| TOXIQUE, subst. masc. et adj. I. − Subst. masc., CHIM., MÉD., BIOL. Produit d'origine animale, végétale ou minérale qui provoque l'intoxication, la destruction d'un organisme vivant. Un puissant toxique; l'accoutumance aux toxiques. Elle venait d'apercevoir le petit meuble marqueté dans lequel M. de Viargue avait enfermé les toxiques nouveaux, découverts par lui (Zola, M. Férat, 1868, p. 292).Magendie inaugurait ainsi une méthode scientifique de recherche sur l'action des toxiques dans l'organisme (Bariéty, Coury, Hist. méd., 1963, p. 658). − Au fig. Ce qui agit négativement sur l'individu, son psychisme ou son physique. Elle a perdu son bourreau, son tourment, le toxique quotidien dont la privation va peut-être la tuer (Colette, Mais. Cl., 1922, p. 204).Cette modeste bibliothèque contenait assez de toxiques pour empoisonner un garçon de mon âge ou tout au moins pour le déniaiser (Carco, Voix basse, 1938, p. 29). II. − Adjectif A. − CHIM., MÉD., BIOL. Qui est ou qui contient un poison. Anton. atoxique.Produit, substance, corps toxique; gaz, déchet toxique; médicament, alliage, métal toxique; peinture, acide toxique. Des cultures de fibroblastes provenant d'un milieu contenant le sel toxique à très faible concentration acquièrent vis-à-vis de ce sel une résistance très fortement accrue (J. Verne, Vie cellul., 1937, p. 149).Le plutonium est extrêmement toxique par ingestion (Goldschmidt, Avent. atom., 1962, p. 42). − En partic. [En parlant d'un produit alimentaire] Qui contient des toxines (v. ce mot B). Le gibier est une viande excitante, parfois toxique (animal forcé, chair faisandée), qui expose aux accidents intestinaux, aux éruptions cutanées et aux congestions hépatiques et rénales (Macaigne, Précis hyg., 1911, p. 218).Qui (...) garantit que l'on n'a pas mélangé à ces produits alimentaires des haricots de Java ou des pois du Japon, qui sont toxiques par leur acide cyanhydrique? (Biot, Pol. santé publ., 1933, p. 6). − Au fig. Qui distille plus ou moins ouvertement des propos médisants ou dépréciateurs. Je suis en train de lire du De Maistre − non sans plaisir. Lire ça et Stendhal si opposé, c'est excitant. Le fumet de l'ancienne politique me grise très bien. Il se trouve par hasard que sur l'époque 179... 184..., j'ai lu cinq ou six ouvrages très toxiques (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1897, p. 288).Il s'agissait de potins faits par Mirbeau et Jean Lorrain (...) toujours les mêmes. « Ils ont chacun avalé une pipelette, disait mon père. Mais la plus toxique est Jean Lorrain » (L. Daudet, Qd vivait mon père, 1940, p. 245). B. − PHYSIOL., PHARMACOL. 1. Qui provoque un empoisonnement, une intoxication. Le thérapeutiste devra également étudier le mécanisme des actions toxiques et médicamenteuses (Cl. Bernard, Princ. méd. exp., 1878, p. 137).L'expérience montre qu'à forte dose la vitamine C réduit certains effets toxiques (R. Schwartz, Nouv. remèdes et mal. act., 1965, p. 75). 2. Dose, équivalent toxique. Quantité de produit à partir de laquelle celui-ci devient un poison pour un organisme. L'équivalent toxique, c'est-à-dire la quantité minima des matières toxiques qui, contenue à un moment donné dans le sang d'un animal, tue fatalement 1 kilogramme de matière vivante (Macaigne, Précis hyg., 1911, p. 266).[La chimiothérapie] débute par l'étude, sur des maladies expérimentales, de produits conçus et réalisés au laboratoire et dont on détermine, chez l'animal, à la fois la dose active sur une maladie donnée et la dose toxique (Ce que la Fr. a apporté à la méd., 1946 [1943], p. 66). 3. Qui est dû à la présence d'un poison dans l'organisme, à l'action d'un poison sur un organe, un tissu. État toxique; délire, hépatite toxique. Les intoxications servent aussi à rassurer le malade, qui apprend avec joie que sa paralysie n'est qu'un malaise toxique (Proust, Sodome, 1922p. 797).Des néphrites toxiques dont le prototype a été longtemps représenté par l'anurie mercurielle (Bariéty, Coury, Hist. méd., 1963, p. 698). C. − P. méton. Qui est à l'origine ou est la cause d'une pollution, d'une intoxication. Les principales industries toxiques que nous ayons à connaître sont celles qui exposent l'ouvrier à l'intoxication par le plomb, le mercure, l'arsenic, le cuivre (Macaigne, Précis hyg., 1911, p. 312).Il existe un cornage par paralysie récurrentielle, accompagné de phénomènes paraplégiques; il disparaît avec la cessation de l'alimentation toxique et ne peut être regardé comme rédhibitoire (Brion, Jurispr. vétér., 1943, p. 246). REM. 1. Toxicose, subst. fém.,pathol. Intoxication endogène produite par des toxines de germes infectieux, des troubles métaboliques ou glandulaires. Les causes de la toxicose, qui sont multiples et habituellement intriquées, font intervenir trois facteurs: le terrain, une erreur de diététique et un élément déclenchant (Lar. Méd.t. 31972). 2. Toxie, subst. fém.,méd., biol. ,,Poids de liquide toxique capable de tuer instantanément, après injection intraveineuse, 1 kg de lapin`` (Méd. Biol. t. 3 1972). 3. Toxinique, adj.Synon. de toxique (supra II).Au moment où les effets de l'empoisonnement toxinique semblaient s'atténuer (Aviragnet, Weill-Hallé, Marie dsNouv. Traité Méd.fasc. 21928, p. 685).[La myocardite] est presque toujours la conséquence d'une maladie infectieuse ou toxinique (pneumonie, hémoglobinurie, néphrite, typhoïde, etc.) (Garcin, Guide vétér., 1944, p. 189). 4. -toxique, élém. formanttiré de toxique, entrant dans la constr. d'adj. en méd. et physiol.a) [Le 1erélém. est un préf. ou un élém. formant sav. indiquant le type ou le degré d'action de l'agent toxique] V. anatoxique, antitoxique, atoxique, hypertoxique (s.v. hyper- A 2) et aussi:
α) Autotoxique, auto-toxique. -Qui produit sa propre toxicité. La conception de E. Quénu, d'un choc auto-toxique, devait être confirmée par des expériences précises (Langlois, Binet dsNouv. Traité Méd.fasc. 71924, p. 217).Il faut faire une place importante aux causes infectieuses, toxiques, autotoxiques (Josué, Godlewski, dsNouv. Traité Méd., fasc. 81925,p. 311).
β) Syntoxique. -[En parlant d'un produit] Qui permet à un organisme vivant de s'accommoder d'un toxique. (Dict. xxes.). b) [Le 1erélém. est un élém. formant sav. désignant l'organe, le système organique, le tissu sur lequel agit l'agent toxique] V. hypnotoxique (s.v. hypn(o)-) et aussi:
α) Fœto-toxique. -Qui est toxique pour le fœtus. Synon. tératogène (s.v. térat(o)-).Nous appelons fœto-toxique − ou tératogène − une substance qui, sans modifier dangereusement l'état de la femme enceinte qui l'absorbe, modifie le fœtus, le tue ou provoque une malformation (Le Point, 6 juin 1981, p. 142, col. 1).
β) Hématotoxique, hémotoxique. -,,Qui exerce une action toxique sur le sang ou qui entrave les fonctions hématopoïétiques`` (Méd. Biol. t. 2 1972).
γ) Hépatotoxique. -Qui est toxique pour le foie. C'est d'un ictère arsenical hépatotoxique qu'il s'agit (Nicolas dsNouv. Traité Méd.fasc. 41925, p. 795).
δ) Neurotoxique. -,,Qui exerce une action toxique sur le système nerveux`` (Man.-Man. Méd. 1977). Syndrome neurotoxique. ,,Forme grave de toxicose du nourrisson dans laquelle les manifestations nerveuses et vasomotrices traduisent l'existence d'un syndrome malin`` (Garnier-Del. 1972).
ε) Surréno-toxique. -Qui est toxique pour les glandes surrénales. Destruction lente des surrénales, par (...) injection de sérum surréno-toxique (Josué, Godlewski dsNouv. Traité Méd.fasc. 81925, p. 345).
ζ) Urotoxique. -Qui se rapporte à la toxicité de l'urine. Le coefficient urotoxique, très bas pendant la période d'état, remonte ensuite et atteint son maximum (Menetrier, Stévenin, dsNouv. Traité Méd., fasc. 11926,p. 258).Qui est toxique pour les voies urinaires. Il est intéressant de constater cette augmentation brusque de la toxicité urinaire, véritable décharge urotoxique qui, tantôt, se produit le jour de la crise, tantôt la précède (Roger, dsNouv. Traité Méd., fasc. 11926,p. 77). Prononc. et Orth.: [tɔksik]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. Subst. 1160-74 toxiche « poison »(Rou, éd. A. J. Holden, III, 3212); ca 1165 toscique ([Chrétien de Troyes], G. d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 1361); déb. xiiies. tosique (Raoul de Houdenc, Vengeance Raguidel, éd. M. Friedwagner, 1852); 1213 toxique (Faits des Romains, 607, 22 ds Romania t. 65, p. 503); ca 1223 tossique (Gautier de Coinci, Miracles N.D., II Mir 24, 527, éd. V.-F. Koenig, t. 4, p. 237); 2. adj. 1583 [éd.] toxique « vénéneux » (E. Du Monin, L'Uranologie, fo196 ro); de nouv. 1845 (Besch.). 1 empr. au lat. toxicum, gr. τ
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ν « poison dont on imprègne une flèche » (τ
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ν); 2 empr. au lat. méd. toxicus « vénéneux » (v. ce mot). Fréq. abs. littér.: 115. Bbg. Quem. DDL t. 14 (s.v. toxicose). |