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TEMPÉRÉ, -ÉE, part. passé et adj.
I. − Part. passé de tempérer*.
II. − Adjectif
A. − Vieilli, littér.
1. [En parlant d'une pers.] Qui se tient dans une juste mesure; qui est modéré. Anton. excité, excessif, extrême.Saint-Évremond est l'homme du monde et l'homme sage, bienséant, tempéré d'humeur, sans tourment, sans lutte, calculant les inconvénients et les avantages (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 317).
Empl. subst. masc. Ce modéré et ce tempéré par excellence, prendre parti, avec une si grande et étonnante vigueur, dans les dissensions de son temps (Valéry, Variété IV, 1938, p. 27).
[P. méton.] Esprit, caractère, sentiment tempéré; élan tempéré; colère, joie tempérée. En Allemagne, les bêtes mêmes ont du caractère tempéré de leurs raisonnables maîtres (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 462).
2. [En parlant d'une qualité, d'une pratique] Dont les excès sont modérés, contenus. La religion n'exige point de sacrifice plus qu'humain. Ses sentimens vrais, ses vertus tempérées sont bien au-dessus des sentimens exaltés et des vertus forcées d'un prétendu héroïsme (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 243).
POL. Monarchie tempérée. Monarchie dont les pouvoirs sont limités par une constitution. Qui dit monarchie tempérée ou limitée, dit une monarchie où un seul n'a pas tous les pouvoirs, où il y en a d'autres que le sien, c'est-à-dire une monarchie qui n'est pas une monarchie. Il faut donc écarter cette dernière expression qui implique contradiction (Destutt de Tr., Comment. sur Espr. des lois, 1807, p. 64).
LITT. Genre, style tempéré. Genre intermédiaire qui se situe entre le simple et le sublime, sans emphase. Le style tempéré seul est classique. Il en est des expressions littéraires comme des couleurs: il faut souvent que le temps les ait amorties, pour qu'elles plaisent universellement (Joubert, Pensées, t. 2, 1824, p. 70).
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Ils apprirent le secret de tous ses genres. Comment on obtient le majestueux, le tempéré, le naïf, les tournures qui sont nobles, les mots qui sont bas (Flaub., Bouvard, t. 2, 1880, p. 15).
B. − CLIMATOL. Où la température reste contenue dans des limites qui ne sont pas extrêmes; qui se caractérise par sa modération climatique et par une amplitude thermique moyenne. Climat tempéré. Une terre bénie, d'un charme exquis, où tous les climats se retrouvaient, les plaines ardentes, les flancs tempérés des montagnes, les neiges éternelles des hauts sommets (Zola, Argent, 1891, p. 78).
Pays tempéré; latitude, région, terre, zone tempérée. Qui se situe dans les deux hémisphères entre la zone glaciale et la zone torride. Les alternatives de veilles et de sommeil, qui remplissent les intervalles de sa vie, semblent réglées sur les longueurs des nuits des zones tempérées et de l'équateur (Bern. de St-P.Harm. nat., 1814, p. 374).C'était le blé, le maïs, la laine, produits de contrées tempérées; le coton, produit subtropical (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum., 1921, p. 255).
C. − MUS. Qui a subi l'opération du tempérament; dont les tons et demi-tons sont parfaitement égaux. Gamme tempérée. L'élaboration de l'art musical a consisté à établir des abscisses et des ordonnées permettant de « standardiser » (si j'ose dire) les productions (le terme dernier est la gamme tempérée) dans l'ordre numérique (du temps et du nombre de vibrations) (Bremond, Poés. pure, 1926, p. 102).
Clavecin bien tempéré. Suite de préludes et de fugues écrits par J.-S. Bach selon le procédé du tempérament. J'écris ma vie sur ma machine à écrire avec beaucoup d'application comme Jean-Sébastien Bach composait son Clavecin bien tempéré, fugues et contrepoint (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 183).
REM.
Tempérément, adv.,hapax. D'une manière tempérée. Une fontaine coule au pied des roches (...) une bouteille de reginglard trempe, se glace tempérément (Arnoux, Calendr. Fl., 1946, p. 174).
Prononc. et Orth.: [tɑ ̃peʀe]. Ac. 1694, 1718: temperé; dep. 1740: tempéré. Fréq. abs. littér.: 427. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 941, b) 460; xxes.: a) 417, b) 514. Bbg. Quem. DDL t. 31.