Qui peut passer d'un champ à un autre. Mais, avec le calcul des probabilités, s'introduit un mode spécifique de raisonnement mathématique qui est directement transférable à l'intelligence discursive, qui est pour elle d'un enseignement immédiat (Gds cour. pensée math., 1948, p. 336).b) Dr., fin. Que l'on peut transférer. Synon. cessible, négociable.Les rachats et reventes des effets transférables s'opèrent dans les mêmes formes et ont les mêmes conséquences que les achats et les reventes des effets au porteur (Boyard, Bourse et spécul., 1853, p. 249).− [tʀ
ɑ
̃sfeʀabl̥]. − 1resattest. 1596 (Jean de Basmaison, Paraphrase des cout. d'Auvergne, p. 151), à nouv. en 1819 (Boiste); de transférer, suff. -able*. 2. Transfèrement, subst. masc.a) Le fait de transférer une personne d'un lieu de détention dans un autre. Synon. plus usuel transfert.Festus (...) croyait, par ce renvoi (...) faire une chose agréable aux Juifs, qui lui demandaient avec tant d'instances le transfèrement du prisonnier (Renan, St-Paul, 1869, p. 542).b) Déplacement (d'une chose). Synon. translation.Il avait acquis des terrains à Florence; et une partie de ces terrains lui était achetée 250.000 francs pour le percement d'un boulevard, quand le transfèrement de la capitale du royaume d'Italie de Florence à Rome a fait abandonner le projet (Goncourt, Journal, 1875, p. 37).− [tʀ
ɑ
̃sfε
ʀmɑ
̃]. Ac. 1878: transférement; 1935: -fè-. − 1reattest. 1704 (Trév.); de transférer, suff. -ment1*. BBG. − Quem. DDL t. 29. − Ranft 1908, p. 75 (s.v. transfèrement). |