| * Dans l'article "TORRENTIEL, -ELLE,, adj." TORRENTIEL, -ELLE, adj. A. − 1. Qui est propre aux torrents, caractéristique d'un torrent. Synon. plus rare torrentueux.Rapidité torrentielle. Les eaux torrentielles, concentrées dans un bassin de réception en forme de cirque, s'écoulent d'habitude par un étroit couloir (Lapparent, Abr. géol., 1886, p. 24).Le rapport entre le débit d'un cours d'eau correspondant aux plus hautes eaux et le débit d'étiage est un élément intéressant à connaître; une valeur élevée de ce rapport caractérise une rivière à régime torrentiel (Bourde, Trav. publ., 1929, p. 330). 2. Qui prend le caractère d'un torrent, qui constitue un torrent. M. le curé venait, que ce fût le jour ou la nuit (...), apportant le Saint-Sacrement à travers les rivières torrentielles du printemps, sur la glace traîtresse, par les mauvais chemins emplis de neige (Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p. 226). 3. Qui provient d'un torrent. Dépôt torrentiel. On a calculé par l'addition des apports torrentiels (...) que l'ensemble du versant nord des Alpes est usé par l'érosion mécanique (...) d'une hauteur moyenne annuelle de 0,57 millimètre, soit environ 1 mètre en 17 000 ans (Combaluzier, Introd. géol., 1961, p. 78). B. − P. anal. 1. [En parlant d'une masse liquide, d'un fluide] Qui coule, se déverse en abondance, violemment. Synon. diluvien.La terre, détrempée par plusieurs jours de pluie torrentielle, glissait traitreusement sous les pieds (Verlaine,
Œuvres compl., t. 4, L. Leclercq, 1886, p. 158). − P. anal. [En parlant d'une foule de pers. ou de véhicules ou de son mouvement] La plèbe (...), bientôt, en habits de gala, se précipita, torrentielle, vers les antiques arènes romaines (Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 174). 2. [En parlant d'un bruit] Qui se répand avec force. La négresse elle-même, au passage le plus drôle, partit tout à coup d'un tel rire, d'un rire si bruyant, roulant, torrentiel, que le cheval excité fit un petit temps de galop (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Boitelle, 1889, p. 277).Les villes chinoises n'ont ni usines, ni voitures: le seul bruit qui y soit entendu quand vient le soir (...) est celui de la voix humaine (...). C'est une clameur à la fois torrentielle et pétillante, sillonnée de brusques forte (Claudel, Connaiss. Est, 1907, p. 43). C. − Au fig. Qui évoque l'abondance, l'impétuosité des eaux des torrents. 1. Qui est particulièrement abondant ou intense. Les étourdissements du vin, développés par la chaleur torrentielle qui ruisselait autour d'elle, faisaient saluer sur son passage tous les arbres de la berge (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Partie camp.,1881,p. 378).21 février. − Bavardage torrentiel du doyen qui, non content de lire le mandement de l'évêque dont j'ai la chance de ne pas saisir un mot, parle, avant et après, interminablement (Bloy, Journal, 1904, p. 217).V. fleuve ex. 6. 2. Qui agit, se développe avec la force d'un torrent, qui entraîne irrésistiblement. Enthousiasme, lyrisme torrentiel; verve torrentielle. Un fait est venu brusquement bouleverser mes idées, puis leur imposer un cours nouveau, torrentiel (Frapié, Maternelle, 1904, p. 110).Cette éloquence torrentielle [de Mirabeau] qui allait tout balayer (Barrès, Mystère, 1923, p. 155). − Littér. Vie torrentielle. Vie agitée, mouvementée, remplie d'occupations, d'obligations sans nombre. Synon. vie torrentueuse*.Depuis sept ans, je n'ai jamais pu relire une seule des lettres que je vous ai écrites, tant ma vie est torrentielle (Balzac, Lettres Étr., t. 2, 1844, p. 413).Sa vie torrentielle n'est que la peur d'être prise sur le fait et le moyen d'improviser une surprenante beauté pour cacher une grimaçante impuissance (Morand, Clef souterr., 1956, p. 71). 3. Littér. [En parlant d'une pers.] Ardent, passionné. Âme torrentielle. L'homme cultivé, raffiné, cependant torrentiel et joyeux, que je suis, que nous sommes (G. Bataille, Exp. int., 1943, p. 119). Prononc. et Orth.: [tɔ
ʀ
ɑ
̃sjεl]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. 1832 « qui est produit par les torrents » eaux torrentielles (Raymond); 2. a) 1844 « qui coule à flot comme un torrent » (Balzac, loc. cit.); b) 1850 pluie torrentielle (Flaub., Corresp., p. 108). Dér. de torrent*; suff. -(i)el*. Fréq. abs. littér.: 88. DÉR. Torrentiellement, adv.,littér. a) Avec l'abondance et la violence d'un torrent; avec une force irrésistible. Déboucher torrentiellement. Ces trous, ces déchirures, ces écluses, par lesquels se précipitent torrentiellement la faune, la flore et les projecteurs des cieux, voilà les seules fenêtres dont Greco daigne aérer ses nombreuses chambres closes (Cocteau, Poés. crit. I, 1959, p. 199).b) De façon mouvementée. On y vit si torrentiellement [à Paris], qu'on ne va pas plus voir deux êtres qui demeurent place Royale ou rue de Ponthieu, que s'ils étaient au Groënland (Balzac, Lettres Étr., t. 2, 1843, p. 146).− [tɔ
ʀ
ɑ
̃sjεlmɑ
̃]. − 1resattest. 1843 id.; de torrentiel, suff. -ment2*. |