| TERGIVERSER, verbe intrans. Retarder le moment, éluder la difficulté d'aboutir à une décision, à une réponse, à un engagement précis. Synon. atermoyer, biaiser, hésiter, louvoyer.L'Allemagne, au lieu d'adhérer avec empressement aux propositions de sir Edward Grey, tergiverse, ergote, et semble faire tout ce qu'il faut pour torpiller la réunion d'arbitrage (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 358).Les hésitants tergiversent durant des mois. Et puis, excédés d'eux-mêmes, ils se décident enfin au hasard, et prennent d'ordinaire le parti le plus dangereux (Montherl., Lépreuses, 1939, p. 1395).Prononc. et Orth.: [tε
ʀ
ʒivε
ʀse], (il) tergiverse [-vε
ʀs]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. 1532 sens incertain « traverser, serpenter » (?) (Rabelais, Pantagruel, éd. V.-L. Saulnier, chap. IX bis, 342, p. 68: la fressure boudinalle tergiversa par les bourses des usuriers); 1618 « traverser » (?) (Bruscambille, Fantaisies, 3egalimatias, p. 182: ce qui a tergiversé l'orifice de ma caboce), attest. isolées; 2. 1539 « user de détours, de faux-fuyants » (Ordonnance sur la juridiction du grand conseil ds Isambert, Rec. gén. des anc. lois fr., t. 12, pp. 578-579: lesdits procureurs [...] ne font que chercher sujets et délais, et tergiverser); 1541 (Calvin, Institution de la relig. chrét., éd. J. D. Benoît, II, VII, 9, t. 2, p. 125: tergiverser contre le jugement de Dieu); 3. 1866 « hésiter » (Amiel, Journal, p. 190). Empr. au lat.tergiversari « tourner le dos; user de détours, d'échappatoires » (tergum « dos », vertere « tourner »; cf. l'expr. terga vertere « tourner le dos, fuir »). Fréq. abs. littér.: 45. |