| TOSCAN, -ANE, adj. et subst. De Toscane. A. − (Celui, celle) qui est originaire de Toscane (anciennement l'Étrurie), qui y habite. Peintres, primitifs toscans. L'écho des deux Toscans qui ont chanté les deux antiquités de l'Italie, Virgile et Dante (Michelet, Hist. romaine, t. 1, 1831, p. IV).Ô Toscane gentille, ô Pia! je devine À ta douceur combien vivre te fut amer (A. France, Poés., Noces, 1876, p. 246). ♦ Les anciens Toscans. Les Étrusques. Marmet s'avisa de savoir un peu d'étrusque. Il lut à ses confrères des Inscriptions un mémoire sur le rôle des flexions dans l'idiome des anciens Toscans (A. France, Lys, 1894, p. 17). B. − [En parlant d'une chose] 1. a) (Ce) qui est propre à la Toscane, à ses habitants, à son art. Paysage toscan; beauté, campagne, ville toscane; collines toscanes. En cet instant je vois jusqu'au fond la pure lumière toscane, avec la brume sèche des oliviers diaphanes, pleine d'étincelles d'argent (Larbaud, Barnabooth, 1913, p. 143).L'œuvre la plus décisive de la fresque toscane (...) se développe ainsi dans l'humble église d'Arezzo (Faure, Hist. art, 1914, p. 398). ♦ Cigare toscan et, p. ell., toscan, subst. masc. Cigare fabriqué en Toscane, long, serré, brun foncé, au goût prononcé. On trouve à Soho de noirs cigares toscans, de l'huile d'olive en jarres (Morand, Londres, 1933, p. 193).Un jour qu'elle sortirait de son alcôve pour se mettre à sa fenêtre et fumer le cigare, un long toscan (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 115). b) Spécialement − ARCHITECTURE ♦ Ordre toscan et, p. ell., toscan, subst. masc. sing. Premier des cinq ordres d'architecture gréco-romaine, proche du dorique mais plus trapu et moins orné, et dont l'origine est attribuée aux Étrusques. Si vous avez cru trouver en moi [l'architecte] (...) une âme vendue à l'ionien et au toscan, vous vous êtes abusé (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 242).V. ordre II A 2 ex. de Fargue.Qui est réalisé selon cet ordre. Chapiteau toscan. Un très grave et royal portique de François Ier, en rudes colonnes toscanes de grès (Michelet, Journal, 1857, p. 373). ♦ Architecture toscane. ,,Architecture où dominent les arcades à plein cintre et les bossages`` (Jossier 1881). − LING. Dialecte, langage toscan; langue toscane et, p. ell., toscan, subst. masc. sing. Dialecte italien le plus pur, parlé en Toscane et base de la langue littéraire, devenu l'italien commun, officiel. Pur toscan. Sois le bienvenu, ami, qui viens avec mon seigneur et mon maître, dit la jeune fille en excellent toscan, avec ce doux accent romain qui fait la langue de Dante aussi sonore que la langue d'Homère (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 255).Toute la grâce humaine C'est la langue toscane et la bouche romaine (Hugo, Légende, t. 6, 1883, p. 102).Loc. verb. Parler toscan. Parler ce dialecte. Je l'écoutais volontiers; car il parlait toscan, et s'exprimait des mieux dans ce divin langage (Courier, Pamphlets pol., Réponses aux anon., 2, 1822, p. 162). ♦ Propre à ce dialecte. Le c toscan prononcé h aspirée (Larbaud, Barnabooth, 1913, p. 132). 2. Qui a certaines caractéristiques rappelant la Toscane, ses habitants. Un homme [M. Fauriel] d'une sensibilité littéraire si vive et si exquise, d'un goût si fin et, pour tout dire, si toscan (Sainte-Beuve, Portr. contemp., t. 4, 1845, p. 171).À Coimbra, où les paysages au crépuscule ont des lumières toscanes (L. de Vilmorin, Lettre ds taxi, 1958, p. 115). Prononc. et Orth.: [tɔskɑ
̃], fém. [-an]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. Ca 1250 subst. toscane nom d'herbe [ainsi nommée pour sa beauté? v. FEW t. 13, 2, p. 117b] (Atre périlleux, éd. B. Woledge, 2329: Une herbe de molt grant valeur Qui estoit toscane apelee Sour la plaie li a bendee); 1316-28 adj. « qui se rapporte à la Toscane » (Ovide moralisé, éd. C. de Boer, XIV, 2116: la toscane mer); 1540 a la Toscane « à la manière toscane » (Rec. de div. hist. touchant les situations de toutes regions, 232 vods Quem. DDL t. 21); spéc. ca 1530 archit. tuscan (D. de Sagredo, Raison d'archit. antique [trad. anonyme de l'esp.], 21 vod'apr. M. Cagnon et S. Smith ds Cah. Lexicol. 1971, no18, p. 107); 1545 (S. Serlio, Reigles generales de l'Archit., sur les cincq manieres d'edifices, ascavoir, Thuscane, Doricq, Ionicq, Corinthe, et Composite [titre; trad. de l'ital. par P. van Aelst], ibid., p. 94); 1549 forme tuscane (Entrée de Phil. II, Reg. de cuir noir, A. Tournai ds Gdf. Compl.); 2. 1313 subst. toskan « habitant de la Toscane » (Arch. Nord, B 509, no4910 ds IGLF); 1359 adj. toscain (ibid., B 1596, fo14 vo, ibid.: marchans lombars, toscains, jüys); 3. 1579 ling. (G. Chappuys, La Civile conversation [trad. de l'ouvrage ital. ds S. Guazzo], 158 ds Quem. loc. cit.: S'il est loisible d'escrire, en langue Toscane, pourquoy ne voulez vous qu'il me soit loisible de parler en Toscan?). Empr. à l'ital.toscano « de Toscane » (dep. Dante d'apr. DEI), du lat. Tuscanus « Toscan, ou Étrusque ». Fréq. abs. littér.: 116. Bbg. Archit. 1972, p. 232. − Quem. DDL t. 21, 22, 28. |