| TIGE, subst. fém. A. − 1. BOT. Partie des plantes vasculaires généralement aérienne et très variable dans ses dimensions, sa direction, sa forme, qui porte les feuilles et les organes reproducteurs et qui conduit la sève entre les racines et les feuilles. Tige herbacée, ligneuse; tige grimpante, rampante, souterraine; tige volubile; tige simple, ramifiée; tige épineuse, lisse, florale, laiteuse, rameuse, poilue, velue; bois, écorce, entre-nœuds de la tige. La tige n'est pas toujours aérienne; elle rampe quelquefois sous terre, émet des racines adventives pendant que ses branches et ses feuilles se développent au dehors. On la distingue alors sous le nom de rhizome (ZollaAgric.1904).La tige feuillée des Mousses et des Hépatiques à feuilles est toujours de taille restreinte et toujours grêle; elle ne dépasse pas 10-20 cm, et souvent n'a guère plus de 1 mm de longueur; en principe, elle est dressée chez les Mousses et couchée chez les Hépatiques (Bot., 1960, p. 485 [Encyclop. de la Pléiade]). 2. [S'applique à des végétaux d'aspect différent] a) [La tige est ligneuse] − Partie axiale de la plante, épaisse, dure et dépourvue de feuilles. Tige d'un arbuste; écorcer une tige. Ce semis est devenu fourré; un fouillis de tiges inégales et de petites branches entrelacées (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 19). ♦ Vieilli ou littér. Synon. de fût, tronc.Tige d'un sapin. Dès qu'un souffle insensible traverse le vallon, le peuplier s'agite et frémit sur la tige élancée (Senancour, Rêveries, 1799, p. 102).Un vieux chêne était là; sa tige Eût orné le seuil d'un palais (Hugo, Chans. rues et bois, 1865, p. 55). ♦ [Dans une compar.] Le dolman bleu à tresses d'argent faisait ressortir avec grâce l'élégance de sa taille, svelte et souple comme la tige d'un jeune peuplier! (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p. 18). − Partie axiale cylindrique à surface rugueuse terminée par une couronne de feuilles chez les plantes monocotylédones. Synon. hampe, stipe.Des milliers de cocotiers, haut perchés sur leurs tiges flexibles, balancent perpétuellement leurs têtes au-dessus de ces forêts (Loti, Mariage, 1882, p. 98).[Le cocotier] n'a point de branches; au sommet de sa tige, il érige une touffe de palmes (Claudel, Connaiss. Est, 1907, p. 25). − ARBORIC., SYLVIC. Jeune arbre à planter ou nouvellement planté. Synon. plant.Ils cherchèrent dans leurs livres une nomenclature de plants à acheter, et (...) s'adressèrent à un pépiniériste de Falaise, lequel s'empressa de leur fournir trois cents tiges dont il ne trouvait pas le placement (Flaub., Bouvard, t. 1, 1880, p. 40). − Expressions ♦ Haut sur tige. Dont l'arborescence est située à l'extrémité d'une tige unique. C'était un bizarre et charmant arbrisseau haut sur tige, dont les innombrables branches fines comme des fils, ébouriffées, sans feuilles, étaient couvertes d'un million de petites rosettes blanches (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 164). ♦ À/de haute tige. Qui porte haut sa ramure; qu'on a laissé pousser en hauteur. Il n'est permis de planter des arbres de haute tige qu'à la distance prescrite par les réglemens particuliers actuellement existans (Code civil, 1804, art. 671, p. 122). ♦ ARBORIC. [En parlant d'un arbre fruitier] À/de haute tige. Dont on laisse la tige libre de s'élever. À/de basse tige. Que l'on maintient par taille à faible hauteur. À/de demi-tige. Qui a environ 1, ou 1,50 m de hauteur. On distingue en effet: l'arbre fruitier à haute-tige (ou arbre de « plein vent », dont le tronc mesure 1,50 à 2 m de longueur; l'arbre fruitier à demi-tige: le tronc a une hauteur de 1 m à 1,50 m; l'arbre fruitier à basse-tige: longueur du tronc inférieure à 1 m (Boulay,Arboric. et prod. fruit.,1961,p. 47).P. ell. Haute(-)tige, basse(-)tige. Toute forme fruitière est définie par: 1) la hauteur de son tronc (haute-tige, demi-tige ou basse-tige); 2) le mode de ramification du tronc (Boulay,Arboric. et prod. fruit.,1961,p. 88). b) [La tige est herbacée] Tige creuse, droite, souple; tige des Graminées, du maïs, des roseaux; briser, couper une tige. Haricots d'Espagne, dont les tiges minces commençaient à s'enrouler autour d'un berceau de ficelles (Zola, Assommoir, 1877, p. 416).Les tiges coupées du seigle, à travers les sandales, me faisaient mal (Mauriac, Th. Desqueyroux, 1927, p. 224). c) Rare. Partie qui supporte le chapeau des champignons. Synon. pédicule, pied.Le champignon s'élève sur son pédicule, ou tige, ou pied. Celui-ci est haut et cylindrique, ou évasé, ou étalé (Pesquidoux, Chez nous, 1921, p. 161). 3. BROD. Point de tige. Point arrière dont chaque point légèrement oblique chevauche l'autre sur une demi-longueur. Les feuilles [sont exécutées] au point de tige (Jardins des modes, janv. 1951, p. 41). 4. P. métaph. ou au fig. Premier père, fondateur d'où sont sorties toutes les branches d'une famille. Synon. ancêtre.La tige capétienne; avoir pour tige (de sa branche); sortir d'une tige illustre. Jésus, l'arbre nouveau, la tige fertile dont David devait fournir le germe, suivant les prophètes (P. Leroux, Humanité, 1840, p. 805).− Que pensez-vous du prince Crucho? − C'est un aimable jeune homme et, j'ose dire, le digne rejeton d'une tige auguste (A. France, Île ping., 1908, p. 201). − Loc. verb., vieilli. Faire tige. Avoir une descendance. Synon. faire souche.Littér. [Le suj. désigne un inanimé] Le Jansénisme, très-fort en terre de France (...) n'avait pas en lui la séve propre du Puritanisme, et il n'était pas de force à faire tige ailleurs (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 267). B. − Partie fine, nue et droite, sans rameaux, portant la fleur, parfois le fruit; p. méton., fleur coupée avec sa tige. Synon. pédoncule, queue.Tige frêle, souple, verte; tige de la jacinthe, du pissenlit, du pavot, de la rose; fleur à longue tige, sans tige. De ses doigts blancs, sur la tige verte d'un nénuphar, la jeune fille saisit une libellule (Barrès, Barbares, 1888, p. 68): Pendant la semaine qui suivit les obsèques (...) il n'avait pas manqué de porter chaque matin à sa femme un bouquet maladroit aux tiges trop courtes, comme ceux que les enfants coupent.
Mauriac, Genitrix, 1923, p. 352. C. − P. anal. 1. a) Pièce ou partie longue et mince d'un objet, d'un ensemble. Tige métallique; tige de bois; tige d'une ancre, d'un clou, d'un guéridon, d'un paratonnerre. Factures embrochées dans des tiges de fer (Theuriet, Mais. deux barbeaux, 1879, p. 110).Lunettes à tiges d'acier (Green, Journal, 1944, p. 124).V. échassier rem. ex. de Gide. b) Spécialement − Partie de la chaussure, de la botte qui enveloppe la jambe, couvre le dessus du pied. Tige basse, haute; bottine, chaussure à tige. Les souliers [du facteur et du fantassin] étaient presque pareils, en gros cuir dur, les tiges gondolées, les semelles ferrées jusqu'aux talons (Aymé, Jument, 1933, p. 195). ♦ Fam., vieilli. Marcher sur les tiges. Porter des chaussures très usées. Au fig. Être à bout de ressources. Finot, il y a trois ans, marchait sur les tiges de ses bottes, dînait chez Tabar à dix-huit sous (Balzac, Illus. perdues, 1839, p. 328). ♦ P. anal., région. (Ouest). Tige de botte. Tuile en forme de cône tronqué. Des maisons basses, couvertes en tuiles creuses (tiges de bottes) jointes à la chaux (Aguiaine, 1968, p. 13 ds Réz. Ouest 1984, p. 263). − Partie mince et allongée de la clef située entre l'anneau et le panneton. Tige d'une clef (Poignon 1967). − Tige d'une plume. Partie prolongeant le tuyau et sur laquelle se développent les barbes. La tige de la plume fait la continuité du tube. C'est un cône plus ou moins alongé, convexe sur une face, plat et sillonné sur l'autre, sur les parties latérales duquel s'attachent les barbes (Cuvier, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 607). − Élément d'un lampadaire, d'un flambeau qui va du pied au dispositif d'éclairage. Le candélabre de Tarente, portant sur sa tige autant de lampadaires qu'il y a de jours dans l'année (Flaub., Salammbô, t. 2, 1863, p. 21). − ANAT. Tige pituitaire. Cordon de substance nerveuse qui unit l'infundibulum à l'hypophyse. [L'hypophyse] est reliée au plancher du troisième ventricule par une tige conique ou tige pituitaire ou encore infundibulum (Quillet Méd.1965, p. 321). − ARCHIT. Tige d'une colonne. ,,Sorte de branche qui part d'un fleuron et qui porte le feuillage d'un rinceau d'ornement`` (Noël 1968). 2. Élément long et mince, de section généralement circulaire, appartenant à un mécanisme. Tige métallique; tige de démarreur, de piston; tige carrée, filetée. Il prit le revolver dans la main gauche, et pressa doucement. Une seconde la petite tige résista puis elle glissa dans la rainure (Bernanos, Imposture, 1927, p. 372).Parfois, l'axe du volant est creux et permet le passage d'une tige actionnant, du centre du volant, l'avertisseur et l'éclairage (Chapelain, Techn. automob., 1956, p. 232).V. culbuteur ex. 2. − HORLOG. Tige de remontoir. Axe muni d'une couronne moletée permettant de remonter une montre ou de la mettre à l'heure. On voit apparaître [au XIXes.] le « remontoir au pendant », où l'on tourne la « couronne » fixée sur la tige de remontoir (Bassermann-Jordan, Montres, horl. et pend., 1964, p. 184). − TECHNOL. Tige de forage. Tube métallique utilisé pour former une colonne de forage dans les forages pétroliers. Comme on ne peut par ces procédés allonger de 10 m − longueur d'une tige − le train d'outils, on utilise des tiges plus courtes que l'on remplace par une tige normale lorsque la longueur voulue est atteinte (Chartrou, Pétroles natur. et artif., 1931, p. 47). 3. Fam. Vieille tige. Pilote d'aviation breveté avant 1914. Pour un film on a reconstruit le premier avion d'Henry Farman. De gauche à droite: les « vieilles tiges » Gaubert et Saladin (L'Œuvre, 30 nov. 1941). 4. Argot a) ,,Cigarette`` (Cellard-Rey 1980). Brouter la tige. ,,Pratiquer la fellation`` (Rey-Chantr. Expr. 1979). b) Gardien de la paix, agent de police. Laisser emballer Tintin par les tiges (Simonin, Cave se rebiffe, 1954, p. 124). REM. 1. Coton-tige, subst. masc.Bâtonnet dont les extrémités sont enrobées de coton hydrophile, utilisé pour les soins d'hygiène et de toilette. Rien n'est plus délicat que de remaquiller des yeux qui viennent tout juste d'être démaquillés. Contentez-vous simplement de nettoyer le contour de l'œil et la paupière supérieure avec un coton-tige (Avantages, mars 1990, p. 50).Plur. des cotons-tiges. 2. Tigeron, subst. masc.,horlog. ,,Tige très courte qui entre dans l'axe d'une roue ou d'un balancier`` (Peyroux Techn. Métiers 1985). Prononc. et Orth.: [ti:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. a) Ca 1100 « partie d'une plante qui sort de la terre et qui pousse des branches, des feuilles, des fruits » ici « tronc » (Roland, éd. J. Bédier, 500); b) 1703 arboric. arbre de tige (Liger, Dict. gén. des termes propres à l'agric., Paris., D. Beugnié); 1859 haute-tige (Bouillet); 2. a) 1559 généal. « premier père duquel sont sorties toutes les branches d'une famille » (Amyot, Mar. et Pyr., 4 ds Littré); b) 1560 masc. « origine, source » (Du Bellay, Louange de la France, 68 ds
Œuvres poét., éd. H. Chamard, t. 5, p. 311); fin xvies. fém. (Pasquier, 89 ds IGLF); 1689 faire tige (Boss., 1eravert., 37 ds Littré). II. 1. 1382-84 « partie allongée de diverses choses » (Le Compte du Clos des Galées, éd. Ch. Bréard, p. 65: barreaulx de fer pour faire tiges à ancres de galées); en partic. 1676 « partie longue et cylindrique qui est entre l'anneau et le panneton d'une clef » (Félibien, p. 487); 2. 1567 archit. (J. Martin, Arch., p. 116); 3. 1660 « partie de la botte qui surmonte l'empeigne et enveloppe la jambe » (Oudin Esp.-Fr.); 4. 1905 arg. « cigarette » (Bruant Suppl., p. 461); 5. 1920 arg. vieille tige « pilote breveté avant 1914 » (ds Esn. 1966); 6. a) 1923 tige de sonde (Bresson, Manuel prospect., p. 233); b) 1964 tige de forage (Pétrol.). Dér. du lat. class. tibia, v. tibia qui a pris en lat. pop. le sens de « tige ». Fréq. abs. littér.: 1 401. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2 312, b) 1 651; xxes.: a) 2 297, b) 1 718. Bbg. Quem. DDL t. 30. |