| THÉORBE, TÉORBE, subst. masc. MUS. [Du xvieau xviiies.] Instrument à cordes pincées appartenant à la famille des archiluths, au son plus grave que celui du luth, dont le manche, muni d'un premier chevillier auquel s'accrochent les six rangs de cordes habituels du luth, comporte un second chevillier, légèrement déporté vers la gauche, auquel s'accrochent de quatre à huit paires de cordes sonnant à vide (d'apr. Mus. 1976). Debout, elle passa la main sur son front, se recueillit pendant quelques minutes, pinça son téorbe, et récita: Quimper-Corentin, ma patrie (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 209).C'était une joie ineffable qui semblait venir du paradis, une joie aussi différente de celle de la sonate que, d'un ange doux et grave de Bellini, jouant du théorbe, pourrait être, vêtu d'une robe d'écarlate, quelque archange de Mantegna sonnant dans un buccin (Proust, Prisonn., 1922, p. 260).Prononc. et Orth.: [teɔ
ʀb]. Ac. 1694, 1718: theorbe, 1740: théorbe, dep. 1762: téorbe, thé-. En outre, ds Ac. 1694-1878 var. thuorbe, tuorbe. Catach-Golf. Orth. Lexicogr.1971, p. 310: té-. Étymol. et Hist. Déb. xviies. tuorbe (A. d'Aubigné, Lettre à M. de La Noue ds
Œuvres, éd. E. Réaume et F. de Caussade, t. 1, p. 465); 1626 tiorbe (J.-B. Doni, lettre à Mersenne ds M. Mersenne, Corresp., éd. P. Tannery et C. de Waard, t. 1, p. 438); 1640 teorbe (Oudin Ital.-Fr., s.v. teorba); 1661 theorbe (A. Le Metel d'Ouville, La Fouyne de Séville [trad. du texte esp. de A. del Castillo Solorzano], p. 241: J'avouë que la langue Espagnolle ne m'est pas si favorable que l'Italienne, dont j'ay mieux estudié les graces et les beautez sur le theorbe que je touche assez raisonnablement). Empr. à l'ital.tiorba « sorte de grand luth à deux manches » (dep. 1585, Garzoni), aussi teorba (cf. Oudin, loc. cit.); cet instrument aurait été inventé en 1575 par Antonio Naldi, musicien toscan dit il Bardella (v. Prati et DEI); tiorba est d'orig. incertaine: G. Alessio (ds R. Ling. rom. t. 18, pp. 57-58) et à sa suite DEI, estiment que la forme originelle était tuorba, appartenait au vénit. et non au tosc., et le rattachent au sl. torba, att. en Istrie et Dalmatie au sens de « besace », du turc torba « id. », mais cette hyp. est réfutée à juste titre par A. Prati ds R. Ling. rom. t. 19, pp. 213-214; v. aussi Cor.-Pasc., s.v. tiorba. Fréq. abs. littér.: 20. Bbg. Hope 1971, pp. 224-225. |