| TORSE, subst. masc. A. − SCULPT. Figure humaine tronquée sans tête ni membres. Le torse de Poséidon; le torse Farnèse. Pouvons-nous oublier que les figurines de Tanagra et de Mirrhina sont du quatrième siècle (...) la victoire de Samothrace, du troisième; le torse du Belvédère et la Vénus de Milo, peut-être de la basse époque? (Barrès, Voy. Sparte, 1906, p. 263).Des étrangers qui vivent et travaillent à Paris, Indenbaum, Loutchansky, sont des artistes honnêtes, capables d'exécuter des torses et des statues, qui décèlent à la fois un profond savoir et un sentiment personnel de la forme (Arts et litt., 1936, p. 18-3). − P. ext. Buste, tronc d'une statue entière. Le torse de la Vénus de Milo. Une vasque de bronze, où pleure une fontaine. Mais la source est tarie et l'on entend à peine Le bruit de l'eau perlant sur le torse ébréché Des naïades (Lorrain, Griseries, 1887, p. 68). − P. anal. Buste, tronc d'un être humain, peint dans un tableau. Dessiner, peindre un torse; faire une étude de torse. C'est une peinture [le martyre de saint Sébastien] dont le faire a tout l'aplomb des grands maîtres. Le torse de saint Sébastien, parfaitement bien peint, gagnera encore à vieillir (Baudel., Salon, 1845, p. 32). B. − Partie du corps humain constituée par les épaules, le thorax et la partie supérieure de l'abdomen. Synon. buste, poitrine, tronc.Torse mince, long, musclé, viril, large, gras, rond; torse d'Hercule; vêtement qui moule le torse. Une escouade de très jeunes filles est occupée à sarcler le terrain devant le poste (...). Le visage est laid, mais le torse admirable (Gide, Voy. Congo, 1927, p. 712).Le torse [de ces Espagnols] a une longueur à peu près normale, mais les cuisses et les jambes sont courtes et arquées (T'Serstevens, Itinér. esp., 1963, p. 251). − P. métaph. Les platanes dressaient des torses réguliers, dont la peau lisse, tatouée de rouge, semblait laisser tomber des plaques de peinture écaillée (Zola, Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1378). − Locutions ♦ Être torse nu. Ne porter aucun vêtement sur le torse. C'est un sale type (...). Il est torse nu et a une peau blanche et malsaine (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 169). ♦ Bomber le torse. Faire bien ressortir la poitrine en se tenant très droit, les épaules tirées vers l'arrière. Part. passé adj. Sur le terrain [de Bakou], ayant écouté les souhaits de bienvenue des autorités soviétiques, je reçus le salut et assistai au défilé, baïonnettes basses, torses bombés, pas martelés, d'un très beau détachement de troupes (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p. 59).Au fig., fam. Faire le fier; se donner un air important. Chaque courrier apportait à M. Porey-Cave des nombreuses lettres qu'il lisait en bombant le torse (L. de Vilmorin, Lit à col., 1941, p. 249). Prononc. et Orth.: [tɔ
ʀs]. Homon. torse (fém. de tors). Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. 1676 Beaux-Arts (Félibien, p. 756: Torse ou tronc d'une Figure c'est un corps sans teste, sans bras et sans jambes, tel qu'est ce beau torse de marbre qui est au Vatican, que quelques-uns croyent estre le reste d'une figure d'Hercule); 2. 1813 id. « partie d'une figure humaine comprenant les épaules, la poitrine et les reins » (Jouy, Hermite, t. 3, p. 352); 3. 1831 « buste d'un être humain vivant » (Sue, Atar-Gull, p. 9). Empr. à l'ital.torso, att. au sens 1 dep. le xvies. (R. Borghini), au sens 3 dep. le xves. (L. Pulci), d'abord « trognon, tronçon » (dep. mil. xiiies., Novellino ds Tomm.-Bell.), du lat. des gl. tursus, lat. thyrsus « tige », empr. au gr. θ
υ
́
ρ
σ
ο
ς « id. ». Voir DEI et FEW t. 13, 1, p. 321. Fréq. abs. littér.: 700. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 383, b) 1 286; xxes.: a) 1 293, b) 1 182. Bbg. Boulan 1934, p. 48. − Hope 1971, pp. 304-305. |