| TOUTE-PUISSANCE, subst. fém. A. − THÉOL. Attribut divin consistant en un pouvoir absolu sur toutes choses. Synon. omnipotence.La nature se trouble-t-elle ou est-elle aveugle? Une matière rebelle ou indomptable résiste-t-elle à la toute-puissance divine? Telles sont les objections que fait naître l'étude des espèces (Nouv. dict. d'hist. nat., t. 10, 1817, p. 460, s.v. espèce). D'autres attributs divins apparaissent, incidemment énoncés ou supposés. Tels, l'éternité et l'immutabilité, la toute-puissance, notre absolue dépendance à l'égard de Dieu (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 1062). B. − P. ext. 1. Puissance, autorité absolue qu'exerce une personne, un groupe sur une collectivité. Synon. despotisme.La théorie de la séparation des pouvoirs, que formulera Montesquieu, est ainsi préfigurée dans les résultats qu'a obtenus le Parlement par sa lutte contre la toute-puissance royale (Vedel, Dr. constit., 1949, p. 35).La toute-puissance de la presse inquiète, depuis longtemps, ceux qui redoutent l'omnipotence de ce quatrième pouvoir (Coston, A.B.C. journ., 1952, p. 75). 2. Pouvoir considérable, influence très forte d'une personne; p. méton., personne très influente. Saccard avait remarqué que la jolie MmeMichelin, qui se glissait si humblement par les portes entrebâillées, était une toute-puissance (Zola, Curée, 1872, p. 394). 3. Caractère de ce qui a un pouvoir illimité, une efficacité absolue, de ce qui produit des effets considérables. Si Lambert pressentait d'ailleurs par la toute-puissance de sa pensée l'importance des faits, il était loin de deviner d'abord leur entière portée (Balzac, L. Lambert, 1832, p. 78).Le pessimisme, y a-t-on réfléchi, laisse éclater une immense et invincible confiance dans la toute-puissance de la volonté puisqu'elle semble et nécessaire et suffisante pour produire la douleur de l'existence comme aussi pour créer le bienheureux anéantissement qui ne serait pas sans elle (Blondel, Action, 1893, p. 36). Prononc. et Orth.: [tutpɥisɑ
̃:s]. Att. ds Ac. dep. 1694 (1718: toute puissance). Plur. des toutes-puissances. Prop. Catach-Golf. Orth. Lexicogr. Mots comp., p. 317: toute puissance plur. des toutes puissances. Étymol. et Hist. 1. 1377 en parlant de Dieu (Nicole Oresme, Ciel et Monde, éd. A. D. Menut et A. J. Denomy, 66 c, 8-9: Dieu createur qui a en Soy eternité et [...] toute-puissance); 2. a) 1447 en parlant d'une puissance humaine (Jean Wauquelin, Girart de Roussillon, éd. L. de Montille, p. 88); 1652 (Corneille, Pertharite, I, 4); b) ca 1590 la toute-puissance de nostre volonté (Montaigne, Essais, I, 21, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 102); 3. 1868 « personne jouissant d'un pouvoir, d'une influence importants » votre toute-puissance (Hugo, Corresp., p. 131). Comp. de tout1* et de puissance* d'apr. le b. lat. omnipotentia, souvent utilisé dans la lang. chrét. en parlant de Dieu (Blaise Lat. chrét.). Fréq. abs. littér.: 303. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 313, b) 452; xxes.: a) 551, b) 446. |