| TAUDIS, subst. masc. A. − Habitation misérable, souvent exiguë, dépourvue de confort et d'hygiène. Habiter, occuper un taudis; loger, vivre dans un taudis; un taudis humide, infâme, infect, insalubre, malsain, misérable; un affreux taudis; lutte contre les taudis. Un siècle ou deux de misère avaient abouti à ce cloaque de logements à bon marché, d'où les expulsions étaient quand même fréquentes, si bas que fussent les loyers de certains taudis (Zola, Travail, t. 1, 1901, p. 61).Sur les murs des taudis, plus sombres encore et plus humides que ceux de Lisbonne, et grouillants d'enfants nus, on avait apposé des écriteaux: « Insalubre. Défense d'habiter ici » (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 90). − P. antiphr. [Sans valeur dépréc.] Je guigne un petit taudis délicieux (...). Pas plus de deux étages, mais un bijou, avec une cour et un jardin (Miomandre, Écrit sur eau, 1908, p. 84). B. − P. anal., fam. Pièce, chambre sale et en désordre. Sa chambre était un de ces taudis humides et obscurs dans lesquels le soleil n'ose pas aventurer un rayon (Murger, Scènes vie jeun., 1851, p. 32).De mauvais domestiques: ils ne balayaient rien; la chambre était un taudis. Plutôt que d'y mettre l'ordre et la propreté, ils se croisaient les bras (Rolland, J.-Chr., Foire, 1908, p. 722). ♦ En compos. Le paysan (...) n'aime que ce qui est laid, préférant la chambre-taudis, la maison de paysan (Goncourt, Journal, 1858, p. 537). − P. méton., fam. Désordre, bazar, pagaille. Quel taudis! Je lui ai fait sa vaisselle, mis en ordre le taudis habituel de sa cuisine (Léautaud, Journal littér., 4, 1924, p. 367). REM. Taudion, subst. masc.,synon. vieilli. de taudis.Il l'appela et la fit monter dans sa chambre, un taudion formé de lattis et de plâtre (Huysmans, Marthe, 1876, p. 94).N'entrez pas dans mon taudion, un chat n'y retrouverait pas ses petits (Virmaître, Dict. arg. fin-de-s., 1894, p. 284).P. métaph. Je ferai de l'ordre dans le taudion de mes pensées (Bloy, Désesp., 1886, p. 80). Prononc. et Orth.: [todi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. [Av. 1317 « abri en pierres de taille » (Joinville d'apr. Dochez), attest. sans doute erronée] ca 1460 « id. » (Myst. du Siège d'Orléans, éd. V. L. Hamblin, 18746); 2. 1611 « petit logement misérable » (Cotgr.). Dér. de tauder (se) « (s')abriter », v. tauder étymol.; suff. -is*. Fréq. abs. littér.: 193. |