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TERRORISTE, subst. et adj.
I. − Substantif
A. − HIST. Personne ayant soutenu ou appliqué pendant la Révolution française une politique de terreur. L'histoire n'a pas encore examiné de près ce phénomène unique de la Terreur, qu'aucun homme, aucun parti, à coup sûr, ne pourrait ramener. Tout ce que j'en puis dire ici, c'est que, derrière cette fantasmagorie populaire, les meneurs, nos grands Terroristes, n'étaient nullement des hommes du peuple, mais des bourgeois, des nobles, des esprits cultivés, subtils, bizarres, des sophistes et des scolastiques (Michelet, Peuple, 1846, p. 154).En vertu de leurs pleins pouvoirs, les représentants prétendaient diriger la Terreur à leur gré: tantôt, ils collaborèrent avec les terroristes du cru; tantôt, ils les contrecarrèrent (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p. 416).
B. − Membre d'une organisation politique qui exécute des actes de terrorisme pour imposer ses conceptions idéologiques. Terroriste rouge, pro-palestinien; terroriste repenti. On fait de bons terroristes avec les fils des suppliciés (Malraux, Cond. hum., 1933, p. 313).Dix années d'études m'avaient rendu capable de tous les escamotages. Mais je n'en avais pas le cœur. Je manquais, c'était trop clair, de cette foi unique et impitoyable qui fait les généraux d'armée, les chefs de gouvernement et les terroristes (Guéhenno, Journal homme 40 ans, 1934, p. 184).
II. − Adjectif
A. − HIST. [En parlant de la période de la Terreur] Qui est relatif au terrorisme. Il estimait que les socialistes de 1848 avaient eu en vue, en parlant de cette dictature, une imitation de 1793, « un pouvoir central dictatorial et révolutionnaire, soutenu par la dictature terroriste des clubs révolutionnaires » (Sorel, Réflex. violence, 1908, p. 251).Du moins la droite fit-elle abroger l'article de la loi du 3 brumaire qui remettait en vigueur les lois terroristes contre les ecclésiastiques (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p. 472).
B. − Qui relève du terrorisme ou de ceux qui l'utilisent. Acte, groupe terroriste; organisations terroristes. Il y a eu deux attentats terroristes depuis sa mort (Malraux, Cond. hum., 1933, p. 429).Elle avait foi en l'action terroriste, elle considérait comme un honneur et un devoir d'y prendre part, mais le sang ne la troublait pas moins qu'il ne troublait Dora (Camus, Homme rév., 1951, p. 211).
C. − [En parlant de terrorisme culturel, intellectuel] Qui adopte une attitude d'intolérance, d'intimidation. Terroriste de l'encrier. Les écrivains ont mis la langue en liberté. Et, grâce à ces bandits, grâce à ces terroristes, (...) La muse reparaît, nous reprend, nous ramène (Hugo, Contempl., t. 1, 1856, p. 60).
HIST. DE LA LITT., empl. subst. Le second trait de la terreur est sa légèreté. Il semble qu'elle se contente, en un parti aussi grave, de la première impression venue. L'on s'adresse en vain aux savants: Le terroriste se borne, dit-il, à constater un fait, et comme une loi linguistique: c'est à savoir que certains mots trahissent une hypertrophie, aux dépens de l'idée, de la matière et du langage (Paulhan, Fleurs Tarbes, 1941, p. 77).
Prononc. et Orth.: [tε ʀ ɔ ʀist], [te-]. Littré [tε rr-]; Warn. 1968 [tε (r)-] (par gémination expr.). Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. 1794, août « (pendant la Révolution) partisan du régime de la terreur » empl. adj. (Babeuf ds Journal de la Liberté de la Presse, no4 in Frey, p. 188: [les] patriotes terroristes (les Français aiment toujours la variété, cette expression va venir à la mode) de l'an II de la République); id. (Brochure citée par Brunot t. 9, p. 843: avoir persécuté les patriotes sous le nom de Terroristes, Buveurs de sang); id., 25 sept. (Lebois ds L'Ami du peuple, no3 d'apr. G. Van den Heuvel ds Actes 2ecolloque de pol. lexicol. 1980, t. 3, 1982, p. 902 et note 92: c'est sous le nom de terroristes, d'hébertistes, de robespierristes, d'hommes de sang de brigands et de voleurs qu'on entasse les patriotes dans les cachots); 2. 1831 « celui qui commet des actes de terrorisme » (Chateaubr., Ét. ou Disc. hist., t. 4, p. 420: les terroristes de la Saint-Barthélemy); 3. a) 1855 empl. adj. doctrine terroriste (Sand, Hist. vie, t. 1, p. 201); b) 1860 bande terroriste (Michelet, Journal, p. 69). Dér. de terreur* d'apr. l'étymon lat.; suff. -iste*. Fréq. abs. littér.: 137. Bbg. Dub. Pol. 1962, p. 429. − Geffroy (A.). Cf. bbg. terrifier. − Grafström (A.). Cf. bbg. terrorisme.