| TIÉDEUR, subst. fém. A. − 1. État, qualité de ce qui est tiède ou de ce qui réchauffe modérément. Tiédeur d'un bain; tiédeur de l'air, d'une brise; tiédeur d'une serre; tiédeur du soleil, d'un poêle. Des enfants couraient pieds nus, sur les ponts vernis, heureux de sentir sous leurs pieds la tiédeur des planches, chaudes de soleil (Moselly, Terres lorr., 1907, p. 212).Il eût voulu se blottir près de lui, et rester là, longtemps, sans bouger, dans la tiédeur fraternelle de son corps (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 717). − En partic. Température atmosphérique modérée. Synon. douceur.Tiédeur de mai; tiédeur printanière; tiédeur d'un climat. Février 1895. Départ de Marseille. Vent violent; air splendide. Tiédeur précoce (Gide, Nourr. terr., 1897, p. 228).Il avait attendu (...) le front collé à la vitre où son haleine, malgré la tiédeur orageuse du soir, épandait une buée palpitante (Duhamel, Passion J. Pasquier, 1945, p. 128). ♦ Littér., au plur. Des odeurs de basse-cour, des tiédeurs fermentées d'étable entraient par la porte entr'ouverte (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Hist. fille de ferme, 1881, p. 23).Partout les pignoles s'entr'ouvraient aux premières tiédeurs (Pourrat, Gaspard, 1931, p. 84). 2. Au fig. Douceur agréable (d'une sensation, d'un sentiment). Tiédeur de l'amour maternel. Elle n'était qu'une Macquart rangée, raisonnable, logique avec ses besoins de bien-être, ayant compris que la meilleure façon de s'endormir dans une tiédeur heureuse est encore de se faire soi-même un lit de béatitude (Zola, Ventre Paris, 1873, p. 648).La présence d'Aïcha se mêlait à cette joie, l'attendrissait d'une tiédeur d'amitié (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 67). B. − Au fig. 1. [Chez une pers.] Défaut d'ardeur, de ferveur, de zèle, de conviction. Tiédeur amoureuse, religieuse; tiédeur d'un accueil, d'un sentiment; reprocher à qqn sa tiédeur; accepter avec tiédeur un compromis. Une princesse de trente cinq ans (...) mécontente de la tiédeur de son amant, et cependant ne pouvant espérer de faire naître un autre amour (Stendhal, Amour, 1822, p. 103).Les autres s'arrêtaient à mi-chemin de la foi ou du scepticisme, de leurs désirs, de leurs projets: je méprisais leur tiédeur. J'allais au bout de mes sentiments, de mes idées, de mes entreprises; je ne prenais rien à la légère (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 215). 2. Littér., souvent au plur. Acte, attitude où se manifeste un manque d'ardeur, de l'indifférence, de la répugnance. Tillemont s'inquiétait lui-même devant Dieu, avec d'autant plus de scrupule qu'ayant été purement élevé, il croyait qu'il lui était demandé d'aimer davantage; les tiédeurs lui paraissaient plus graves, à qui devait n'avoir qu'une plus ardente reconnaissance (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 547).Dieu ne supporte aucune tiédeur. Il exige le silence ou les hardiesses (Cocteau, Poés. crit. II, 1960, p. 46). Prononc. et Orth.: [tjedœ:ʀ], [tjε-]. [-ε-] sous l'infl. de tiède et de la finale ouverte [-œ:ʀ]. Ac. 1694, 1718: tiedeur, dep. 1740: tiédeur. Étymol. et Hist. 1. Fin xiies. li teuors « manque d'ardeur, de ferveur » (Sermons St Grégoire sur Ézéchiel, éd. K. Hofmann, p. 15), en a. fr. seulement, v. ex. ds T.-L. et Gdf.; 1675 [éd.] la tiédeur des vieilles gens (La Rochefoucauld, Réflexions ou sentences et maximes morales, CCCXLI ds
Œuvres, éd. M. D. L. Gilbert, t. 1, p. 164); en partic. av. 1704 au plur. « actes de tiédeur » (Bourdal., Pensées, t. II, p. 449 ds Littré); 2. 1538 tiedeur « état de ce qui est tiède, chaleur modérée » (Est.). Dér. de tiède*; suff. -eur1*. Fréq. abs. littér.: 410. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 234, b) 658; xxes.: a) 1 088, b) 536. |