| * Dans l'article "TERRASSE,, subst. fém." TERRASSE, subst. fém. A. − 1. Terre-plein aménagé pour l'agrément, souvent dans un terrain en pente, dont les parties verticales sont généralement maintenues par de la maçonnerie. Aux Tuileries, tout le long de la terrasse de l'Orangerie, au bout des ficelles, la montée et la descente de gourdes en fer-blanc, que remplissent sur le quai des garçons de marchand de vin (Goncourt, Journal, 1870, p. 620).M. Lemeunier de Fontevrault avait ménagé sous les pins une terrasse longue d'une demie-lieue, qu'ornait à main droite une balustrade dominant ces jardins en pelouses et en bassins (Boylesve, Leçon d'amour, 1902, p. 124). SYNT. Dalles, gravier, sable, terre battue, balustrade, parapet, rampe, mur de soutènement/d'appui d'une terrasse; parterres d'une terrasse; terrasse ornée de statues, de massifs de fleurs, (plantée) de fleurs, d'orangers, de marronniers; la terrasse de Saint-Germain; les terrasses du Luxembourg, des jardins de Versailles. ♦ Loc. adv. ou adj. En terrasse. Esplanade, jardin aménagé(e), élevé(e) en terrasse. Ma grand'mère occupait (...) une maison dont les jardins descendaient en terrasse sur un vallon (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 35).Ils pénétrèrent par en haut dans le petit square en terrasse, aménagé devant le porche de l'église Saint-Vincent-de-Paul (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 316). 2. AGRIC. Palier aménagé sur un versant pour en permettre la culture. Terrasses de culture; terrasses étagées; terrasses de vignes, d'oliviers. Je voyais au loin des rustauds Grouillant, de terrasse en terrasse, Qui vendangeaient sur les coteaux (Ponchon, Muse cabaret, 1920, p. 95).Ces centaines d'étroites terrasses cultivées qui montent à l'assaut des collines. Cette pente verte, striée parallèlement par tous ces traits crayeux que font les petits murets de pierres sèches (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 952). − Loc. adv. ou adj. En terrasse. Champ, verger en terrasse(s); cultures en terrasses. Un cirque accueillant, tout cultivé, aménagé en terrasses pour les mûriers (Barrès, Cahiers, t. 11, 1914, p. 14).Dans le cas très fréquent des cultures en terrasse, la terre elle-même doit être rapportée à bras (Brunhes, Géogr. hum., 1942, p. 147).V. muret ex. de Nizan. 3. GÉOMORPHOL. Replat d'un versant formé par l'érosion, par les fluctuations du niveau d'un fleuve, de la mer, d'un lac. Terrasse fluviale, étagée, en gradins; terrasse de remblaiement. On voit par les terrasses de galets et de graviers qui s'étagent au-dessus du niveau actuel de la vallée, le résultat de déplacements et creusements successifs (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 363).Nous nous trouvâmes enfin hors de danger, sur une espèce de terrasse basaltique qui dominait d'une cinquantaine de mètres le couloir de l'oued où nous avions failli rester (Benoit, Atlant., 1919, p. 81).V. fluviatile A ex. de Hist. gén. sc. 4. Travaux de terrassement. L'ingénieur qui nous dirigeait nous fit élever un cavalier gazonné (...). Ces terrasses allaient lentement, car nous étions tous, officiers jeunes et vieux, peu accoutumés à remuer la pelle et la pioche (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 402).[Les] kommandos de terrasse et de carrière, (...) furent avec les kommandos d'usines, métallurgiques ou chimiques, les véritables bagnes de la captivité (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 65). 5. ,,Métier de terrassier`` (Navel, Travaux, 1945, p. 168). B. − 1. ARCHIT. Dans une habitation ou un édifice dont un niveau est en retrait par rapport au niveau inférieur, plate-forme en plein air formée par le toit de niveau inférieur; comble plat sur lequel on peut se tenir; espace découvert, maçonné, attenant à un édifice, surélevé par rapport au niveau du sol. Je le surpris méditant devant les soubassements percés d'arcades de l'hôtel, examinant de son œil inquiet et jaunâtre l'entablement des colonnades que surmontent des terrasses à l'italienne (Fargue, Piéton Paris, 1939, p. 225): C'est parce qu'il pleut, en effet, que ces toits ici s'inclinent, que ces théâtres se couvrent (...). Dans les sables brûlants, il n'y avait ni toits, ni tuiles, mais des terrasses planes pour goûter la fraîcheur des soirs.
Faure, Espr. formes, 1927, p. 72. ♦ Loc. adj. En terrasse. Couverture, toiture en terrasse. [Mojacar] est bâtie sur une colline en cône tronqué qu'elle recouvre entièrement de ses maisons toutes semblables par leur forme cubique et leur toit en terrasse (T'Serstevens, Itinér. esp., 1933, p. 84). 2. Espace en plein air (partie de trottoir ou de place) situé devant un café ou un restaurant, où sont disposées des tables et des chaises pour les consommateurs. Ce sont les gens du Nord, les climats pénibles qui ont inventé le « home », l'intimité du cercle de famille auquel la Provence et l'Italie préfèrent les terrasses des glaciers, le bruit et l'agitation de la rue (A. Daudet, N. Roumestan, 1881, p. 98).Il alla prendre l'apéritif à un petit café dont la tranquille terrasse s'articulait à l'angle de deux rues (Queneau, Pierrot, 1942, p. 211). − P. méton. Mobilier destiné à cet espace. Lecouvreur, sentant les chaleurs proches, décide de « sortir la terrasse »: quatre tables rondes et huit chaises de jardin, qu'on aligne sur le trottoir, sous un grand store où on lit en lettres rouges: hôtel-vins-liqueurs (Dabit, Hôtel Nord, 1929, p. 73). C. − Spécialement 1. HÉRALD. ,,Nom de la champagne lorsqu'elle est délimitée par une ligne sinueuse ou courbe`` (Past. Hérald. 1979). V. terrassé rem. infra ex. de L'Hist. et ses méth. 2. ARTS ET TECHN. a) Socle plat qui supporte une figure; surface de ce socle. On remarquera le soin avec lequel est dessinée la terrasse servant à supporter ce petit groupe [un cavalier et son cheval]; l'artisan a pris soin de la découper de manière à représenter un double ornement quadrilobé, sur lequel reposent les pieds du cheval (D'Allemagne, Hist. jouets, 1902, p. 164). b) Taille d'une pierre précieuse en rectangle. Quand elle n'est pas présentée en cabochon, l'émeraude se taille très simplement en table et en terrasse (Metta, Pierres préc., 1960, p. 81). REM. 1. Terrasse-, -terrasse, élém. de compos.a) [Corresp. à supra A 1]
α) 2. Allée-terrasse, subst. fém.Ce parc en espalier, cette longue allée-terrasse en plein midi, cette allée péripatéticienne, en font un vrai logis d'homme de lettres (Goncourt, Journal, 1880, p. 68).
β) Appartement-terrasse, subst. masc.À Antibes, joli port de Côte d'Azur votre appartement-terrasse dans un grand jardin avec vue sur la mer et les collines (L'Express, 12 juin 1978, p. 69, col. 1). b) [Corresp. à supra B 1]
α) Balcon-terrasse, subst. masc.Au fond de la plaza, les façades rythmées par l'alternance des balcons-terrasses et des pans entièrement lattés s'harmonisent aux Alpes avec légèreté (Le Point, 11 déc. 1978, p. 37, col. 3).
β) Perron-terrasse, subst. masc.Trois marches (...) menaient à un perron-terrasse meublé d'orangers en caisses et de sièges d'osier (Colette, Mais. Cl., 1922, p. 127).
γ) Terrasse-balcon, subst. fém.La Société nationale d'Horticulture de France inaugurera à la rentrée des cours réservés aux amateurs de vergers, de gazons, de rosiers, de terrasses-balcons (Le Nouvel Observateur, 13 août 1979, p. 5, col. 2).
δ) Terrasse-véranda, subst. fém.Nous nous sommes établis tous deux dans deux cabanes en osier, sous la terrasse-véranda (Goncourt, Journal, 1892, p. 287).
ε) Toit-terrasse, subst. masc.[L']immeuble de la rue Franklin (1903) est le premier ouvrage qui codifie les principes d'une technique nouvelle (ossature portante, murs portés, toit-terrasse) (Arts et litt., 1936, p. 10-3). Terrassé, -ée, adj.a) Hérald. [Corresp. à supra C 1] Terrassé. Se dit des plantes ou des arbres qui croissent sur une terrasse (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 765).b) [Corresp. à supra A 3] En terrasse. Au-dessus du portail civique, le mur se dressait lourdement. Au sommet terrassé se tenait une multitude toute rouge du soir (Villiers de l'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 165). 3. Terrassette, subst. fém.,géomorphol. Petit gradin d'un versant raide, dû à des glissements de terrain fractionnés. Terrassettes de décollement. Sur des versants raides, la solifluction crée de petits gradins discontinus suivant à peu près les courbes de niveau. Dans les régions humides, la formation de ces terrassettes semble favorisée par le piétement du bétail (Encyclop. univ.t. 111971, p. 346, s.v. morphogénique). 4. Terrasseux, -euse, adj.Qui présente des creux. Au point de vue défectuosités, on appelle: marbre fier, celui qui par sa dureté résiste à l'outil (...). Terrasseux, celui qui a des fissures plus grandes, vides ou remplies de substances terreuses auxquelles on est obligé de substituer du mastic (Bourde, Trav. publ., 1928, p. 87). 5. Terrasson, subst. masc.a) Petite terrasse. (Dict. xixeet xxes.). b) Archit. Versant supérieur d'un comble à la Mansart. Dans les combles brisés la toiture à deux égouts, au lieu de deux plans inclinés, en comporte quatre. On appelle (...) terrasson la partie supérieure plus plate (Guadet, Archit., t. 1, 1901-04, p. 441). Prononc. et Orth.: [tε
ʀas], [te-]. Homon. terrasse (de terrasser). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Ca 1165 terrace « torchis, boue » (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 23095) − xvies. ds Hug.: terrasse; subsiste dans des empl. spéc. 1. 1694 (Corneille: Les Marbriers appellent Terrasse de marbre, Un tendre qui se trouve dans les marbres, comme le bousin dans les pierres); 2. 1752 (Trév.: Terrasse. Terme de Lapidaire. Il se dit, dans une pierre, de quelques parties qui ne peuvent recevoir le poliment). B. 1. a) Ca 1260 fortif. terrace « plate-forme aménagée » (Ménestrel de Reims, 384 ds T.-L.); b) 1295 archit. (Cart. de Montieramey, B.N. 1. 5432, fo90 vods Gdf. Compl.); 1690 en terrasse « en forme de terrasse » (Fur.); c) 1883 terrasse « partie en plein air d'un établissement public » (Villiers de L'I.-A., Contes cruels, p. 231); 2. a) 1835 travaux de terrasse « ceux que l'on fait en remuant la terre » (Ac.); b) 1945 terrasse « métier de terrassier » (Navel, loc. cit.); 3. a) 1380 terrasse « surface du socle sur lequel repose un objet » (Inv. de Ch. V, no263 ds Gdf. Compl.); b) 1621 peint. « premier plan d'un paysage » (E. Binet, Essay des Merveilles de Nature, p. 199); c) 1777 hérald. « pointe de l'ecu faite en forme de champ plein d'herbe » (Encyclop. Suppl. t. 4; cf. déjà l'adj. terrassé en 1765 Encyclop. t. 16); 4. 1853 géogr. (A. Joanne, Itinéraire descriptif et historique de la Suisse, p. 377 ds Quem. DDL t. 27). Dér. de terre* peut-être sous l'infl. de l'a. prov. terrassa « surface plane dans une construction » fin xiiies. [ms. xives.] (Vie de Ste Douceline, éd. J.-H. Albanés, p. 4,3), lui-même dér. du lat. terra, v. terre. Fréq. abs. littér.: 2 659. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2 730, b) 4 159; xxes.: a) 4 466, b) 4 062. Bbg. Quem. DDL t. 27; 20 (s.v. terrassette). |