| TORTUEUX, -EUSE, adj. A. − [En parlant d'une chose] Qui présente une suite de courbes orientées dans différentes directions. Synon. sinueux, tortu (littér.).Tronc tortueux; branches tortueuses; fleuve, ruisseau tortueux; route, ruelle tortueuse; dédale, sentier tortueux. Un petit bouquet d'arbres composé de deux ou trois tilleuls, d'un chêne vert, de sept ou huit tortueuses charmilles, reste d'un bois planté depuis des siècles (Lamart., Raphaël, 1849, p. 306).Il n'était pas beau. Son grand nez tortueux se gonflait par le haut, les veines saillaient à son grand front fuyant (Drieu La Roch., Rêv. bourg., 1937, p. 222). B. − Au fig. 1. [En parlant d'une pers. ou d'un comportement] Qui use de moyens détournés, qui ne se manifeste pas franchement. Synon. littér. tortu.Personnage tortueux; langage, raisonnement tortueux; conduite, conversation, explication tortueuse. Je n'aurais jamais supposé qu'il pût se faire le tortueux jésuite travaillant à brouiller deux familles par des indiscrétions perfides (Goncourt, Journal, 1891, p. 63).La finalité masquée de la peur et de la colère que la conscience adopte pour ne pas tenir la conduite du courage et de la maîtrise résume les plus tortueuses roueries de la passion (Ricœur, Philos. volonté, 1949, p. 261). 2. [En parlant d'une chose] Dans laquelle apparaissent de nombreuses complications, des détours. Législation tortueuse. Les affaires civiles ne sont pas moins tortueuses que les instructions criminelles (Balzac, Splend. et mis., 1846, p. 447).Un marxiste savant (E. Mandel) (...) étudie (...) le système bancaire, l'influence des multi-nationales, et fait une approche marxisante modérée des crises de surproduction. Austère, mais non tortueux (Le Point, 13 nov. 1978, p. 35, col. 2). Prononc. et Orth.: [tɔ
ʀtɥø], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1200 « subtil, compliqué » chose... tortüouse (Moralités sur Job, 347, 38 ds T.-L.), attest. isolée qui trad. le lat. tortuosum; 2. 1314 « qui fait plusieurs tours et retours » pertuis tortueux (Henri de Mondeville, Chirurgie, éd. A. Bos, 248); 3. a) 1556 « dont le comportement est pervers » monstres si tortueux (Du Bellay, Les Furies contre les enfracteurs de Foy ds
Œuvres poét., éd. H. Chamard, t. 6, p. 144, 36); b) 1688 « qui emploie des moyens détournés, qui manque de franchise » discours tortueux (Bossuet, Var., VI 6 ds Littré). Empr. au lat. class.tortuosus de mêmes sens, formé sur tortus, part. passé de torqueo, v. tordre. Fréq. abs. littér.: 380. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 707, b) 666; xxes.: a) 565, b) 314. DÉR. Tortueusement, adv.a) D'une manière tortueuse; selon un itinéraire tortueux. Fleuve qui serpente tortueusement. Le Père Goriot de même qu'il est une sorte de rond-point psychologique de La Comédie humaine, nous attache fortement à son centre géographique, à ce Paris tortueusement couché le long des rives de la Seine (Mauriac, Gds hommes, 1949, p. 160). b) Au fig. D'une manière tortueuse; d'une façon détournée, dépourvue de franchise. Son esprit droit d'origine (...) le mettait en garde contre de pareils dangers, − même attaquant de biais, même insinués tortueusement par telle feuille doucereuse (Verlaine,
Œuvres compl., t. 4, L. Leclercq, 1886, p. 102).− [tɔ
ʀtɥøzmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1762. − 1reattest. ca 1370 [les pierres] se fendent tortueusement (N. Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, l. V, ch. 21, p. 325); de tortueux, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér.: 11. |