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TRADUIRE, verbe trans.
A. − DR. [Le compl. d'obj. désigne une pers.; avec compl. prép.]
1. Vx. Transférer, mettre (en prison). Il fut traduit des prisons du Châtelet à la Conciergerie (Ac.1835-1935).Ferdinand est encore traduit en prison pour savoir où vous êtes. J'ai dit de répondre que vous étiez embarqué pour l'Amérique. Ils enragent de ne pas vous tenir. (...) Ils vous auraient condamné indubitablement. Qu'une telle possibilité ait existé, on persécute, comme ce pauvre Ferdinand qui pourrait être aussi longtemps en prison qu'Ordinaire (Staël, Lettres L. de Narbonne, 1792, p. 8).
2.
a) Citer, appeler à comparaître.
α) Traduire à.L'Assemblée nationale a décrété, le 3 décembre, que vous seriez jugé par elle; le 6 décembre, elle a décrété que vous seriez traduit à sa barre (Le Moniteur Univ., 13 déc. 1792ds Rec. textes hist., p. 64).
β) Traduire devant.Traduire devant une commission militaire, un conseil de guerre, un tribunal révolutionnaire, une juridiction professionnelle. Vingt fois j'aurais pu traduire toute cette clique devant les tribunaux (Stendhal, Chartreuse, 1839, p. 166).Pour juger Pucheu, le Comité de la libération (...) fait traduire l'accusé devant le « tribunal d'armée » (De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p. 179).
[Avec attribut du compl. d'obj.] Traduire devant... comme.../en... Seriez-vous traduits en criminels devant la cour d'assises? (Courier, Pamphlets pol., Procès, 1821, p. 106).Le gouvernement examina la question de destituer Chatillon de ses grades et dignités et de le traduire devant la Haute-Cour comme factieux (A. France, Île ping., 1908, p. 239).
[Avec compl. prép. exprimant le but ou la cause] L'assemblée a le droit constitutionnel (...) de le traduire [ministre] pour jugement devant la Haute Cour de Justice (Lidderdale, Parlement fr., 1954, p. 64).Tout instituteur privé pourra (...) être traduit pour faute grave dans l'exercice de ses fonctions, pour inconduite ou immoralité, devant le conseil départemental (Encyclop. Éduc., 1960, p. 70).
[P. méton.] Empl. pronom. passif. Ce n'est plus devant les cours de justice ordinaire que doivent se traduire les crimes d'État; c'est devant le conseil de régence, seul tribunal compétent (Scribe, Bertrand, 1833, iv, 3, p. 197).
γ) Traduire en.Traduire en conseil de guerre, en cours d'assises. Boulanger (...), traduit en Haute-Cour, se réfugia à Bruxelles (Bainville, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 243).
En partic. Traduire en justice. Préfets (...) Et du moins vous conserverez, Si l'on vous traduit en justice, Le droit de choisir les jurés (Béranger, Chans., t. 2, 1829, p. 159).
δ) [Sans compl. prép.] Accusé chaque jour pendant seize ans [par des jaloux], jamais je ne fus traduit; une seule fois je fus interrogé par M. Vigny, juge d'instruction (...) je fus renvoyé sur-le-champ (Vidocq, Mém., t. 3, 1828-29, p. 27).
b) P. anal. Appeler à paraître. Ayant donc mon opium en poche au moment où je me vis traduit en spectacle devant M. de Sainte-Croix, j'éprouvai une espèce d'embarras dont il me parut plus facile de me tirer par une scène que par une conversation tranquille (Constant, « Cahier rouge », 1830, p. 39).
B. − [Le compl. d'obj. désigne gén. une chose]
1.
a) [Le suj. désigne une pers.] Formuler dans une autre langue (langue cible) ce qui l'était dans la langue de départ (langue source) sans en changer le sens. Traduire une lettre, une page; traduire une locution, un mot, un terme. J'ai reçu d'Amérique mon premier volume traduit, commenté, annoté par un Monsieur Hotz (Gobineau, Corresp.[avec Tocqueville], 1856, p. 262).Averrhoès (...) traduisit l'œuvre d'Aristote (Caron, Hutin, Alchimistes, 1959, p. 120).
[La traduction est orale] Quelle route? demanda le postillon en italien.Route d'Ancône, répondit le baron. Maître Pastrini traduisit la demande et la réponse (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 728).On lui posait des questions que traduisait un interprète annamite, et lui, il répondait en méo (Mille, Barnavaux, 1908, p. 186).
[P. méton. du compl.] Traduire un auteur. Il était charmé de vous traduire après avoir traduit Shakespeare (Hugo, Corresp., 1866, p. 522).
Traduire une langue. Un matin, dans la bibliothèque de la Sorbonne, au lieu de traduire du grec, je commençai « mon livre » (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 239).
[P. méton. du suj.] Lorsque plus tard le droit féodal déclara le serf attaché à la glèbe, il ne fit que traduire par une périphrase le sens littéral du mot Servus (Proudhon, Syst. contrad. écon., t. 1, 1846, p. 169).
[Avec adj. ou compl. prép. désignant]
[la lang. source] Le Dr Ragu me prête un livre sur Tibère (traduit de l'allemand) (Gide, Journal, 1942, p. 137).Assise devant le bureau de papa, traduisant un texte anglais (...), j'occupais ma place sur terre (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 68).
Part. passé en empl. subst. Le mur (...) était jaune, du jaune sale des dos de livres brochés, lus, relus, haillonneux. Quelques « traduits de l'anglais »un franc vingt-cinqrehaussaient de rouge le rayon du bas (Colette, Mais. Cl., 1922, p. 55).
[la lang. cible] Un roi d'Égypte (on ne sait lequel ni dans quel temps) fit traduire la Bible en grec (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb., t. 2, 1821, p. 329).J'ignore s'il existe, traduite en français, une bonne histoire de la Russie soviétique (Mauriac, Bâillon dén., 1945, p. 444).
[Avec (loc.) adv. ou compl. prép. de manière] Traduire exactement, fidèlement, librement, littéralement, textuellement, à haute voix, à livre ouvert. Le russe étant resté sa spécialité, lui seul le traduisant couramment (Zola, Argent, 1891, p. 40).Le vulgarisateur ne conservera que les mots depuis longtemps reçus et il traduira les autres par des périphrases (Civilis. écr., 1939, p. 26-12).
En partic. Traduire mot à mot, mot pour mot (var.). Il fait des phrases anglaises que je traduis mot à mot, à mesure qu'il les prononce (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 434).Le journal officiel et secret du conclave (...) est traduit mot pour mot sur l'original italien (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 518).Traduire (un texte) en prose, en vers. [Il occupait] ses loisirs à traduire en vers français les Bucoliques de ce poète latin nommé Calpurnius (A. France, Orme, 1897, p. 29).
b) [Le suj. désigne un énoncé, une phrase] Que dire aussi de « lead us not into temptation » qui traduit exactement l'original? (Green, Journal, 1943, p. 10).
Empl. pronom. passif. Le conducteur idéal est le « high grade moron » qui peut se traduire par « idiot supérieur » (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 41).
c) INFORMAT. Machine à traduire. Synon. traductrice (v. ce mot B 2 a).Après les machines à calculer (...) voici, en effet, les « machines à traduire ». (...) Vues de loin, calculatrices et traductrices se ressemblent comme des cousines (Le Nouvel Observateur, 29 oct. 1979, p. 14, col. 1).
2. P. anal.
a) Transposer dans un autre système ce qui était exprimé dans un premier. Voici, par exemple, une série chromatique traduite en tablature de luth (D'Indy, Compos. mus., t. 1, 1897-1900, p. 57).Le lexique qui traduit la théorie multiplicative en théorie additive est connu de tous; c'est la table de logarithmes (Gds cour. pensée math., 1948, p. 202).
INFORMAT. On commence à concevoir, et à construire des machines à lire, c'est-à-dire à traduire le graphisme en sons. Ce sont les premières machines vraiment parlantes (Schaeffer, Rech. mus. concr., 1952, p. 119).Il faut, avant que les machines puissent commencer leur travail, traduire les documents en perforations (Couffignal, Mach. penser, 1964, p. 23).
b) Transposer dans une autre forme artistique ce qui existait dans une première. Sur un bloc de noyer, de poirier ou de buis bien plané, l'artiste trace à la plume la composition que doit traduire le graveur (Dacier1944, p. 6):
L'on a cru devoir (...) commander pour les niches à autels d'immenses peintures, traduites (...) en des mosaïques que façonnèrent des fabricants de pâtes de couleur, en Italie. Huysmans, Foules Lourdes, 1906, p. 91.
Traduire en images une œuvre littéraire (vieilli). Adapter pour le cinéma. Si vous prenez une comédie pour la traduire en images, vous la gâchez! (Le Film, 21 oct. 1918ds Giraud 1956).
c)
α) Transposer la réalité, la représenter
Transposer la réalité, la représenter par les arts graphiques ou plastiques. Il écrit, parce qu'on ne peut pas traduire l'homme en peinture (Goncourt, Journal, 1863, p. 1266).Empl. pronom. passif. Vers trois ans, ces traces commencent à devenir imitatives, mais le bonhomme se traduit par un rond et deux bâtons (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 116).
Transposer la réalité, la représenter sur la scène. Aujourd'hui que la noblesse est mise au néant et pulvérisée, est-ce bien le cas de la traduire sur le théâtre, dans la personne d'un misérable souillé de toutes les bassesses et de tous les crimes? (Mussetds R. des Deux Mondes, 1832, p. 641).
β) Représenter par un graphique, par une carte. La statistique peut traduire en courbes et en chiffres ce déséquilibre vécu par l'existence humaine entre l'homme et son univers (J. Vuillemin, Être et trav., 1949, p. 143).
d) Transposer un projet dans la réalité, le concrétiser. Un trait essentiel de la résistance française est la volonté de rénovation sociale. Mais il faut la traduire en actes (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p. 95).
Empl. pronom. passif. Avaient-ils des idées neuves? Elles ne se traduisaient pas dans les faits (Debatisse, Révol. silenc., 1963, p. 144).
e)
α) Rendre sensible, rendre manifeste un sentiment (par un mot, par une expression du visage). Tu m'avais juré ... Il eut un hochement de tête. Il traduisit d'un mot son scepticisme:On jure tant de choses (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 426).Empl. pronom. passif. Tout (...) avait été dit, redit, répété cent fois, la parole devenait inutile, tout se traduisait par le regard et par le sourire (Flaub., 1reÉduc. sent., 1845, p. 204).
β) Interpréter un geste. Empl. pronom. passif. Debray (...) fit un geste qui pouvait se traduire par la formule la plus polie d'exprimer cette idée:Comme il vous plaira! (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 630).
3. P. ext.
a) Être l'expression d'un phénomène. Ni Réaumur ni Spallanzani ne pouvaient donner l'interprétation chimique des phénomènes qu'ils ont observés. En effet, on ignorait à cette époque (...) le type de réaction chimique qui traduit la digestion des aliments (Camefort, Gama, Sc. nat., 1960, p. 120).Empl. pronom. passif. Je déploie une grande activité soudaine qui se traduit par des nettoyages, des jardinages insensés ou un déménagement (Colette, Naiss. jour, 1928, p. 55).
b) Empl. pronom. passif. Être la conséquence d'un fait. Hier j'ai appris que le lieutenant G... allait partir, ce qui va se traduire pour moi par un surcroît de travail (Green, Journal, 1942, p. 277).L'atteinte du nerf optique (...) se traduit par une baisse de l'acuité visuelle (Quillet Méd.1965, p. 349).
Prononc. et Orth.: [tʀadɥi:ʀ], (il) traduit [-dɥi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1480 dr. « citer, déférer » (Confirmation du privilège accordé aux habitants de Besançon ds Ordonn. des Rois de France, t. 18, p. 614: [ils ne puissent être] tenuz ou traduits en cause et procez); 1668 (La Fontaine, Fables, I, 21: Devant certaine Guêpe on traduisit la cause); 1734 traduire en justice (J. B. Dubos, Hist. crit. de l'établissement de la monarchie fr. dans les Gaules, éd. 1742, p. 381); 2. 1622 « transférer (quelqu'un) » (Peiresc, Lettres, éd. Ph. Tamizey de Larroque, t. 6, p. 32: traduire en lieu de seure garde). B. 1. 1520 « faire passer d'une langue dans une autre » (Dialogue tres elegant intitule le Peregrin [...] traduict de vulgaire italien en langue françoyse par maistre Françoys Dassy ds Z. rom. Philol. t. 87, p. 101); 1559 p. méton. traduire un auteur (Ronsard, Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 10, p. 107, 130: Si tous les bons auteurs [...] Estoient ainsi traduits); 1955 machine à traduire (A. Sauvageot, La Machine à traduire ds Vie Lang., avr. 1955, p. 170); 1959 (E. Delavenay, La Machine à traduire, Paris, P.U.F.) . 2. 1654 p. ext. « expliquer, interpréter, exprimer » (Guez de Balzac, Dissertations chrestiennes et morales, éd. 1665, p. 369: traduire la pensée d'un veritable Romain); 1680 (Mmede Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 2, p. 793: à bien traduire tout ce que j'ai dit); rare av. la fin du xviiies. 1788 (Fér. Crit.); 3. 1807 « manifester, rendre sensible » (Staël, Corinne, t. 2, p. 35: traduire aux regards tous les sentimens de son ame); 1810 pronom. (Id., Allemagne, t. 1, p. 174: cette terreur du ridicule [...] s'est traduite en férocité). À empr., puis adapté (d'apr. conduire, déduire, etc.) du lat. class. et b. lat. traducere « conduire au delà, faire passer, traverser; faire passer d'un point à un autre; gramm.: introduire (un mot dans une autre langue), dériver », formé de tra- (pour trans-) « au delà-de, par delà » et ducere « conduire, mener ». B empr., puis adapté du lat. des humanistes traducere « faire passer d'une langue dans une autre », néol. sém. créé vers 1400 par l'aut. ital. L. A. Bruni (soit consciemment, soit par fausse interprétation du passage de Aulu-Gelle I, 18, 1: vocabulum Graecum vetus traductum in linguam Romanam, où traducere signifie en fait « introduire, transporter », cf. Migl. Ling. ital., p. 303, L. Wolf ds Z. rom. Philol. t. 87 1971, pp. 99-105), et répandu à partir de la 2emoit. du XVes.: ca 1469 à Strasbourg, 1478 à Saragosse, 1490 à Paris (ds Wolf, loc. cit.). Cf. l'ital. tradurre (av. 1420, Domenico Da Prato, ibid.). Traduire s'est substitué à l'a. fr. et m. fr. translater. Fréq. abs. littér.: 3 344. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 4 115, b) 3 412; xxes.: a) 4 437, b) 6 210. Bbg. Françon (M.). Two Fr. notes. Language. 1948, t. 24, p. 178; Notes sur le vocab. poète, poésie, humaniste, traduire, cavillation. Bibl. Hum. Renaiss. 1967, t. 29, pp. 159-161. − Quem. DDL t. 4, 21. − Traduire: les idées et les mots. Ét. Ling. appl. 1976, no24.