| TRÉFONDS, subst. masc. A. − DR. ,,Sous-sol d'un fonds terrien`` (Barr. 1974). Son lopin de terre constitue pour le paysan le dernier bien auquel il ne veut accepter que l'on touche (...). La terre ne se prête pas, pour lui, à cette distinction juridique: fonds et tréfonds; il l'a reçue en héritage ou l'a acquise du fruit de ses peines; elle lui appartient en propre, en surface et en profondeur (E. Schneider, Charbon, 1945, p. 131). B. − Littéraire 1. Ce qu'il y a de plus profond. Tréfonds de la forêt, de la vallée. Jusqu'à celles [les étoiles] que cache en ses ultimes toiles, Au fin fond du tréfonds de l'abîme habité L'aragne de la nuit filant l'immensité (Richepin, Paradis,1894, p. 250). 2. Au fig. a) Ce qu'il y a de plus profond, de plus secret dans quelque chose. Connaître le tréfonds d'une affaire. Nous sommes là, trois ou quatre, − pas davantage, − à penser tout haut et à nous dire le fonds et le tréfonds de nos opinions sur les problèmes qui nous tiennent le plus au cœur (Bourget, Ét. angl., 1888, p. 200).Il y a dans les chefs d'œuvre de génie un tréfonds essentiel qui appartient à tous et qui est l'aliment sacré, le pain de vie de l'humanité solidaire (Marnold, Cas Wagner, 1918, p. 102). b) Ce qu'il y a de plus intime chez une personne, ce qu'il y a en elle de plus profond. Être ému jusqu'au tréfonds de l'âme, de l'être. On sait que le maître viennois [Freud] pratique chez ses malades ce qu'il appelle la psychanalyse, laquelle lui révèle peu à peu le tréfonds de leur subconscient, par quoi il arrive à les guérir (Biot, Pol. santé publ., 1933, p. 24).Même dans l'expérience vécue, pouvons-nous jamais être sûrs d'avoir pénétré jusqu'au tréfonds la conscience de l'autre? (Marrou, Connaiss. hist., 1954, p. 127). Prononc. et Orth.: [tʀefɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1798. Littré: tréfonds ou très-fonds. Étymol. et Hist. 1. xiies. tresfons « sous-sol possédé comme un fonds » (Doc. inédits concernant la Picardie, éd. V. de Beauville, IV, 28 ds IGLF); 2. 1690 fig. « ce qu'il y a de plus profond » (Fur.); 1798 savoir le fonds et le tréfonds d'une affaire (Ac.); 1882 « ce qu'il y a de plus secret, de plus intime chez une personne » (E. de Goncourt, Faustin, p. 111); 1891 jusqu'aux tréfonds (Loti, Livre de la pitié, p. 246). Formé de l'anc. préf. tres- (v. trans-) et de fonds*. Fréq. abs. littér.: 88. DÉR. Tréfoncier, -ière, adj. et subst.,dr. a) Subst. Propriétaire du fonds et du tréfonds. J'espère qu'elle aura la bonté de donner ses instructions en conséquence à son député auprès du directoire, M. le tréfoncier de Maseige (Le Moniteur, t. 2, 1789, p. 483).b) Adj. Relatif au tréfonds. Propriétaire tréfoncier; redevance tréfoncière. Nous ne saurions suivre un guide plus averti pour mettre en lumière les causes politiques, économiques ou sociales de l'édit du 14 janvier 1744, montrer quelle nouvelle lutte, plus âpre encore, s'engage autour de la propriété foncière ou tréfoncière (E. Schneider, Charbon, 1945, p. 116).− [tʀefɔ
̃sje], fém. [-jε:ʀ]. Att. ds Ac. 1762-1878. − 1resattest. a) xiiies. adj. seigneurs trefonsiers « à qui appartient le tréfonds » (Chron. de S. Den., ms. Ste-Gen., fo293cds Gdf.), b) 1272 justice treffonciere « relative au tréfonds » (Transact., Arch. S 4949, pièce 67 ds Gdf.), c) 1283 subst. masc. tresfonsier « propriétaire du fonds et du tréfonds » (Philippe de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, t. 2, 1549, p. 285); de tréfonds, suff. -ier*, d'apr. foncier*; on trouve en 1262 l'adv. tresfoncierement (La Motte, I, 4, Arch. Meurthe ds Gdf.). |