| TIREUR, -EUSE, subst. A. − 1. Celui qui exerce une traction pour amener dans sa direction. Le postillon (...) maintient à droite, à gauche ses tireurs dont le moindre faux pas nous précipiterait (Barrès, Amit. fr., 1903, p. 59).Son pousse (...) l'attend. Il le rejoint à pas menus; le tireur l'emmène, d'une course lente et sage (Malraux, Conquér., 1928, p. 61). − En partic. Celui qui tire sur l'aviron. Synon. rameur.Les tireurs se penchaient en avant, puis se renversaient d'un mouvement régulier; et, sous l'impulsion des longues rames recourbées, les yoles rapides glissaient sur la rivière (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Femme de Paul, 1881, p. 1214). 2. Tireur d'or, d'argent. ,,Ouvrier dont le métier est de tirer l'or (l'argent), etc., en fils déliés`` (Ac. 1798-1935). B. − Celui qui extrait (quelque chose) de (quelque chose). J'entends (...) les coups de marteau des tireurs de pierre dans les carrières de marbre du mont Pentélique (Lamart., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 142).Elle est sauvée! (...) C'est un tireur de sable qui l'a repêchée (A. Daudet, Fromont jeune, 1874, p. 249). − Vx. Tireur de laine. Synon. de tire-laine.Je veux aussi vous ménager sur la façade quelques meurtrières d'où l'on puisse diriger une sarbacane contre les truands, les mauvais garçons et les tireurs de laine (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 243). − Arg. Voleur à la tire. (Dict. xixeet xxes.). − ESCR. Celui, celle qui sait tirer, qui pratique l'escrime. Synon. escrimeur.Chaque fois qu'une des tireuses se fendait, un frisson de joie courait dans le public (Maupass., Bel-Ami, 1885, p. 263).Le maître d'armes jugeait d'un tireur à la manière de faire tourner une cuiller dans une tasse de café, sans faire un mouvement de trop (Alain, Propos, 1922, p. 352). ♦ Vieilli. Tireur d'armes. Maître d'armes. (Dict. xixeet xxes.). C. − Celui qui tire avec une arme. 1. [Avec une arme de trait] Ces piquants furent ajustés solidement à l'extrémité des flèches, dont la direction fut assurée par un empennage de plumes de kakatoès. Le reporter et Harbert devinrent promptement de très-adroits tireurs d'arc (Verne, Île myst., 1874, p. 117). 2. [Avec une arme à feu] Tireur à la carabine. − Chasseur tirant, chassant au fusil. Vieilli. ,,Chasseur qu'on entretient pour tirer du gibier`` (Ac. 1798-1878). − Soldat envoyé pour faire une ou plusieurs décharges d'armes à feu (d'apr. Ac. 1835, 1878); en partic., soldat qui vise bien. Tireur d'élite; tireur isolé. Terrible guerre! Il meurt autant d'officiers que de soldats. − Les officiers, tous frappés à la tête, précisa distraitement le romancier. Ces Boers sont des tireurs étonnants (Tharaud, Dingley, 1906, p. 18). − En partic. Celui des servants d'un canon ou d'une arme automatique qui est chargé de déclencher le feu. (Ds Rob., Lar. Lang. fr., Rob. 1985). Avec cet outil, dit-il au servant, on n'ouvre le feu qu'à six cents mètres. Sept cents au plus. T'affole pas. Le canon de 25 est une arme à tir tendu, d'une extraordinaire précision. À six cents mètres, un tireur exercé fait mouche dans un carré d'un mètre, presque à tous les coups (Abellio, Pacifiques, 1946, p. 303). D. − GRAV., PHOT. Celui qui reproduit à plusieurs exemplaires, qui effectue un tirage. Lemercier, l'admirable tireur de lithographies, par lequel seul Gavarni voulait être tiré (Goncourt, Journal, 1896, p. 984). E. − BANQUE, COMM., FIN. Celui qui émet, établit un effet de commerce, une lettre de change, un chèque (p. oppos. à tiré). Le code de commerce (..) réglemente surtout les contrats spéciaux au commerce: contrats entre le commissionnaire et le commettant (...), entre le porteur de la lettre de change et le tireur (Durkheim, Divis. trav., 1893, p. 95). F. − Gén. au fém. Tireur, tireuse de cartes, d'horoscope(s). Personne qui prétend lire et prédire l'avenir d'après l'interprétation des combinaisons de cartes, d'après la lecture de la carte du ciel qu'elle a établie. Ils s'étaient faits tour-à-tour astrologues, tireurs d'horoscopes, devins, magiciens, nécromanciens, charlatans, médecins, courtisans, confesseurs de princes, toujours tendant au but de gouverner pour leur propre avantage (Volney, Ruines, 1791, p. 330).V. carte II D 2 ex. de Bloy. Prononc. et Orth.: [tiʀ
œ:ʀ], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694 (1694-1878 au masc., 1935 au masc. et au fém.). Étymol. et Hist. 1. a) xives. [date du ms.] tireor « celui qui tire à soi ou derrière soi » (S. Graal, Vat. Chr. 1687, fo103d ds Gdf. Compl.); b) 1350 lyonnais tirour « celui qui hale un bateau » (Li contios de alar abatre Peiraut, 31 ds R. Philol. fr. t. 19, p. 257 et 265); c) 1538 tireur à l'aviron « rameur » (Est., s.v. remigium); d) 1664 « celui qui tire une lettre de change sur quelqu'un » (Décl. janv. 1664 ds Kuhn, p. 137); e) 1766 « ouvrier qui applique le mordant sur les toiles peintes » (Macquer, Arts et métiers, Toiles peintes, t. 2, p. 617); 2. a) 1392 tireur du fil de fer « ouvrier qui étire le fil de fer » (Registre criminel du Châtelet, t. 2, p. 475); 1530 tireur d'or « ouvrier qui tire l'or » (Palsgr., p. 226); 1765 « ouvrier qui tire de la chaudière le plomb fondu » (Encyclop.); b) 1471 tireur de fil de garde « ouvrier chargé de retirer ou de placer le fil d'un métier à filer » (doc. de Tournai ds Gdf.); c) 1504 « celui qui extrait d'une carrière » (Comptes de dépenses du château de Gaillon, éd. A. Deville, p. 104); d) 1580 « celui qui tire l'épée, qui fait des armes » (Montaigne, Essais, I, 26, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, t. 1, p. 153); e) 1583-90 tireur de laine « voleur qui dépouille les passants » (Brantôme, Hommes illustres, Charles IX, éd. Leyde, 1666, t. 4, p. 29); 1808 tireur « voleur à la tire » (Boiste); f) 1752 tireur d'horoscope « celui qui tire l'horoscope de quelqu'un » (Trév.); 1812 tireur, tireuse de cartes « personne qui prétend prédire l'avenir d'après certaines combinaisons de cartes à jouer » (Mozin-Biber); 3. a) 1447 « celui qui se sert d'une arme de trait » (Ordonnances des rois de France de la troisième race, éd. De Vilevault et De Bréquigny, t. 13, p. 510); b) 1636 « soldat envoyé pour faire des décharges d'armes à feu » (Monet). Dér. de tirer*; suff. -eur2*. Fréq. abs. littér.: 157. Bbg. Chautard Vie étrange Argot 1931, p. 294. − Quem. DDL t. 12. |