| TRÈFLE, subst. masc. A. − BOTANIQUE 1. a) Plante herbacée, dicotylédone, dialypétale de la famille des Papilionacées, caractérisée par des feuilles à trois folioles, des fleurs blanches, roses ou pourpres, groupées en capitules ou en épis, et dont plusieurs espèces sont cultivées comme plantes fourragères. Trèfle rouge; trèfle rampant; trèfle des prés, des champs ; champ de trèfles; faucher les trèfles. En mars, tu sèmes du trèfle dans ton blé. L'année suivante, tu as du fourrage (Pourrat, Gaspard, 1930, p. 179).Le trèfle violet, le trèfle blanc (...) paraissent devoir s'adapter au terrain de la Lande (Forêt fr., 1955, p. 33). ♦ Trèfle incarnat, rose. Synon. de farouche1.Culture du trèfle incarnat en Roussillon et en Provence vers 1750, en Angleterre en 1804 (Wolkowitsch, Élev., 1966, p. 107).V. farouche1ex. de Jammes.Trèfle jaune. Synon. de anthylle.Ces plaines (...) couvertes (...) de graminées, dont je ne connois pas le nom, et sur-tout de trèfle jaune et rouge qui a trois pieds de hauteur (Crèvecœur, Voyage, t. 3, 1801, p. 216). ♦ Trèfle à quatre feuilles. Trèfle dont une feuille est anormalement constituée de quatre folioles et considéré comme porte-bonheur; p. méton., cette feuille. Offrir des trèfles à quatre feuilles. Elle cherchait le trèfle à quatre feuilles, qui se trouve bien rarement et qui porte bonheur à ceux qui peuvent mettre la main dessus (Sand, Pte Fad., 1849, p. 197). ♦ Trèfle à cinq feuilles. Trèfle possédant une feuille constituée de cinq folioles. Il y avait (...) beaucoup d'œillets d'Inde, du trèfle à cinq feuilles, des fleurs dans des pots du Japon (Goncourt, Journal, 1861, p. 959). b) P. ext. Plante dont la feuille a trois folioles. Trèfle d'eau. Synon. de ménianthe.Le Trèfle d'Eau (...) aux grandes feuilles trilobées et aux fleurs blanches (Plantefol, Bot. et biol. végét., t. 2, 1931, p. 431). 2. P. méton. Synon. de tréflière (infra dér.).Là-bas, au sommet d'une ondulation, en rangée comme des soldats, une interminable ligne de vaches (...) ruminent et pâturent un trèfle aussi vaste qu'un lac (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Aveu, 1884, p. 158).Il faut la chercher [la caille] dans les couverts: les trèfles, les luzernes, les maïs, les vignes, les sarrazins, les friches riches en carottes sauvages, les haies épaisses ont sa préférence (Vidron, Chasse, 1945, p. 7). B. − P. anal. 1. Forme rappelant la feuille trilobée du trèfle commun. Un bandit (...) Lui brûla le bras droit d'un trèfle de fer rouge (Hugo, Burgr., 1843, p. 31). 2. Spécialement a) ARTS. Motif décoratif représentant un trèfle stylisé. Volets, percés de trèfles et de cœurs (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 14).Des théières ou des sucriers « aux chrysanthèmes » ou « aux trèfles » (Grandjean, Orfèvr. XIXes., 1962, p. 75). − ARCHIT. ,,Membre d'architecture de forme géométrique et dont le tracé se fait au moyen de trois cercles dont les centres sont placés au sommet d'un triangle équilatéral`` (Chabat 1881). Trèfle des églises, des cathédrales gothiques. La haute et frêle galerie d'arcades à trèfle qui porte une lourde plate-forme sur ses fines colonnettes (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p. 126). ♦ Trèfle de moderne. ,,Petite rose à jour, en forme de trèfle, dans les vitraux, pignons et frontons gothiques`` (Chesn. t. 2 1858). b) ART VÉTÉR. [Chez certains animaux] Partie libre d'une dent présentant trois tubercules imitant la forme d'un trèfle. (Ds Lar. 19e-Lar. Lang. fr.). c) HÉRALD. ,,Petite figure stylisée en forme de trèfle`` (Past. Hérald. 1979). Aussi tes derniers fils, sans trèfle, ache ni perle, Timbrent-ils leur écu d'un palmier ombrageant De son panache d'or une Ville d'argent (Hérédia, Trophées, 1893, p. 117). d) HIST. DU COST. MILIT. ,,Ornement rigide en forme de trèfle, fait de passementerie renflée, porté en guise d'épaulettes par les hommes de troupe de la gendarmerie et de la Garde Républicaine`` (Leloir 1961). e) JEUX DE CARTES. Couleur noire représentant un trèfle trilobé. As, roi de trèfle; atout trèfle. Ils jouèrent au whist, le soir, au café du Commerce, mais son œil triste déshabillait la reine de trèfle ou la dame de carreau, tandis que le problème des jambes absentes dans ces figures à deux têtes embrouillait tout à fait les images écloses en sa pensée (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Bombard, 1884, p. 973). ♦ Loc. fig. [P. réf. à un jeu où le valet de trèfle (synon. mistigri) est maître] Insolent comme un valet de trèfle. Très insolent. (Dict. xixes., Lar. 20e). − P. méton. Carte de cette couleur. Jouer trèfle; avoir du trèfle. Du trèfle! du carreau! Coupez l'as! criait Schoultz (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p. 72). f) TRAV. PUBL. Carrefour, croisement, échangeur en trèfle; as de trèfle ou trèfle. ,,Carrefour routier ou autoroutier à plusieurs niveaux et à raccordements courbes, tracés en forme de trèfle à quatre feuilles`` (Gilb. 1980). Les trèfles des nœuds autoroutiers − forme nouvelle du manège de foire (Le Monde,24 avr. 1974,ds Gilb. 1980). C. − Argot 1. Vieilli. Tabac. − T'as du trèfle? Ma blague est vide. − T'auras pas le temps d'en rouler une. − Avec ça, ils bombardent pour une heure (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 279). ♦ Passer au trèfle. Passer à tabac. Tu les passeras au trèfle. (...) tu les corrigeras (Hogier-Grison, Monde où l'on vole, 1887, p. 297). 2. Argent. Avoir du trèfle. [Sylvestre à Clara] − J'aide mon père (...) Le chiffon... la ferraille... et puis la fauche... − Il est cultivateur? (...) Il fauche quoi? (...) − Où que t'as été élevée? Le blé, le trèfle, l'oseille ça veut dire le fric... l'argent (Vialar, Clara, 1958, p. 165). 3. Assistance nombreuse, foule. Y'a du trèfle (...) Ça va pas être de la tarte [de trouver deux places]! (Le Breton, Loi rues, 1955, p. 52).Un trèfle terrible s'était pointé sur les berges de la Marne (Pt Simonin ill., 1957, p. 282). Prononc. et Orth.: [tʀ
εfl̥]. Ac. 1694, 1718: trefle; dep. 1740: trèfle. Étymol. et Hist. A. 1. 1314 tresfle « (plante) » (Chirurgie Henri de Mondeville, éd. A. Bos, 2068); 1762 trèfle d'eau (Ac.); 1845 trèfle cornu (Besch.); 2. mil. xves. treffle a quatre fueilles (Evangile des Quenouilles, éd. M. Jeay, p. 92); 3. 1552 « une des deux couleurs noires du jeu de cartes » (Rabelais, Quart livre, éd. R. Marichal, p. 64); 1661 « carte de cette couleur » (Molière, Fâcheux, II, 2); 4. 1681 treffle hérald. (Menestrier, Abrégé des principes héraldiques, p. 131); 5. 1694 archit. « ornement en forme de trèfle » (Corneille); 6. 1831 « épaulette des musiciens et des gendarmes » (Description de l'uniforme..., in P. J. Bemelmans, Recueil administratif, t. III, p. 536 ds Quem. DDL t. 16); 7. 1876 « partie libre d'une dent présentant trois tubercules imitant la forme d'un trèfle » (Lar. 19e); 8. 1964 « croisement de grandes routes » (Lar. encyclop.). B. Arg. 1. 1725 « tabac » (Grandval, Vice puni, p. 99); 2. 1864 « argent » (ds Esn.). Du gr. τ
ρ
ι
́
φ
υ
λ
λ
ο
ν « trèfle », neutre subst. de l'adj. τ
ρ
ι
́
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λ
λ
ο
ς « à trois feuilles ». Fréq. abs. littér.: 261. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 343, b) 404; xxes.: a) 551, b) 268. DÉR. 1. Tréflé, -ée, adj.Qui a la forme d'un trèfle. a) Arts. Qui a la forme d'un trèfle trilobé, qui est orné d'un trèfle stylisé. Les embrasures des fenêtres étroites et tréflées étaient si profondes, qu'elles formaient des cabinets (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 64).Archit. Les églises dont le chevet est composé de trois absides, dont le plan dessine une feuille de trèfle, sont dites à plan tréflé (Vogüé-Neufville1971).b) Hérald. ,,Qualifie une figure dont les extrémités sont en forme de trèfles`` (Thiébaud Blason 1982). Une croix tréflée (Thiébaud Blason 1982). Numism. ,,Se dit d'une frappe qui n'a pas été assez fortement exécutée, et qui a nécessité une seconde frappe. Il arrive alors que les deux frappes ne soient pas exactement au même endroit, et que les deux impressions se recoupent`` (Weil-La Perr. 1973). − [tʀefle]. Att. ds Ac. 1762, 1798. − 1resattest. a) 1629 trefflé archit. « en forme de trèfle » (A. Dorival, Tableau de l'église de Gisors, p. 32), 1964 église à plan tréflé (Rob.), b) 1644 hérald. croix tréflée (d'apr. Rich. 1680), c) 1690 numism. (Fur.), d) 1814 bot. (Nysten); de trèfle, suff. -é*, -ée. 2. Tréflière, subst. fém.Champ semé de trèfles. (Dict. xixeet xxes.). − [tʀeflijε:ʀ]. − 1resattest. a) 1725 « tabatière » (Grandval, op. cit., p. 99), b) 1832 tréflier « champ de trèfles » (Raymond), 1872 tréflière (Littré); de trèfle, suff. -ier*, -ière. BBG. − Archit. 1972, p. 78. − Monleon (M.-M. de). Dossiers de mots... Néol. Marche. 1979, no15, p. 86. − Quem. DDL t. 16, 31. |