| THOMISME, subst. masc. PHILOS., THÉOL. A. − Doctrine de saint Thomas d'Aquin exposée dans la Somme théologique notamment, dont l'originalité est de concilier les acquis de la pensée aristotélicienne et les exigences de la foi chrétienne et qui repose sur l'affirmation fondamentale de l'Être comme réalité universelle. On lui avait enseigné [à Bossuet] au collège de Navarre le thomisme, c'est-à-dire un péripatétisme mitigé (Cousin, Vrai, 1836, p. 87).Si le thomisme a précisé, complété, épuré l'aristotélisme, ce ne fut jamais en faisant appel à la foi, mais en déduisant plus correctement ou plus complètement que n'avait fait Aristote lui-même les conséquences impliquées dans ses propres principes (Gilson, Espr. philos. médiév., 1931, p. 8).V. augustinianisme ex. et moliniser rem. s.v. moliniste ex. de Bremond. B. − Ensemble des systèmes de pensée issus de cette doctrine. 1. [Chez les philosophes scolast. du Moy. Âge, s'oppose notamment à averroïsme et à scotisme] Le début de réaction anti-nominaliste qui se produit au XVes. est évidemment favorable au thomisme (...). Mais dans l'ensemble des Universités, en particulier dans celles d'Europe centrale, le courant d'idées réaliste s'attache moins à la pensée de saint Thomas qu'à une sorte « d'opinion commune » (...) un aristotélisme christianisé superficiellement (L. Jerphagnon, Dict. des gdes philos., 1973, p. 373). 2. [À la fin du xixeet au xxes.] Synon. de néothomisme (v. néo- II C 1 c).Le thomisme, devenu la philosophie officielle de l'Église catholique depuis l'encyclique Aeterni patris de 1879, a attiré en général, par son réalisme et par la réaction qu'il marquait contre Descartes et Kant, la sympathie des phénoménologues dont beaucoup sont d'ailleurs d'origine catholique (E. Bréhier, Hist. de la philos., t. 2, fasc. 4, 1968 [1932], p. 979). Prononc. et Orth.: [tɔmism̭]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1725 (Mémoires de Trévoux, juin, p. 1042). Dér. de thomiste*; suff. -isme*. Fréq. abs. littér.: 56. Bbg. Quem. DDL t. 40. |