| TOURNESOL, subst. masc. A. − 1. BOT. [N. vulgaire de plusieurs plantes tinctoriales de familles diverses, notamment la maurelle ou croton des teinturiers/tournesol des teinturiers, et certains lichens comme l'orseille] (Dict. xixeet xxes.). 2. TECHNOL. Matière colorante bleu violet, extraite de ces plantes. On n'emploie guère le tournesol que pour le décor et qu'à la colle, afin de donner une teinte azurée aux plafonds (Manuel du fabricant de couleurs, t. 1, 1884, p. 430).Lichens utiles: les Roccella, développés sur les rochers côtiers des régions chaudes, fournissent des matières colorantes, dont le tournesol (Plantefol, Bot. et biol. végét., t. 2, 1931, p. 185). ♦ Tournesol en drapeaux (vx). ,,Matière bleue préparée aux environs de Nîmes avec le suc de la maurelle, dont on imprègne des toiles grossières ou drapeaux`` (Guignet, Coul., 1889, p. 174). ♦ Tournesol en pain(s). Tournesol préparé à partir de certains lichens mélangés à de la chaux, etc. et réduits en pâte. On vend dans le commerce, sous le nom de tournesol en pains, une matière colorante mélangée à des matières terreuses (Wurtz, Dict. chim., t. 3, 1878, p. 506). 3. CHIM. (Teinture de) tournesol. Solution de cette matière colorante, utilisée comme réactif, ayant la propriété de virer au rouge sous l'effet d'un acide et de redevenir bleue sous l'effet d'une base. Sous l'injure, M. Rezeau (...) vira comme tournesol du bleu au rouge, s'étrangla (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 216).Le suc gastrique est un liquide très acide qui rougit intensément la teinture de tournesol (Camefort, Gama, Sc. nat., 1960, p. 131). ♦ Papier de tournesol. Petite bande de papier imprégnée de teinture de tournesol et utilisée comme indicateur d'acidité ou d'alcalinité. [Le principe calmant de l'opium] fait revenir au bleu le papier de tournesol rougi par un acide: il est donc alcalin (Kapeler, Caventou, Manuel pharm. et drog., t. 2, 1821, p. 496). B. − 1. BOT. ,,Sous le nom de tournesol on désigne diverses plantes dont les fleurs, par torsion du pédoncule, se présentent toujours de face au soleil; tels sont les héliotropes (...) qui sont des borraginées; les rudbeckies et les hélianthes, qui sont des composés`` (Lar. 20e). 2. En partic. Plante du genre Hélianthe, de la famille des Composées, originaire d'Amérique, caractérisée par une très haute tige épaisse et rugueuse, de larges feuilles triangulaires, de grands capitules ronds, jaune d'or et bruns, cultivée pour ses graines oléagineuses servant dans l'alimentation humaine et animale et parfois pour sa valeur ornementale. Synon. (grand) soleil*.Des tournesols avaient poussé au hasard, constellant le mur de leurs disques bruns, auréolés d'or. Ils étaient si grands qu'ils atteignaient la planche du toit (Moselly, Joson Meunier, Paris, Libr. P. Ollendorff, 1910, p. 62).Champs de tournesols pareils à nos topinambours où tous les perroquets prenaient leur pâture (...), les ailes déployées, pour manger à même les soleils (Giraudoux, Suzanne, 1921, p. 82). − P. métaph. Elle s'appelle Aurore (...). Lever du soleil, je me prosterne devant vous; je veux être le tournesol qui saluera vos premiers rayons (Sand, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 98). − P. anal. Personne dont les opinions oscillent au gré des influences extérieures. De lâches courtisans, tournesols politiques, Pivotant de leur mieux, pareils au fer mouvant Qu'un seul souffle remue et qui tourne à tout vent! (Pommier, Colères, 1844, p. 33). − P. méton. ♦ Fleur coupée de cette plante. Dans de grands vases de faïence de hauts bouquets de fleurs naïves, principalement des tournesols jaunes (Rostand, Cyrano, 1898, II, p. 63).P. anal. La lune (...) comme une fleur sans tige (...) Ce pâle tournesol de lumière figée (Rodenbach, Règne sil., 1891, p. 64). ♦ TECHNOL. Huile de tournesol. Huile comestible extraite des graines de cette plante. Les huiles de tournesol et de soja, aussi efficaces [que l'huile de maïs], ne sont peut-être pas autant appréciées pour leur goût (R. Schwartz, Nouv. remèdes et mal. act., 1965, p. 148). Prononc. et Orth.: [tuʀnəsɔl]. Ac. 1694, 1718: tourne-sol; dep. 1740: tournesol. V. tourne-. Étymol. et Hist. 1. 1360 tournesol « substance tinctoriale de couleur bleue » (doc. ds Comptes de l'argenterie des rois de France, éd. L. C. Douët d'Arcq, p. 291); 2. 1606 torne sol « héliotrope » (Junius, Nomencl., p. 97 ds Gdf. Compl.); 1671 tournesol (Pomey). Empr. à l'ital.tornasole, att. dep. déb. xives. (Dino Compagni d'apr. DEI), comp. de torna, de tornare (tourner*) et de sole « soleil » (v. ce mot). Voir FEW t. 13, 2, p. 76b et p. 78a. Fréq. abs. littér.: 62. Bbg. Dauzat Ling. fr. 1946, p. 249. − Kidman (J.). Les Empr. lexicol. de fr. à l'espagnol... Thèse, Paris, 1969, pp. 267-270. − S chmidt 1914, § 14. |