| * Dans l'article "TISONNER,, verbe trans." TISONNER, verbe trans. A. − 1. Remuer les tisons d'un foyer pour le ranimer, l'activer ou pour faire tomber la cendre. Synon. fourgonner.Tisonner les braises dans l'âtre. Après tout, ils étaient encore heureux de se trouver ensemble, les pieds sur les chenets, tisonnant la bûche de décembre, fumant leur pipe (Murger, Scènes vie boh., 1851, p. 176).Costals tisonna le feu de bois, qui répondit en se jetant vers lui, comme un fauve qu'on asticote, sous la forme d'une vague de fumée, envahissant la pièce (Montherl., Lépreuses, 1939, p. 1435).P. métaph. [La voix] de son valet, habilement, tisonne les cendres des vieux péchés (Colette, Jumelle, 1938, p. 197). − [P. méton. de l'obj.] Il se rapprocha du poêle, le tisonna (Huysmans, Là-bas, t. 1, 1891, p. 112). − P. anal. Sur les bancs verts, des clubs d'épiciers retraités Qui tisonnent le sable avec leur canne à pomme (Rimbaud, Poés., 1871, p. 59). 2. Au fig., littér. a) Remuer pour redonner une nouvelle vie. Enfin, après le café, (...) nous tisonnons les souvenirs de jeunesse (Coppée, Contes rap., 1889, p. 130).Lorsque, à tisonner le désir moins ardent, L'esprit rêve un baiser de saveur inconnue, Le démon dans l'amour comme un ver s'insinue (Ch. Guérin, Cœur solit., 1904, p. 101). b) Remuer pour rendre plus vif, plus ardent (un tempérament, un sentiment, une attitude). Synon. attiser.Une fille populacière, râblée, solide, (...) une goton lubrique, propre à vous tisonner les sens à chaque enjambée (Huysmans, Sœurs Vatard, 1879, p. 162). − Rare. [L'obj. désigne une pers.] Persuadée (...) que le cœur d'une jeune fille est un gouffre de turpitudes et de crimes, elle les incitait à la confiance, les tisonnait de questions bizarres (Bloy, Hist. désobl., 1894, p. 75). B. − Empl. abs. Remuer les tisons d'un foyer, parfois sans nécessité. Il posa le mémoire sur la cheminée, prit les pincettes, se mit à tisonner. Cette manie de fouiller les cendres, pendant qu'il causait d'affaires, était chez lui un calcul qui avait fini par devenir une habitude (Zola, Curée, 1872, p. 461).Elle tenait le seau d'une main, le tisonnier de l'autre (...). Sur le palier, je l'entendis crier en tisonnant: − Cette rosse de poêle! (A. France, Vie fleur, 1922, p. 522). REM. Tisonnant, -ante, part. prés. en empl. adj.,hapax. [Corresp. à supra A 1 et B] P. méton. Causerie tisonnante. Causerie au cours de laquelle on s'occupe à tisonner. Il nous retraçait, comme dans une causerie tisonnante devant un feu mort, ces jours succédant aux jours (Goncourt, Journal, 1869, p. 497). Prononc. et Orth.: [tizɔne], (il) tisonne [-zɔn]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1250 tisonner le feu (Vie des Peres, B.N. 23111, fo109a ds Gdf. Compl.). Dér. de tison*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 71. DÉR. 1. Tisonnement, subst. masc.[Corresp. à supra A 1 et B] Action de tisonner; résultat de cette action. J'écoutais avec patience, ses élucubrations quotidiennes, ses monologues coupés de silence, de marches à travers le cabinet, de tisonnements (Arnoux, Chiffre, 1926, p. 169).− [tizɔnmɑ
̃]. − 1reattest. 1880 (Huysmans, Croquis parisiens, p. 69 ds Cressot, Phrase et vocab. Huysmans, 1938, p. 218); de tisonner, suff. -ment1*. 2. Tisonneur, -euse, subst.[Corresp. à supra A 1 et B] ,,Celui, celle qui aime à tisonner`` (Ac.). C'est un grand tisonneur (Ac.). − [tizɔnœ:ʀ], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. − 1reattest. 1690 « celui qui aime à garder le coin du feu » (Fur.); de tisonner, suff. -eur1*; tisonneur est att. au déb. du xives. au sens de « marchand de menu bois » (v. Gdf. Compl. et Romania t. 35, p. 411). |